Chapitre 33. Trop rapide.

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Iris


Pourquoi suis-je ici ? Je ne me sens pas à ma place et ne cesse de me faire juger par le regard des loups. Certains me font comprendre que je suis une étrangère et d'autres me fixent si intensément que je suis mal à l'aise. Ma tenue ne m'aide pas à me détendre et j'ai l'impression que ma cage thoracique est comprimée en permanence.

Je n'ai même pas faim, j'ai juste envie de fuir. Je n'ai jamais aimé être au milieu de la foule et c'est trop pour moi.

Je prétexte une envie pressante pour quitter les genoux de Kalahan, puis m'éloigne du banquet en faisant un petit signe à Marie. Elle ne tarde pas à quitter sa place pour me suivre en attrapant ma main. Très vite, on est assez loin de la fête pour que je puisse respirer un peu mieux.

— Iris, qu'est-ce qui ne va pas ? demande doucement ma meilleure amie.

Elle me connaît mieux que personne et ces derniers temps, on s'est trop peu vu et elle me manque énormément. Je m'assieds sur une souche alors qu'elle m'observe, sourcils froncés.

— Je... tout ça, ce banquet, ces titres, cette tenue, ce n'est pas moi. Tout va trop vite, Marie.

Je ponctue ma phrase en mordant ma lèvre inférieure pour tenter de retenir quelques larmes. Ma meilleure amie s'approche afin de me prendre dans ses bras, puis embrasse ma tempe avec tendresse.

— Ça fait beaucoup, n'est-ce pas ?

Trop. Avant je me contentais d'être simplement la Lame, de continuer ma vie et de me dire que je ne passerais jamais ma trentième année. Là, j'apprends tellement de choses en si peu de temps que j'ai la sensation que je vais imploser.

— Oui, murmuré-je. Je n'ai rien demandé de tout cela et maintenant, je dois prouver je ne sais quoi à un peuple que je ne connais même pas.

— Et il y a cette relation avec Kalahan.

Je hoche la tête alors qu'elle s'installe à ma gauche en soufflant.

— Je ne contrôle rien, et ça m'effraie.

— Jamais je ne t'ai vue ainsi, tu tues des tas de bestioles sans jamais flancher et voilà que tu tombes amoureuse puis pouf ! Tu deviens une vraie petite fille perdue.

Elle se moque de moi ? En plus, elle mime une pluie de confettis. Je ne suis pas amour... va chier. Peut-être bien. Enfin, j'en sais rien, je ne l'ai jamais été.

— C'est surtout cette histoire de titres, je ne veux pas de tout ça.

— Tu ne nies pas que tu es amoureuse du loup, rit-elle en enfonçant son index dans ma joue. Je sais que tu ne le veux pas, mais quand on est la fille du roi des vampires, y échapper est compliqué.

Je ne sais pas si elle m'aide ou si elle m'enfonce davantage. Peu importe, j'avais juste besoin d'en parler, de le dire à quelqu'un sans être jugée. Les louves me jalousent, les loups me jugent sans me connaître et je n'ai pas envie de me battre contre eux. Il y a des combats bien plus importants.

— C'est vrai.

— On devrait peut-être revenir au banquet avant qu'on nous envoie une armée de goules pour nous récupérer, ajoute Marie en levant les yeux au ciel.

— Dis, un jour, tu m'expliqueras comment tu as rencontré Valérian ?

— Oui, mais c'est une longue histoire et pas sûr que tu veuilles connaître tous les détails.

Effectivement, je ne veux pas que tu me racontes vos parties de jambes en l'air. Je fais une petite grimace tandis qu'elle se marre avant de quitter sa place. Elle a raison sur un point, il ne faut pas qu'on reste trop longtemps loin du banquet. Même si, j'avoue que partir me tente bien.

Les Héritiers du Sang : Le Roi et L'épée. T1Where stories live. Discover now