Chapitre 9. le Valhalla.

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Kalahan

L'épreuve de patience a commencé. Ce soir, Emilius présente son jouet à la parodie de sorcier qui valide les invitations de Dimitri. Comme toujours, la fille est blonde, angélique et totalement lobotomisée. Dire que je dépends entièrement de lui pour le transport. Si je veux fuir, je dois lui demander la permission ou retrouver le bar à loups. Autant dire que je désespère déjà.

L'Originel nous téléporte directement à l'entrée du Valhalla et que dire... Fenrir voit ce club, il le brûle. La façade est munie d'un décor qui n'est crédible que pour un fan de jeux vidéos, les sorteurs sont tellement à leur place que je les dépasse d'une tête et la clochette qui pendouille à côté de la porte est ridicule.

On pénètre le bar de tous les dangers tandis que je prends sur moi au maximum pour ne pas exploser de rire en voyant les hachettes en plastique. Cet endroit est un cirque.

— Kalahan, un peu de sérieux.

— Tu crois qu'elles couinent ?

— J'en suis certain, rit mon petit frère.

Lili et moi avons une excellente dynamique. Quand il est avec son loup favori, il laisse tomber le masque et on devient de vrais gamins. J'adore cette complicité qui nous unit, même si la poule à son bras me rappelle qu'il est malade.

Nous prenons place à une table tandis qu'il veille à hydrater sa plante humaine. Les pupilles de la jeune femme sont totalement dilatées, elle se contente de roucouler bêtement à chaque caresse. Je lui envie un peu ce don. Il le tire de ses morsures, un poison capable d'envoûter et réduire en esclavage n'importe qui.

— Je sais que tu détestes ce genre de démonstration, mais vois le bon côté. Si tu trouves une jolie fille, je lui baise la main pour toi.

Le fumier. Je m'apprête à lui rétorquer quelque chose mais la présence familière de la chasseuse me coupe dans mon élan. Qu'est-ce qu'elle fait ici ? D'après son code vestimentaire, elle est le jouet d'une de ces maudites sangsues. Je serre les dents mais remarque qu'elle est seule.

— Je vais peut-être reconsidérer ton offre, Lili, murmuré-je en me levant.

— La brunette ? Je te liquide sa goule si elle te tente.

Il est vraiment d'humeur généreuse ce soir.

Se faufiler à travers la foule enivrée est un défi de chaque instant pour un homme de ma taille. J'y parviens malgré un tas d'obstacles imprévus et me retrouve dans le dos de la chasseuse. Son parfum envoûtant excite mes sens sans qu'elle ait fait le moindre geste, j'en oublierais presque la bienséance.

Je m'approche davantage, me collant contre elle avant de poser mes mains sur le zinc, de chaque côté d'elle. Elle semble si frêle maintenant que j'en suis proche. J'aime la manière dont sa chevelure chocolat retombe négligemment sur ses épaules tatouées.

— Bonsoir, vous ici ? murmuré-je.

— Bonsoir, dit-elle en levant la tête pour me regarder. Je peux savoir ce que vous faites ?

— J'ai eu le plaisir de vous croiser à la soirée des catacombes. Je me suis dit que venir vous parler était une excellente idée.

Sans doute parce que l'animal en moi bondit à chaque fois que je te regarde. Elle n'a rien à faire avec une sangsue. Je la veux pour moi et n'ai pas pour habitude de partager.

Sa robe est séduisante, blanche, comme l'exige le Seigneur, légèrement échancrée sur le côté et tentatrice. J'ai envie d'y glisser ma main pour la découvrir. Sa poitrine se soulève au rythme lent de sa respiration tandis que son regard défie le mien. Cette louve est tout sauf docile.

Les Héritiers du Sang : Le Roi et L'épée. T1Where stories live. Discover now