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Bologne lui avait manqué. Elle s'était vraiment plu à Monaco, Charlotte avait su rendre son séjour agréable. Plus que Charles, qu'elle avait tenté d'éviter. Il l'en aurait presque remercié après avoir encore imaginé l'embrasser. Il avait failli le faire, tenter de lui voler un baiser, juste le temps d'un instant, en espérant que cela lui sorte cette idée de la tête. Pourtant, elle avait fait de son mieux pour ne pas lui parler. Ils se recroiseraient sûrement. Dans d'autres contextes. Elle ne pouvait pas oublier le discours de Lorenzo lors de ce soir au bar. Il avait eu ce même effet sur elle que lors de sa rencontre avec Charles, ce sentiment désagréable de se sentir idiote de se retrouver là. Peut-être qu'elle n'avait pas sa place. Et cela l'avait vraiment refroidi. Elle se sentait bête, encore une fois, aux côtés de Charles. Alors, ce retour en Italie lui avait fait le plus grand bien. Elle profitait de ses vacances bien méritées après s'être épuisée à faire le tour de l'Europe avec son écurie. Elle réalisait tous ses rêves, ceux de voyages, de travail, d'amitiés, mais elle était fatiguée. En marchant dans les rues de la ville rose, sa valise à la main, elle s'apercevait que ce manque avait été plus grand que ce qu'elle imaginait. Le bruit des roues sur les pavés avait fait sortir la tête curieuse de sa voisine. Raphaëlle avait vu le visage de cette petite grand-mère s'illuminer quand elles avaient croisé leurs regards. Depuis sa fenêtre, elle lui avait crié qu'elle l'avait vu à la télévision, et qu'elle lui avait manqué car elle n'avait personne avec qui partager son thé. Ce quotidien dans son petit appartement allait lui faire du bien. C'était en croisant le regard de son beau voisin qu'elle s'était rappelé ce qu'elle appréciait ici. Francesco faisait partie de ses plaisirs du quotidien, de sa routine qui s'étaient installés au fur et à mesure qu'elle construisait sa vie ici. En montant les escaliers, il avait fait le chemin de son appartement au rez-de-chaussée pour lui proposer son aide, elle avait eu envie de refuser, de lui dire qu'elle s'en passerait. Pourtant, il avait pris sa valise, un sourire chaleureux qui lui souhaitait bon retour, et il lui avait dit que cela lui avait manqué qu'on l'applaudisse quand il jouait du piano. Elle avait ri. Jurant que ses joues avaient chauffé en voyant les beaux yeux bruns de l'italien rencontrés les siens. 

"— Marcella m'a dit que tu travaillais à l'étranger maintenant." Elle ne savait pas quoi dire, qu'elle espérait le revoir depuis qu'elle était rentrée ? "Enfin... Je l'avais un peu compris quand je ne te croisais plus dans les escaliers. Ni toi, ni tes amis. C'est beaucoup plus silencieux maintenant."

"— J'ai trouvé un travail plutôt sympa qui me fait voyager. J'espère que tu ne l'as pas pris personnellement, je ne pensais pas te manquer." Peut-être qu'elle le draguait, elle aurait rêvé que cela fonctionne. Cela faisait des mois qu'il lui plaisait, depuis son arrivée à Bologne, et elle n'avait plus personne pour l'en empêcher. 

"— Tu m'as beaucoup manqué. Mais quand j'ai cherché à te revoir, je t'ai vu avec un homme. Je n'ai pas voulu de déranger. Je crois que c'était il y a quelques mois déjà."

"— Tu aurais dû, il n'est plus là aujourd'hui." Le regard de son voisin avait changé quand il l'avait entendu, ils étaient devant sa porte. Elle s'était mordu la lèvre, puis avait dit. "Tu veux rentrer boire un verre ?"

"— Tu as des choses chez toi ? On peut descendre à mon appartement et je peux te cuisiner quelque chose. Si tu as envie bien sûr, si tu es fatiguée, je comprendrai."

C'était avec plaisir qu'elle l'avait suivi. Loin d'elle étaient les souvenirs de cette après-midi passée chez Charles, ou ces nombreux repas avec Lance. Elle se sentait enfin elle-même. Surtout à faire rire Francesco ainsi. Son tablier était attaché à sa taille, ses mains étaient couvertes de farine, et en retroussant ses manches, tout ça laissait Raphaëlle imaginer tout ce qu'elle voulait de lui. Elle adorait ce qu'elle voyait. Elle ne pouvait pas s'en empêcher. L'Italien l'avait remarqué. Sentir les yeux brûlants de la Française se balader sur sa peau caramel. Se tourner pour la voir sourire. Profiter de ce moment qu'il aurait aimé vivre depuis des mois déjà. L'idée que Raphaëlle avait un petit-ami lui avait traversé l'esprit. Elle l'avait vu avec des hommes, d'abord le Canadien et parfois les pilotes de l'écurie Italienne. Jamais il n'aurait imaginé qu'elle aussi, rêvait de l'embrasser. Puis il l'avait compris quand elle s'était approchée. Elle avait goûté la sauce qu'il faisait. Il ne pouvait pas s'empêcher de sourire. Il regardait ses lèvres. Comme un parallèle de la semaine précédente, quand Charles avait voulu l'embrasser. Elle n'aurait jamais vu la comparaison, ou elle aurait choisi de fermer les yeux. Puis, il avait pris son visage. D'un échange complice, cette petite étincelle dans leurs regards, puis Francisco l'avait embrasée. Elle l'avait attendu pendant des mois, elle avait imaginé ce baiser volé depuis qu'elle l'avait croisé cette première fois dans l'escalier en bois de leur immeuble. Pendant son emménagement. À la seconde où ce beau brun lui avait souri, elle avait su ce qu'elle voulait. Et il le réalisait parfaitement. Plusieurs baisers volés. Cette chaleur grandissante. Il avait commencé par l'embrasser dans le cou, laissant un frisson parcourir sa peau. Avec ses mains pleines de farine, il l'avait porté pour l'asseoir sur le comptoir de la cuisine. Mettant en pause sa préparation, le repas attendrait. Elle n'avait pas connu cette sensation depuis longtemps. De se sentir désirer sur un coup de tête, et surtout où elle menait son partenaire. Il faisait tout pour son plaisir. Et cela fonctionnait. Si bien qu'elle avait fini par lui demander de changer d'endroit. C'était comme ça qu'ils s'étaient retrouvés dans le lit de l'Italien, et à y passer l'après-midi. Même après quelques heures à discuter, ils étaient encore presque nus. Elle était en sous-vêtement, et lui avec son short et une cigarette à la bouche. Elle ne se souvenait pas que Bologne était aussi chaud. Mais en voyant le dos musclé de son voisin, elle se disait que la chaleur italienne lui faisait du bien. Elle aurait aimé passer la soirée là, à finir la pizza qu'ils avaient commencée puis peut-être apprendre à se connaître autour d'un verre. Mais son meilleur ami l'en avait empêchée.

"— Emiliano, dis-moi qu'il y a une bonne raison pour que tu m'appelles, sinon je raccroche." Elle entendait d'autres voix derrière lui, comme si elle s'était retrouvée dans sa poche, mais elle avait vite reconnu la voix du pilote espagnol.

"— Tu viens ? On est au bar là, avec ton amie." Elle l'entendait à peine. "Emiliano ! Viens lui répondre, elle ne comprend rien." 

"— Viens Raphaëlle, on est en bas de chez toi. Tu es où ? J'ai essayé de venir mais tu ne m'as pas répondu." Elle enfilait son pantalon, le regard surpris de son voisin sur elle. Il devait être déçu de la voir partir. 

"— Je peux emmener Francesco avec moi ?"

"— Pourquoi tu ramènerais Francesco ? Attends... Raphaëlle, tu es avec Francesco ? Le Francesco dont tu me parles depuis que t'es arrivé ici ?" Et à la vu du sourire du beau brun dans le lit en face d'elle, elle venait de comprendre qu'il avait tout entendu. "Tu me dis ce qu'il fait avec toi ?"

"— Je t'explique plus tard. C'est oui ou non ?" Elle lui en voulait, elle devait être écarlate, à attendre au milieu de la chambre de son voisin, encore à moitié nu. Son meilleur ami n'arrangeait rien, puis la voix des pilotes dans le fond l'avait encore plus découragée. "Ne dis rien aux autres sur ce que tu penses avoir compris. Tu gardes ça pour toi. Et non, pas un mot à Manon."

"— Les gars, Raphaëlle ramène quelqu'un." Une pause, un bruit un peu plus fort, la voix de Charles qui dit quelque chose d'incompréhensible puis Emiliano qui rajoute : "A tout de suite ! J'espère que vous vous êtes protégés." 

Puis il avait raccroché. Laissant un lourd silence dans cette chambre, heureusement, le rire de l'Italien l'avait sorti de cette gêne. Le barbu avait attrapé ses vêtements qui traînaient sur le sol. Acceptant son sort, et surtout suivant la jolie brune vers ses amis. C'est ce qu'il imaginait en tout cas. Ce qui n'avait pas été vraiment la vérité une fois qu'ils étaient arrivés au bar. Ils avaient d'abord descendu les escaliers un à un. Elle en avait appris un peu plus sur lui, des choses qui n'avaient rien à voir avec le piano qu'elle avait aperçu dans son salon. Il avait une grande sœur, sa mère les avait élevés seule, et il n'aimait pas spécialement son nouveau petit-ami. Elle le rencontrait enfin. Ils s'étaient croisés. Il lui plaisait. Mais l'amour avait frappé à sa porte, un coup brutal qui avait laissé sûrement plus de dégâts que ce qu'elle imaginait. Elle cherchait Lance dans ce qu'elle découvrait chez lui et ce n'était certainement pas une bonne chose. Ils avaient traversé la ville, comme elle l'avait fait auparavant avec le Canadien. Ils avaient brièvement discuté de ce qu'ils aimaient ici. Il venait de Venise. Il aimait la musique. Elle avait appris qu'il travaillait dans une boulangerie. Elle lui avait parlé de Grenoble, de sa famille. De son frère surtout. Puis elle avait parlé de son arriver ici. Comme à chaque fois, ce qu'elle aimait faire, et même où elle aimait aller. Il faisait encore beau, une fin d'après-midi d'été comme n'importe laquelle. À l'exception d'un attroupement sur la Piazza Maggiore. Elle avait directement compris la raison de ce rassemblement, et cela ne lui faisait pas plaisir. Francesco n'avait pas encore deviné, comment il pourrait le faire alors qu'elle l'avait l'impression que la moitié de Bologne se trouvait là. 

"— Qu'est-ce qu'il se passe ici ?" Francesco avait mis son bras autour d'elle pour l'empêcher de trop s'avancer, mais elle savait ce qu'elle cherchait. Et que c'était sûrement derrière cette foule. 

"— Manon ! Manon !" La fille aux cheveux rouges s'était retournée brusquement. "Qu'est-ce-qu'ils font ici ? Pourquoi ils sont venus ici ?" Elle avait haussé les épaules, ne sachant sûrement pas où donner de la tête. 

"— J'en sais rien ! On était en terrasse et un groupe d'adolescentes est venu et j'ai perdu Charles." Elle semblait paniquée. "Il a pris trois ou quatre photos, puis il a disparu.. J'ai essayé de l'appeler mais il ne répond pas."

"— De qui on parle ?" 

"— Un ami. Je vais essayer de le chercher. Ok ?" Il avait eu à peine le temps d'hocher la tête. "Viens avec moi." 

"— C'est Carlos Sainz ? C'est pour ça qu'il y a autant de monde ?" 

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⏰ Last updated: May 18 ⏰

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RED CARS | charles leclercWhere stories live. Discover now