Raphaëlle Pereira voulait une voiture, une voiture rouge. Son frère lui avait toujours répété qu'elles allaient plus vite, qu'elles pouvaient dépasser toutes les autres voitures, qu'elles pouvaient même peut-être voler. Elle n'était encore qu'une e...
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Cela faisait seulement une trentaine de minutes qu'ils étaient arrivés dans le centre de Bologne, mais aucun d'eux ne savait où ils voulaient aller. La ville était assez calme, il y avait peu de commerce d'ouverts, cela leur laissait très peu de choix pour s'occuper en cette soirée d'hiver. Le temps était frais, ils espéraient tous se retrouver dans un endroit chaud. Ils voulaient trouver un bar, ou même un restaurant qui pourrait les accueillir. Le thermomètre ne devait pas dépasser les trois degrés, Charles, comme les trois autres, était emmitouflé sous plusieurs couches de vêtements. Par-dessus son pull en laine, il avait une épaisse doudoune noire qui camouflait son corps et une partie de son visage. Il avait enfoncé son bonnet sur ses oreilles. Personne ne pourrait le reconnaître ainsi, mais Carlos s'était fait remarquer par quelques personnes à cause de son bonnet Ferrari rouge. Manon était heureuse de ne pas avoir à gérer le nouveau pilote dans ces moments-là, car il était le premier à accepter dès qu'il avait du temps. L'espagnol renvoyait une très bonne image chez les Tifosi, il avait eu une très bonne médiatisation, son sourire avait facilement charmé le public. Le Monégasque, lui, n'en avait plus envie depuis longtemps, et il se remerciait d'avoir camouflé son visage ce soir. Les journalistes comme les supporters de leur écurie lui apportaient une certaine appréhension. La vision que les autres avaient de lui était plus importante que jamais. Il cherchait souvent son nom sur internet, il se demandait en permanence s'il avait une bonne image, s'il était une bonne personne, s'il valait la peine. Ce qui ne semblait pas être le cas de Carlos qui se faisait un plaisir de satisfaire ses nouveaux supporters. Quand le groupe de jeunes Italiens s'était éloigné du pilote espagnol, la question était revenue : où allaient-ils passer la soirée ? Carlos espérait retourner au bar de la fameuse serveuse alors que les autres souhaitaient découvrir de nouvelles choses. Surtout le nouvel employé qui ne connaissait pas la ville rouge. Charles aimait aller à un restaurant assez chic plus au nord de la ville, mais Manon ne voulait pas se prendre la tête et préférait trouver un endroit plus calme. C'était Josué qui avait tranché, il avait opté pour un restaurant auquel une terrasse donnait sur la Piazza Maggiore. Il n'avait pas encore eu l'occasion de visiter la ville, mais il aimait bien cet endroit. Carlos aussi, car la terrasse en face de la leur était celle du bar où travaillait cette fameuse serveuse, ce qu'il se tenait de garder pour lui.
Elle était là, juste en face d'eux. Elle nettoyait les tables utilisées par les derniers clients de la soirée. Raphaëlle avait eu une longue journée de travail. Elle avait enchaîné les visites touristiques toute la matinée, ses collègues ne l'avaient pas laissé mener une vie facile, au contraire. Comme elle était la plus jeune, elle se retrouvait très souvent avec les clients gênants ou parfois insistants. Elle aimait ce travail donc se forçait à accepter, mais son mal de tête lui montrait qu'elle avait trop travaillé. Emiliano devait la rejoindre à n'importe quel moment, mais il ne montrait toujours pas le bout de son nez. Giulia ne travaillait pas ce soir, ni même depuis la fin de semaine. Raphaëlle avait une vie plus calme depuis quelque temps, ce n'était pas plus mal selon elle. La Française travaillait durement pour s'offrir des vacances au printemps, elle souhaitait retourner dans sa ville natale puis elle voulait voyager. Elle voulait visiter l'Angleterre, et pourquoi pas ses nations voisines. Le problème était de savoir ce qu'elle allait y faire, elle ne se faisait pas de soucis pour ça, mais n'allait-elle pas se sentir seule ? Depuis qu'elle était arrivée en Italie, elle était rarement seule, alors se retrouver pendant plusieurs semaines dans un pays inconnu allait peut-être lui rappeler des mauvais souvenirs, surtout ceux de son aménagement à Bologne. Parfois, elle se demandait ce qu'aurait été sa vie dans un autre pays que l'Italie, puis elle se rappelait qu'elle n'aurait pas rencontré ses deux amis et elle se disait qu'elle avait fait le meilleur choix. Elle avait eu besoin de trouver de nouvelles personnes, et c'est ce qui lui avait fait du bien. La fatigue se faisait ressentir, penser au futur ne la rassurait pas. Raphaëlle était aventureuse, de temps en temps intrépide, mais elle avait trouvé un confort à Bologne qu'elle ne pensait pas pouvoir trouver ailleurs pour le moment. La musique qui résonnait dans les enceintes à l'intérieur du bar la maintenait réveillée. Elle chantonnait les paroles italiennes, frottant les tables puis allant les empiler pour dégager la place. Leur bar fermait plus tôt que les autres aujourd'hui à cause du manque de personnel. Son patron lui avait d'ailleurs demandé pour la première fois de venir travailler ici à plein temps. Elle avait hésité, et ne savait toujours pas quoi lui répondre.
