Raphaëlle Pereira voulait une voiture, une voiture rouge. Son frère lui avait toujours répété qu'elles allaient plus vite, qu'elles pouvaient dépasser toutes les autres voitures, qu'elles pouvaient même peut-être voler. Elle n'était encore qu'une e...
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Comme tous les jours depuis plus de six mois, Raphaëlle passe devant le magasin Ferrari de Bologne.
Raphaëlle travaillait pour l'agence de Tourisme de la ville, et tous les matins, elle se rendait à son travail à pied. C'était son petit plaisir matinal. Elle n'avait jamais voulu utiliser sa voiture à nouveau depuis son arrivée ici. Avant son départ pour Bologne, sa petite voiture rouge et elle avait subi un accident. Alors qu'elle rentrait de soirée, un chauffeur alcoolisé leur était rentré dedans sur la quatre voies, il allait à pleine vitesse et n'avait visiblement pas réussi à contrôler sa voiture. Les deux conducteurs s'en étaient sortis, lui de justesse tandis que Raphaëlle avait pu l'éviter. Elle et sa voiture rouge avaient fini dans le fossé, laissant sa première auto en carcasse, envahie de fumée. Raphaëlle n'était pas bête, elle avait largement compris, en voyant sa voiture en cet état, qu'elle ne pourrait pas la récupérer. Pas après avoir fini dans un arbre.
Heureusement pour elle, cet accident était à la fin de ses études. Le soir même où elle fêtait l'obtention de son diplôme en communication et relations humaines. Ce diplôme n'avait pas été très efficace, le soir de l'accident, elle avait été retrouvée par les policiers en train de hurler sur ce pauvre conducteur ivre qui ne comprenait pas un mot de ce que la jeune Française lui criait à plein poumon. D'autres voitures s'étaient arrêtées pour vite signaler le conflit, et les policiers avaient même fini par se demander qui était le responsable de l'accident. La réponse avait été vite donnée quand l'homme avait soufflé dans l'éthylotest, affichant un joli 0,8 qui montrait clairement qu'il avait trop bu.
Cet incident n'avait pas arrêté Raphaëlle dans sa fascination pour l'automobile, et plus particulièrement des voitures rouges. Au contraire, elle voulait que sa prochaine voiture soit spéciale, qu'elle soit différente, et qu'elle soit celle dont elle avait toujours rêvé. Mais cela ne semblait pas gagné au vu de ses revenus qui n'avaient jamais été aussi bas. Raphaëlle n'était pas particulièrement riche, ses parents lui avaient payé ses études en France, elle ne croulait pas sous les dettes, mais avait des difficultés à se trouver un travail depuis la fin de ses études. Après un an, peut-être deux, à essayer désespérément de s'insérer professionnellement dans sa filière, elle avait abandonné pour se tourner vers un pays qui la faisait rêver depuis longtemps.
Aujourd'hui, elle était restée plus longtemps devant la vitrine du magasin Ferrari.
Arrivée en Italie, elle était passée par plusieurs emplois : caissière dans un supermarché, ce qui s'était avéré être plus difficile que prévu lorsqu'elle s'était rendu compte qu'elle ne savait pas encore compter en italien, ensuite, elle avait essayé de promener des chiens et de garder des enfants, ce qui ne payait pas si bien, lorsqu'elle avait mieux maîtrisé la langue, elle s'était essayée à quelques tentatives en tant que serveuse, ce qui avait semblé concluant. Depuis seulement quelques mois, elle avait trouvé un petit boulot à l'office du tourisme. Raphaëlle était française et avait appris l'anglais et l'espagnol à l'école, son niveau d'espagnol n'était pas super, mais elle s'en sortait assez pour discuter avec les voyageurs curieux de découvrir Bologne. Le soir, elle servait des cocktails dans un bar un peu plus réputé à l'extérieur du centre-ville. L'Italie lui plaisait, et elle arrivait à y vivre désormais. Il y a six mois, elle avait déménagé de sa collocation pour se trouver un petit studio : son premier appartement à elle depuis le début de ses études. Elle aimait sa vie, même si elle espérait toujours autant vivre avec le diplôme qu'elle avait en poche.
Son petit studio était dans une rue passante, beaucoup de boutiques s'y trouvaient. Souvent de luxe, et encore plus souvent hors de prix par rapport à son budget. Un magasin attirait son attention à chaque fois qu'elle passait devant : le magasin Ferrari. Encore aujourd'hui, elle passait devant en regardant les jolis modèles exposés comme des œuvres d'art. Le sol de la boutique était blanc, il reflétait toutes les lumières du magasin, créant une ambiance luxueuse pour un simple magasin de voiture. La devanture quant à elle était noire, sombre, avec l'iconique écusson et le cheval à l'intérieur. En argenté, on y voyait écrit "Ferrari", petit mot qui avait toujours provoqué le sourire de Raphaëlle. Pour la première fois depuis qu'elle habitait ici, elle avait décidé d'y entrer. Elle avait été complètement attirée par un modèle en particulier, qu'elle n'avait jamais vu auparavant. La voiture était rouge, ses courbes étaient fines, deux lignes semblaient caresser la carrosserie, une blanche et une noire. Comme un papillon attiré par la lumière, Raphaëlle s'était timidement approchée. Mimant simplement un "Bonjour" de ses lèvres au vendeur qui l'observait. Ses yeux brillaient d'envie d'un jour de conduire un aussi beau modèle. Elle n'osait même pas imaginer le prix. Tout paraissait vide autour d'elle, tellement vide. Comme si tout avait disparu pour laisser de la place à la voiture qu'elle avait devant les yeux. Ses doigts glissaient sur la peinture rouge de l'automobile, se mouvant lentement, mais assurément jusqu'à la poignée. Elle l'avait ouverte, s'imaginant aisément le faire au bord d'une plage, peut-être même à la montagne, où chez ses parents, en France. La portière s'était ouverte et elle s'était assise. Son corps semblait apaisé. L'odeur du cuir enivrait l'habitacle d'une douce odeur, enveloppant Raphaëlle dans quelque chose de rassurant. Ses deux mains s'étaient posées sur le volant. Elle vivait déjà la scène dans laquelle elle pourrait se permettre de conduire une telle voiture. Ses doigts s'agrippaient au volant, puis elle s'était regardée dans le rétroviseur du côté droit. C'est là qu'elle avait vu la portière du côté passager s'ouvrir, quelqu'un venait de s'asseoir à côté d'elle. Ses yeux verres l'observaient déjà quand elle avait posé les siens sur l'homme qui était tout juste installé. Il paraissait froid, mais un très visible petit sourire s'était posé sur ses lèvres.
" - Je ne suis pas sûr que vous pouvez vous payez cette merveille. Alors s'il vous plaît, laissez-moi essayer cette voiture en paix. " avait-il prononcé en se tournant vers Raphaëlle qui sortait de ce rêve éveillé. Celui-ci avait seulement duré quelques pauvres petites minutes, trop peu pour la Française. "Allez... " Les yeux de l'homme s'étaient posés sur le badge que Raphaëlle portait autour de son cou, il y avait son nom, et très visiblement la mention de Guide Touristique de la ville de Bologne. "Allez Raphaëlle, sortez de là. Vous ne pouvez pas vous l'offrir, alors laisser les grands s'en occuper."
Raphaëlle était choquée des propos de cet homme, elle ne le connaissait pas. Elle avait sûrement dû faire une sacrée tête à cause de la violence de ses propos. De quoi se mêlait-il ? Qui était-il pour se permettre de lui parler comme ça ? Puis qu'avait-elle fait pour mériter qu'on se moque d'elle ainsi ? Elle n'avait rien dit, toujours trop surprise pour aligner quelconques mots dans un italien correct afin de lui répondre. Non, elle avait préféré sortir de cette voiture. En reculant et tentant de s'excuser, son dos s'était heurté au vendeur qu'elle avait salué en entrant. Celui-ci l'avait directement pris par ses épaules pour la décaler et se pencher vers le supposé italien aux yeux verts moqueurs, avec le plus grand sourire qu'elle avait vu.
"- Monsieur Leclerc, c'est un plaisir de vous voir ici. J'espère que ce modèle vous plaît."
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Voilà une petite mise en bouche ! J'ai déjà bien avancé pour l'écriture, je m'attache déjà beaucoup aux personnages (même si pour l'instant, ils ne donnent pas vraiment envie qu'on s'attache à eux :')
