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Sa valise était prête. Elle partait pour Monaco pour la première fois de sa vie, seule. Emiliano ne pouvait pas rater le travail, cela n'intéressait définitivement pas Giulia et Raphaëlle avait décidément besoin de se lancer dans sa propre aventure, en autonomie. Lorsqu'elle avait annoncé ce que le Canadien lui avait dit, ses amis avaient été très heureux. Elle ferait un stage jusqu'au Grand Prix de Silverstone, au Royaume-Uni. Lance lui avait expliqué qu'arriver là, l'écurie Aston Martin serait capable de décider ou non si elle méritait d'avoir enfin un poste en tant que chargée de communication au sein de leur entreprise. Seulement cinq courses allaient changer le cours de sa vie. Si elle réussissait, elle utiliserait enfin le diplôme pour lequel elle avait tant travaillé. Elle n'osait pas imaginer ce qu'il se passerait si elle n'y arrivait pas, elle préférait imaginer que tout irait bien. Raphaëlle trouvait cette situation impressionnante, elle ne s'y connaissait pas, Lance lui avait dit qu'il prendrait le temps de tout lui expliquer le week-end qui arrivait. Le pilote lui avait même conseillé de se reposer plutôt que d'essayer de réviser, il aurait tout le temps de lui apprendre. Il avait tenté de l'éloigner de la découverte de son identité. Sa solution serait de faire ça à Monaco, il lui confierait sa véritable identité. Sa deuxième maison après Montréal était sûrement le lieu le plus sain pour lui avouer la vérité. Le pilote avait décidé de l'inviter sur son bateau ou peut-être d'aller sur balader avec elle. Ils seraient seuls, sûrement peu dérangés et il pourrait lui raconter. Il savait déjà ce qu'il voulait lui dire, il l'emmènerait ce soir dans un lieu calme. Il lui dirait qu'elle lui plaît, mais qu'il doit être honnête. Il ne risquait rien de lui dire la vérité, puis Raphaëlle ne serait pas loin de Bologne, si jamais les choses se passaient mal, si jamais elle voulait rentrer. Pour lui, offrir un stage à cette jeune femme qui l'intriguait tant était simplement une manière de se rapprocher d'elle. Les conséquences ne l'importaient pas, ce que son père penserait quand il découvrirait que son fils avait menti à cette nouvelle stagiaire. Sans même parler la vision qu'auraient les employés d'Aston Martin en voyant que la nouvelle s'amourachait du fils du patron. Toutes ces raisons qui auraient déjà mis en doute n'importe qui, Lance s'en fichait. Il voulait égoïstement rendre la Française heureuse. Il voulait se sentir être la raison de son bonheur. Il cherchait à retrouver ce sentiment si agréable qu'il avait eu en sentant le regard de la française sur lui. Ce sentiment d'importance. Aux yeux de Raphaëlle, il se sentait unique. Pour lui, son sourire était venu mettre du soleil dans son quotidien, alors la voir à ses côtés sur ce Grand Prix seraient pour lui synonyme de chance. 

Quand Raphaëlle avait dû avouer à Lance ne pas avoir l'argent pour prendre l'avion, et qu'elle préférait alors prendre le bus, elle s'était sentie sincèrement honteuse. Lance n'en avait pas réellement tenu rigueur, elle l'avait eu au téléphone plusieurs fois, ils avaient beaucoup parlé de ce week-end. Lors d'un de leurs appels, Lance avait dit à Raphaëlle qu'il lui avait pris un billet d'avion. Raphaëlle s'était doutée que Lance avait de l'argent, il ne serait pas dans le monde du motosport autrement. En revanche, elle ne s'attendait certainement pas à voyager en business pour un vol de si courte durée. Elle était quasiment la seule dans ce cas-là, seuls un homme d'affaires et une femme aux lunettes de soleil Channel étaient installés sur leurs sièges. La femme au blond décoloré était au téléphone, elle parlait en italien très soutenu. L'homme en costume lui avait demandé de se taire, qu'il essayait d'être tranquille. Raphaëlle s'était dit qu'ils n'avaient rien à voir avec eux, d'autant plus quand elle avait vu les familles, et les voyageurs solitaires s'installer où elle s'asseyait d'habitude, elle se sentait gênée. Imaginer Lance dépensée son argent pour elle n'était pas ce qu'elle imaginait quand elle l'avait fait venir chez elles quelques plus jours auparavant. Mais, le Canadien était visiblement déterminé, sûr de lui faisait sûrement partie de ses qualités. La Française avait rapidement compris que son bel ingénieur était certainement quelqu'un de sûr de lui, encore plus quand avant de se dire au revoir, il l'avait de nouveau embrassé sur le côté de sa joue. Elle voulait vite retrouver ce sentiment. Le sentiment de se sentir le centre de son monde avait été tellement bon, qu'elle voulait le retrouver. Malheureusement, cela attendrait. Son Canadien avait des réunions avec leur équipe pour le week-end qui approchait. Elle prendrait donc un taxi pour aller dans le centre de Monaco, il la retrouverait là-bas pour l'emmener où ils dormiraient. Raphaëlle s'attendait à un hôtel, peut-être même à Nice. Sa surprise avait été immense quand Lance lui avait écrit : 'Merde, je suis désolé, je suis encore en réunion, tu peux demander au concierge de te laisser entrer chez moi. Fais comme si c'était ton appartement <3'. L'homme qu'elle fréquentait avait un appartement à Monaco. Que faisait-il dans la vie ? N'était-il pas Canadien ? Peu importe, elle n'avait pas osé. Elle n'avait pas voulu s'imposer et avait dit à l'ingénieur qu'elle essayerait de se balader. Le paysage était couvert par les infrastructures, les stands, les barrières, les barricades, toute la principauté perdait son charme fou pour laisser place au sport le temps d'un week-end. C'est ce qu'elle avait ressenti en se baladant à travers la ville. Raphaëlle se rendait enfin compte de combien ce monde était important. Elle se demandait si les pilotes faisaient le même effet aux villes. Si Charles venait d'ici, il ne devait même pas pouvoir sortir de chez lui. Elle avait sorti son téléphone pour faire quelques photos, le soleil frappait les rues en ce vendredi de mai. Elles savaient que dans la journée auraient lieu les essais libres, elle avait donc eu peu de choix concernant sa balade, elle était restée hors du circuit. Lance avait fini par l'appeler. 

"— Raphaëlle ? Tout va bien ?" Elle l'entendait à l'autre bout de son téléphone, mais le bruit des touristes l'empêchait de comprendre tout ce qu'il lui disait. 

"— Oui, parfaitement. Je me balade.", elle venait d'expliquer en marchant au hasard dans les petites rues. "Tu sais quand je peux venir ? J'ai encore mon sac, cela pose un problème ?" Elle ne voulait certainement pas faire mauvaise impression. Elle s'était habillée très différemment de d'habitude, elle avait troqué les jeans larges et les hauts colorés pour quelque chose de plus professionnel. Elle ne voulait pas être ridicule. 

"— Je m'en occuperai. Ne t'en fais pas." Il regardait autour de lui. "Les essais libres commencent dans deux heures. Tu peux déjà venir, je pense." Il s'assurait que tout soit prêt dans son garage, il devait bientôt parler à des journalistes. 

"— J'arrive alors. Tu voudras bien venir me chercher ? J'ai peur de me perdre." elle venait de demander, peu sûre de s'il aurait le temps de faire ça. Il devait être très occupé.  

Le Canadien lui avait expliqué qu'il demanderait à quelqu'un de le faire, qu'il était désolé, mais qu'il ne pourrait pas s'occuper d'elle avant cette après-midi. Raphaëlle ne voulait certainement pas le déranger dans son travail, surtout pas pendant les essais libres. Il serait très certainement beaucoup solliciter, elle ne voulait rien risquer. Elle était revenue sur ses pas, retrouvant bien vite l'entrée du circuit, les bruits des fans ne trompaient pas. Il avait vu une jeune femme blonde, différente de celle de la soirée avec Ferrari, s'approcher d'elle. Le lieu était immense, encore plus impressionnant que celui d'Émilie-Romagne. Elle avait toujours su que les Monégasques étaient riches, elle les avait toujours trouvés trop sûr d'eux, un peu prétentieux : ici en était la preuve. La jeune blonde avait accompagné Raphaëlle, qui se retrouvait simplement à suivre cette femme. Aucune n'avait encore parlé, celle au vêtement vert s'était contentée de scanner le pass que Lance lui avait fourni pour accueillir la Française ici. Personne n'avait compris le pilote quand il avait demandé à ce que quelqu'un accueille son invité. Il avait largement le temps de le faire, son père n'était même pas encore dans les parages, tout le monde s'était dit qu'il allait en profiter. En voyant Raphaëlle, l'employé de l'écurie s'était douté que quelque chose se cachait. Elle avait retrouvé une femme bien différente de celles qu'il avait d'habitude à son bras. Elle travaillait avec le pilote depuis quelques années, et jamais, elle n'avait vu une femme aussi simple apparaître. Cette femme lui avait même souri, ce qui était une première concernant les conquêtes du brun. La Française était douce, et très patiente. Même quand la petite carte métallique qui servait de sésame d'entrée au paddock avait mis du temps à fonctionner. Physiquement, elle était l'opposé de ce qu'elle avait associé au style du Canadien. Elle n'était clairement pas aussi maigre que ces mannequins des réseaux sociaux qu'il fréquentait. Lui qui avait préféré les blondes se retrouvait avec une brune. Et, elle qui était persuadée que le pilote Canadien choisissait les femmes les plus charismatiques et terrifiantes pour impressionner son père. Raphaëlle ne risquait pas de lui faire grand-chose. Même si la jeune femme blonde en avait peur, ce n'était pas parce qu'elle ressemblait aux langues de vipères que Lance fréquentait, c'était simplement parce que c'était la petite-amie du pilote. Il fallait rester sur ses gardes, elle venait peut-être d'un monde fermé et fortuné comme le petit protégé de l'écurie. L'employée d'Aston Martin avait beaucoup de préjugés, surtout en voyant une femme qui s'y connaissait si peu entrer à Monaco comme si elle y retrouvait un ami de longue date. Pourtant, comme pour tous les autres que la serveuse avait rencontrés jusque-là, dès que Raphaëlle avait souri, la jeune blonde s'était sentie rassurée. L'employée d'Aston Martin était persuadée qu'elle ne lui ferait rien. Raphaëlle avait même fini par lui poser des questions sur ce qu'elle faisait là, elle avait expliqué assister les pilotes, que Lance était occupé et qu'elle avait volontairement accepté de lui rendre service. La serveuse avait trouvé cela charmant. Elle était passée devant la facilité Ferrari, elle avait vu les immenses portraits de Carlos et Charles sur le devant des bâtiments, elle n'avait pas pu s'empêcher de rire. Elle ne leur avait pas reparlé depuis le soir du dernier Grand Prix, elle avait deviné qu'ils l'avaient tous les deux oublié, elle ne leur en tenait plus rigueur. Son objectif était de s'épanouir dans ce monde que Ferrari lui avait fait découvrir, avec ou sans eux n'étaient plus un problème. Elle voulait prouver à Lance qu'il ne s'était pas trompé. Même si elle avait été impressionnée en entrant dans la facilité, elle avait vite regardé autour d'elle pour observer chaque détail. C'était très différent de chez Ferrari, ici, tout le monde semblait déjà concentré.

"— Monsieur Stroll vient d'arriver, en général cela ne présage rien de bon. Lance risque d'être inquiet." La blonde avait expliqué en observant de loin un homme grisonnant. 

"— Monsieur Stroll ? Celui qui a acheté l'écurie ?" Elle s'était sentie bête au vu du regard que la jeune femme lui avait lancé. Elle lui avait donc souri, mal à l'aise. 

Raphaëlle était habillée différemment de tous les employés, ils étaient tous vêtus de vert, elle se demandait si elle devrait suivre cela aujourd'hui. Elle ne voulait décevoir personne, encore moins Lance qui lui laissait cette merveilleuse chance. Sa guide lui avait montré la suite des bâtiments, en évitant le groupe d'hommes avec qui l'homme d'affaires parlait. Cette infrastructure n'était pas aussi grande que celle d'autres écuries. Lance lui avait expliqué quand il était venu à Bologne que l'écurie était nouvelle. Mais, qu'aussi, même si l'homme qui l'avait racheté était très riche, il était difficile de tout mettre en place pour le championnat dès le début. Il avait aussi expliqué la rigueur et le travail que cet homme avait mis en place pour arriver là. Elle comprenait aujourd'hui que ce racheteur en question était Monsieur Stroll. La blonde lui avait expliqué que son prénom était Lawrence, et que son fils était la prunelle de ses yeux. Les deux femmes s'étaient même baladées sur le paddock. Visitant les lieux. C'était la première fois dans ce genre d'endroit, c'est ce que Raphaëlle lui avait expliqué. Comme ce que Lance lui avait indiqué, la blonde avait montré tout ce qu'elle pouvait à la curieuse femme qui s'offrait à elle. L'employée de l'écurie rencontrait pour la première fois quelqu'un d'aussi  curieux que cette étrangère. Jamais elle n'aurait pensé rencontrer quelqu'un d'aussi vif d'esprit ou d'aussi terre à terre parmi les connaissances du pilote Canadien. Loin de là. Surtout pas quand les quatre dernières femmes qu'il avait ramenées sur le paddock n'étaient certainement pas des flèches. Les invitées de Lance étaient toutes belles, de vrais mannequins de magazine, celle où personne ne peut croire qu'elles sont réelles à part les hommes qui les côtoient. Là, bien qu'elle lui reconnaisse un charme fou, Raphaëlle n'était définitivement pas une mannequin. Ni même une de ses stupides influenceuses beautés que la blonde détestait tant. Aujourd'hui, elle découvrait enfin une femme qui en valait la peine. Ce qui se faisait rare quand il s'agissait des personnes que côtoyaient les pilotes. Elles avaient même fini par discuter, échangeant des banalités sur l'environnement hostile qu'était la Formule 1. La serveuse avait vite reconnu le manque considérable de femme dans le milieu. Elle s'était questionnée. Puis la blonde lui avait vite raconté l'histoire de ce sport à son tour, ce point de vue féminin différenciait de ce que Charles, Lance ou Emiliano avaient déjà pu lui raconter. Cet avis se rapprochait largement de l'avis de Manon, cet environnement était difficile, être née femme en rendait l'accès encore plus rebutant. Surtout quand les hommes les considéraient aussi inférieures. La Française s'était rappelé la réaction du chargé de communication espagnole qu'elle avait rencontré le soir de cette fameuse soirée d'hiver. Il n'avait même pas cherché à l'écouter, elle imaginait aujourd'hui que Josué n'était pas le seul à traiter les femmes ainsi dans ce milieu. La visite terminée, l'employée avait raccompagné Raphaëlle où elle regarderait la course, dans la facilité de l'écurie. La Française avait demandé où se trouvaient les toilettes. Elle n'avait même pas eu le temps de vérifier son état dans un miroir, ni d'ailleurs de se motiver devant un miroir. La blonde l'y avait accompagné. 

"— Vous êtes ?" Elle s'était fait surprendre en y sortant. L'homme grisonnant était en face d'elle, son charisme était ce que Raphaëlle avait directement remarqué. Les grandes prunelles noires du soixantenaire lui avaient enlevé les mots de la bouche. "Que faites-vous là ?"

"—  J'accompagne un employé." Cela avait été difficile de sortir ces mots de sa bouche. Elle en perdait tout son langage. 

"— Un employé ? Me mentez-vous mademoiselle ?" L'homme d'affaires était dubitatif, cette femme ne semblait ni fortuné ni en l'âge d'avoir une importance si considérable d'être leur invité. "Qui a osé vous autoriser à venir ici ?" Il laissait Raphaëlle sans voix. Elle ne savait pas quoi lui répondre. 

"— Lance..." Elle avait dit plus bas que ce que l'homme pouvait entendre. 

"— Qui ? Lequel de mes employés vous a laissé entrer ici ? Que je lui en touche deux mots." L'homme perdait patience, une inconnue qui ne faisait en rien partie de ce monde se tenait là, au milieu de son environnement. Tout devait être parfait ce week-end, avoir une femme comme elle, ici, était loin de l'être. 

"— Papa." La voix de Lance avait résonné derrière elle, la surprenant assez pour qu'elle se retourne. "Elle est avec moi."

Raphaëlle venait de comprendre. Le casque sous le bras droit de Lance, sa posture sûre de lui quand il avait répondu à l'homme grisonnant ou la combinaison dont les manches retombaient sur ses hanches avaient été de flagrants indicateurs. Lance n'était pas ingénieur, il lui avait menti. Il ne travaillait pas comme n'importe qui, il était piloté. Elle s'était dit qu'elle aurait dû s'en douter. L'homme d'affaires que Lance venait de confesser d'être son père avait ri. Comment une femme aussi pitoyable pouvait être avec son fils ? Et, Raphaëlle ne s'était plus sentie à la bonne place. Elle avait joué avec une de ses bagues, évitant à tout prix le regard des deux hommes autour d'elle. L'homme qu'elle fréquentait lui avait menti. Elle avait critiqué le comportement des pilotes devant lui sans qu'il ne dise un mot. Elle lui avait confié son avis sur Carlos et Charles, en disant à quel point ces satanés pilotes aimaient les femmes. A quel point il ne respectait rien. Puis, elle s'était souvenue d'avoir demandé à Lance si ce n'était pas trop difficile de travailler aux côtés d'hommes aussi riches qu'ils en oubliaient la réalité. Elle comprenait mieux sa réponse, celle où il lui avait dit qu'ils n'étaient pas tous comme ça et qu'elle aurait le temps de les rencontrer. Il avait caché sa véritable identité à une femme qui commençait à tomber pour lui. Elle se sentait bête, surtout stupide d'y avoir finalement cru. Le prince charmant qu'avait été le Canadien n'avait peut-être jamais été de la bienveillance. Elle ne savait pas ce qu'il lui avait trouvé. Lance avait cherché son regard, qu'il n'arrivait plus à croiser. Raphaëlle l'évitait déjà. Il s'en voulait qu'elle découvre les choses ainsi. Son père n'était pas tendre, alors quand il l'avait vu questionner la présence de Raphaëlle dans le bâtiment d'Aston Martin, il s'était promis de la secourir. Malheureusement, la réalité avait frappé quand il s'était aperçu de la stupidité de ses actions. Son visage était découvert, il aurait pu mettre son casque. Il y avait son prénom écrit sur sa combinaison. Tout était tellement clair et cohérent pour Raphaëlle désormais. 

"— Je peux t'expliquer." Il avait dit en essayant de lui prendre le bras. Heureusement pour Raphaëlle, son téléphone venait de sonner. Dévoilant le nom d'Emiliano sur l'écran, Lance se doutait qu'elle sauterait sur l'occasion pour s'éloigner. Il imaginait qu'elle en avait besoin. Après tout, ce n'était pas tous les jours que l'on découvrait ça.  

"— Toi ? Un employé ?" Lawrence venait de couper le silence que la Française avait laissé en quittant le bâtiment pour répondre à ce coup de téléphone. "Lance, mon garçon, tu sais que je fais de mon mieux pour te donner ce dont tu as envie et besoin. Tu sais aussi que j'essaye de faire de toi un champion du monde." Son fils venait d'acquiescer. "Qu'est-ce que tu fais avec une personne aussi insignifiante ?" 

"— Raphaëlle n'est pas insignifiante." Il venait de répondre à son père. Lawrence avait haussé un sourcil, son fils lui répondait. Il lui tenait tête. "Pour dire vrai, elle est sûrement la plus belle personne que j'ai rencontrée. Je sais qu'elle ne correspond en rien à ton monde. Que tu ne comprends pas ce qu'elle fait là. Mais, cette fille a un vrai talent, elle voit le monde d'une si belle manière." Lance continuait d'expliquer. "Elle a fait des études de communication, elle a le profil qu'il nous faut pour réussir à toucher les bons médias. Laisse-lui une chance." 

"— Tu vas me dire que cette fille est capable de ça ? Lance, je t'ai vu plus intelligent que ça. Pourquoi une fille comme ça t'a cassé l'esprit ?" Lawrence s'agaçait. "J'ai fait l'erreur avec ta mère de me marier avec une femme insignifiante, et observe maintenant : nous sommes divorcés."

"— Ne parle pas de maman comme ça. Tu ne connais même pas Raphaëlle."

"— Ta mère, Lance, a été ce qui m'a empêché de progresser. Une femme aussi inutile à tes côtés t'empêchera d'atteindre les championnats, d'atteindre un titre et de te créer une carrière." Lawrence faisait la morale à son fils. Lance sentait les regards curieux sur eux. Depuis que son père avait racheté l'écurie, il n'avait jamais haussé le ton sur lui, au contraire. Là, tout le monde pouvait entendre la voix glaçante qu'il prenait quand le rôle du patron prenait le dessus sur la conversation, plus que celui du père. Le paternel restait le chef, peu importent les conditions dans lesquelles il était. "Ta mère m'a bloqué pendant dix ans d'atteindre où j'en suis aujourd'hui. Ne complique pas tes relations avec une tête pensante, contente-toi d'une mannequin avec un crâne vide. Elle baisera aussi bien, et ne sera pas une distraction vers la victoire."

"— Papa..." 

"— Écoute-moi Lance, cette fille n'en vaut pas la peine. Elle n'a rien de spécial, elle ne sera pas capable de t'apporter quoi que ce soit. Tu le sais ?" Lawrence venait de prononcer ses mots en regardant derrière son fils, la porte s'était ouverte, il l'avait entendu. Lance avait deviné qui était derrière lui, qui avait tout entendu. "Dis que j'ai raison, mon fils, renonce à cette distraction insignifiante."

"— Tu le penses vraiment Lance ?" La voix de Raphaëlle était cassée, émotive comme elle était, elle savait qu'entendre tous ces mots durs était trop pour elle. "Je pensais que j'aurais une chance..." Elle parlait de leur relation, Lance s'en doutait. Mais, il imaginait aussi qu'elle pensait à son entrée dans ce monde si fermé de la Formule 1. 

"— Je t'ai promis de t'en donner une." Lance était persuadé qu'avec une femme comme Raphaëlle à ses côtés, il serait capable de tout. Surtout tout ce qu'il pouvait pour prouver que son père avait tort. "Laisse-la faire ce putain de stage. Laisse-lui ces cinq courses, et tu verras de quoi elle est capable." 

"— Lance, les essais libres vont commencer. Monte dans la voiture." Son mécanicien était venu le chercher, attrapant le pilote Canadien pour le faire débuter son week-end de Grand Prix. 

Il avait laissé seul son père et la femme qu'il côtoyait. Le regard froid qu'il avait senti sur lui quand il était parti lui avait fait se dire que laisser Raphaëlle là-dedans n'était sûrement pas la meilleure des idées. Lawrence avait regardé les yeux remplis de déception de la conquête de son fils en le voyant partir. L'homme d'affaires avait observé silencieusement les prunelles hazels de Raphaëlle se reposer sur lui. Il avait suffi d'un instant pour qu'il comprenne exactement ce que son fils trouvait à cette femme. La détermination avait été le maître mot de cet échange. Toute personne sensée n'aurait pas osé regarder le milliardaire Canadien ainsi, elle n'avait pas hésité. Comme si un programme s'était enclenché pour prouver à ce vieux qu'elle en était capable. Elle s'en fichait éperdument que ce soit le père de Lance, il pouvait bien aller se faire voir lui aussi. Cet homme lui avait menti, et lui avait caché l'identité de son père. Tout était déjà gâché, elle ne pouvait que le reconstruire sur de meilleures bases en prouvant à tout ce monde si fermé qu'elle en avait une place. Si cela ne marchait pas, elle aurait au moins essayé, c'est ce qu'elle se serait répété en temps normal. Plus rien ne l'était depuis qu'elle avait mis les pieds dans le magasin Bolognais de son ami. Plus rien n'avait de sens depuis que ses yeux avaient rencontré le regard vert de Charles. Plus rien ne ressemblait à sa vie d'avant depuis ce foutu pari de ce soir d'hiver. Tout avançait vite, à trois cents à l'heure, dans un virage serré, elle finissait par aimer cette adrénaline. Autant que ce qu'elle avait ressenti en disant à ses amis de Bologne qu'elle aurait ce stage et qu'elle se trouverait une place dans cette écurie. Puis là, Lawrence avait compris. La femme qu'il pensait être insignifiante lui montrait en un seul regard qu'elle saurait faire avancer les choses. Il restait le père de Lance, mais il était un homme d'affaires avant tout. Le businessman en lui répétait qu'il n'avait jamais vu un regard aussi déterminé que celui de Raphaëlle à ce moment-là. Il pouvait bien essayer. L'argent lui importait peu. Il voulait simplement voir ce que cette femme était capable de faire, autant à son fils qu'à son écurie.

"— Cinq courses te suffiront à apprendre à maîtriser ce sport ?" Il l'avait dévisagé à son tour. "Je n'ai pas le temps de répondre aux caprices de mon fils. Lance aura sûrement autre chose à faire que de te protéger ici. Ce ne sera pas tout rose tout le temps, encore moins quand les gens se rendront compte que c'est un pilote qui t'a amené là. Tout le monde va douter de tes capacités, tellement que tu finiras par croire que ces gens ont raison." Lawrence devenait terrifiant, les employés qui les observaient auraient déjà fui les yeux du patron. Raphaëlle ne bougeait plus.

"— Cinq courses seront largement suffisantes pour vous prouver que votre fils a cru en moi pour les bonnes raisons, Monsieur Stroll." La blonde qui l'avait guidé jusque-là avait souri, Raphaëlle était certainement différente de ce que Lance avait ramené jusqu'à présent.


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J'ai enfin réussi à corriger ce foutu bug de photo !
C'est le grand commencement de son aventure en F1, elle risque de s'en mordre les doigts...
Oui Lawrence me terrifie aussi.
-M

RED CARS | charles leclercWhere stories live. Discover now