Raphaëlle Pereira voulait une voiture, une voiture rouge. Son frère lui avait toujours répété qu'elles allaient plus vite, qu'elles pouvaient dépasser toutes les autres voitures, qu'elles pouvaient même peut-être voler. Elle n'était encore qu'une e...
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La compétition venait de commencer. Ce n'était plus une question de podium, mais de si Raphaëlle serait capable de tenir tête aux préjugés que ses nouveaux collègues de travail avaient sur elle. Quand elle était apparue avec le polo vert de l'écurie, aux côtés de Lance, elle pensait qu'elle avait vu des mâchoires se décrocher. Tous les regards des employés d'Aston Martin s'étaient tournés vers elle. La Française ne ressemblait déjà plus en rien à la femme qui s'était présentée à eux. En effet, la veille, quand elle avait dormi chez le pilote, elle en avait profité pour lui poser des questions sur ce qu'il attendait d'elle. Au début, c'était seulement à propos de sa vie ici, à Monte-Carlo. Elle avait essayé d'apprendre ce qu'il y faisait là. Lance avait directement compris qu'elle s'était sentie gênée de voir son appartement. Il l'avait assez cerné pour comprendre et constater que son petit morceau d'intimité était bien différent de chez elle. Il n'avait pas fait la remarque, elle l'avait fait d'elle-même. La Française avait complimenté le mobilier. Puis, en voyant la cuisine à peine utilisée, la salle de bain brillante ou son lit à peine défait, elle s'était sentie obligée de commenter. Elle lui avait demandé combien de temps il habitait ici, il n'avait même pas su lui répondre. Pour la mettre à l'aise, il avait proposé de commander à manger. La soirée avait fini par très vite s'enchaîner. Ils n'avaient finalement pas grandement dormi. Ils avaient préféré discuter. Le Canadien lui avait raconté tous les secrets de cette écurie, ainsi que de sa relation avec son père. Raphaëlle se sentait prête à affronter le regard de ses collègues de travail en cette dure journée de qualification. Ils n'avaient pas parlé de leur relation. Ni même de leur proximité. Il y avait trop d'inconnu sur ce qui se créait avec son insertion dans ce milieu. Elle avait suivi les conseils de Lance, restée près de lui jusqu'à ce qu'on lui donne des tâches précises à effectuer. Le Canadien n'aurait jamais accepté qu'elle vive de nouveau cet étrange échange avec son père. C'était pour cette raison qu'il avait préféré la protéger, au même titre que depuis qu'il l'avait rencontré. Il avait reconnu les visages surpris qui les avaient vus entrer ensemble sur le paddock. Il traînait rarement avec des employés. Il était souvent solitaire. Le peu de fois où il avait été accompagné par quelqu'un d'autre que ses petites-amies, il ne se séparait jamais de ses écouteurs. Lance n'était pas sociable. Certains ne le considéraient même pas comme aimable. L'exact opposé du sourire qui ne quittait pas ses lèvres quand il suivait la ravissante brune jusqu'au garage pour commencer sa journée de travail. Il ne la quittait plus des yeux, il aurait simplement voulu la rendre fière de ses résultats aujourd'hui.
Monaco était un rendez-vous chaque année. Cette date sur le calendrier était accompagnée d'une liste infinie de célébrité, de choses à faire, de richesse, flashs et caméras. Raphaëlle avait deviné en voyant les invités de son écurie. Elle avait salué chaque personnalité avec un sourire légèrement forcée. L'homme qui l'accompagnait n'avait même pas pris le temps de les saluer. Elle ne reconnaissait pas l'homme avait qui elle avait partagé ses craintes la nuit passée. Lance était loin du prince charmant qu'il avait été avec elle. La jeune femme avait décidé de se séparer de lui pour explorer les coulisses de leur facilité. Elle avait rejoint l'équipe communication et marketing, puis la journée avait commencé. Entre réunions interminables, discussions avec les pilotes suivis de près dans les plannings par la mise en place des interviews pour les journalistes, elle se sentait épuisée sans même avoir déjeuné. Elle avait dit à ses collègues de partir sans elle. Ce n'était que la stagiaire, et comme dans tous les emplois qu'elle avait faits jusque-là, elle se retrouvait à faire des tâches ingrates. Elle finissait par trier les mails de son supérieur comme s'il s'agissait des siens. Il se débrouillait mal. Raphaëlle était perfectionniste, c'était loin d'être acceptable d'avoir des centaines de courriels non ouverts selon elle. Elle s'était installée sur la terrasse de leur petit bâtiment, cela lui laissait le temps de relever les yeux et d'observer qui était là pour ce rendez-vous de Grand Prix. Elle avait reconnu des visages aux polos rouges, ceux qu'elle avait vus à la soirée avec Emiliano. Elle reconnaissait aussi quelques personnes qu'elle avait rencontrées la veille. Observer les gens l'amusait, si bien qu'elle en avait perdu un peu de temps. Ses yeux hazels s'étaient replongés dans le tri des mails. Elle les séparait entre partenariats, journalismes et publicité. Mettant en priorité les dossiers qui traitaient à un pilote ou à un autre. Sebastian était beaucoup mentionné. Elle ne le connaissait que très peu, et avait fini par ouvrir une page sur le web pour y faire quelques recherches.
