Elle était habillée dans la mode centralienne la plus pure et elle se sentait vieillie de plusieurs années comme si, jusqu'à présent, elle n'avait été qu'une enfant.

« Et maintenant quoi ? » demanda Erryn en prenant place à ses côtés. Elle aussi était à présent habillée de noir, mais les manches longues et le col semi-montant de sa robe lui donnaient un air austère.

Le garde réapparut et leur demanda de nouveau de le suivre.

« Qui est mort ? » demanda Kayla, il ne pouvait s'agir que de cela.

Elle sentait l'inquiétude la gagner. À quoi rimait cette mascarade ?

« Pour le moment, personne », répondit le garde et Kayla ne put rien en tirer de plus.

Ils empruntèrent la direction de la porte sud du palais, celle qui donnait sur la grande esplanade.

Au lieu de sortir par les hautes portes, ils gravirent les escaliers menant au balcon qui surplombait le parvis.

« Veuillez attendre ici, Votre Altesse ».

Erryn et elle n'eurent pas longtemps à patienter avant que des pas ne résonnent au rez-de-chaussée et que la famille Royale ne débouche à son tour de l'escalier. Thérik menait la marche, suivit de près par son épouse vêtue d'une sublime robe agrémentée d'une longue traîne noire. Et derrière eux, Damen, lui aussi habillé de noir, comme à son habitude.

Personne ne dit mot, personne n'expliqua quoi que ce soit.

Le trio royal s'arrêta devant la baie vitrée. Sans prononcer un mot, Liorah tendit son bras ganté vers Kayla et lui prit la main, exerçant une pression furtive et la guida pour qu'elle se place derrière elle, à côté de son fils. Comme si elle était l'une d'entre eux.

On ouvrit les portes de verre et aussitôt, la clameur d'une foule nombreuse la frappa.

Les abords de l'esplanade étaient noirs de monde. Dehors, un sinistre spectacle attendait la jeune femme : un échafaud, aussi haut que trois hommes, dominait le parvis.

Kayla inspira bruyamment, ils allaient assister à un châtiment public.

Elle se retourna vers Erryn et lui fit signe d'avancer, ressentant le besoin de sentir la présence de son amie à son côté, mais cette dernière secoua négativement la tête. Sa place était à l'arrière, hors de vue, toujours invisible.

« Ça va aller », articula silencieusement Erryn.

Quatre gardes se postèrent sur le balcon de façon à les encadrer pour des mesures de sécurité, bien que la jeune femme douta qu'un archer soit à redouter à cette distance.

Imitant Thérik et Liorah, Kayla prit place sur l'un des fauteuils installés à leur intention. Erryn resta debout près de la porte, aucune chaise n'avait été prévue pour elle bien que sa présence ait été spécialement requise.

Le roi se leva et la foule se tut. Il toisa ses sujets, impavide et Kayla comprit pourquoi cet homme était au pouvoir.

La foule l'aimait, il leur avait apporté richesse, influence et sécurité. Il avait fait de leur foyer le centre du pays. Comment pouvaient-ils ne pas l'aimer ? Le peuple semblait retenir sa respiration, suspendu à ses lèvres, attendant l'autorisation de prendre la prochaine bouffée d'air vital.

Les choses allaient s'accélérer maintenant. Des hommes gagnèrent l'échafaud. Des soldats, encadrant cinq prisonniers.

À leur vue, la foule se remit à scander, assoiffée de sang. D'autres gardes sortirent du palais et se déployèrent autour de la plateforme, empêchant les gens d'approcher à plus d'une certaine distance.

Dans l'ombre des flammesWhere stories live. Discover now