Chapitre 6

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« KAYLA ! »

Elle sursauta et se retourna en direction de la porte d'où l'on venait de crier son prénom.

Essoufflée et le visage rouge tomate, Nina se précipita à sa rencontre. Surprise - et un peu inquiète – par l'urgence qui l'habitait manifestement, Kayla la pressa de parler tandis que la vieille femme peinait à reprendre sa respiration. Elle avait dû traverser le palais en courant.

« Des sentinelles viennent de rentrer. Le Roi... Le Roi... »

Kayla la poussa doucement vers un fauteuil et attendit patiemment la suite.

« Le Roi arrive bien plus tôt que ce qui était prévu !

- Quand sera-t-il là ? demanda-t-elle, peu surprise par ce retournement de situation.

- Dans deux heures », répondit Nina désemparée.

Elle pesta. Heureusement les chambres étaient prêtes et le repas en cours de préparation. Thérik se passerait d'un banquet royal, voilà tout. Quant aux soldats... Ils mangeraient leurs propres rations ou patienterai le temps que l'on leur trouve quelque chose d'autre à diner.

Cependant, la salle à manger habituelle était trop simple pour accueillir un roi et la salle de réception n'était pas prête.

« Quelle heure est-il ?

- Presque dix-sept heures », répondit Nenka, sa deuxième femme de chambre, les yeux écarquillés d'inquiétude.

Kayla la remercia d'un petit signe de tête. La peur qu'inspirait la simple mention du Roi l'emplissait d'amertume. Elle imaginait sans peine le discours qu'aurait tenu Erryn si elle avait été à sa place. Thérik n'était qu'un homme. Certes très puissant, mais pas imbattable.

Il était certain que nombre de courtisans et de soldats des troupes d'élite devaient rivaliser avec lui en termes de pouvoirs bruts. Néanmoins, il était tout de même assez difficile d'en juger. Le peuple Aedín possédant le don très instable du Téjas, c'est-à-dire le feu en langage commun, leur culture même avait été construite sur la base du contrôle de soi. Des aptitudes telles que les leurs ayant la particularité d'échapper à tout contrôle à vitesse grand V et de causer d'innombrables dommages, il était culturellement acquis de ne les utiliser qu'au minimum, mis à part pour des actions anodines du quotidien, tel que d'allumer une chandelle, un four ou différents travaux artisanaux. Ou pour la guerre.

Bien entendu, les enfants apprenaient très tôt à maitriser les bases de leurs dons. Selon l'étendue de leurs capacités, il leur était ensuite proposé plusieurs axes de formations leur permettant, si tel était leur souhait, d'entrer en apprentissage chez les artisans ou dans l'armée par exemple, voire dans la Garde.

Ainsi, seuls les militaires et les membres de la noblesse formés à l'art du combat possédaient une connaissance exacte de l'étendue de leurs pouvoirs et l'entrainement nécessaire pour les exploiter au maximum. La plupart, bien sûr, gardaient cette information secrète pour une question de sécurité. À la cour d'un Seigneur, il était plus que facile de se retrouver avec une cible dans le dos. Ne pas connaitre l'étendue des capacités d'untel avait l'avantage de dissuader, la plupart du temps, un ennemi de passer à l'action. 

Et si ce Comte avait la peau ignifugée ? Ou bien, cette Duchesse serait-elle capable d'étouffer un incendie ? Peut-être que ce soldat était capable de faire surgir des lames de feu... Allez savoir.

Un jour, Kayla avait lu dans un vieux livre d'histoire qu'un Duc avait essayé de se débarrasser de son Seigneur – un de ses ancêtres – et d'usurper sa place. Pour cela, il avait profité que ce dernier se tenait devant la grande cheminée de la salle de réception pour tenter d'attirer les flammes hors de leur foyer avec l'intention de le transformer en torche vivante et de le réduire en cendres. Malheureusement pour lui, son complot avait échoué et il avait été condamné à se consumer lentement de l'intérieur.

Dans l'ombre des flammesWhere stories live. Discover now