Chapitre 7

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Au fond de la pièce, dissimulée par le nombre ahurissant d’invités, Erryn observait l’échange qui avait lieu à l’autre bout de la pièce. Même à plus de soixante mètres de distance, elle entendait parfaitement ce qui se disait grâce au silence assommant qui avait envahi la salle dès que les deux souverains étaient revenus de leurs entretiens sur les balcons. L’acoustique de la pièce y jouait aussi un rôle et la jeune femme était bien contente de ne pas être conviée au diner qui allait suivre. Dès que les conversations auraient reprises, le volume sonore allait devenir assourdissant.

Mais pour l’instant, elle compatissait pour son amie qui se trouvait au centre de l’attention générale. Et pire que tout, maintenant qu’Azar venait de la présenter en tant que Princesse de Tibesti, elle se trouvait au centre de son attention.

Elle entendit Thérik s’exclamer d’un air enjoué :

« Eh bien Azar, il semblerait que tu n’aies pas menti quand tu nous vantais la beauté de cette jeune femme. Elle est effectivement aussi jolie que sa mère. Et que sa tante, je peux au moins lui reconnaitre cela ».

Erryn retint son souffle. Cet homme n’avait donc ni peur, ni respect. Personne ne parlait avec autant de désinvolture des deux défuntes femmes. Et on évoquait encore moins le lien qui le liait à Vesta, sa première épouse, sauf si l’on souhaitait mettre abruptement fin à sa propre vie.

La colère envahit la prêtresse et son cœur pleura pour la blessure que Thérik venait de rouvrir dans celui de son amie. La plupart du temps, elle se sentait frustrée par la docilité de Kayla qui courbait l’échine et acceptait tous les coups que lui portait la vie. Mais aujourd’hui elle ne ressentait que de l’admiration face à la maitrise dont faisait preuve la jolie jeune femme. À sa place, elle n’aurait jamais réussi à garder contenance et serait certainement morte de colère. Littéralement. Erryn comprenait mieux que personne les efforts que devait fournir Kayla pour garder le contrôle de ses émotions, pour ne pas les laisser l’envahir et la plonger dans un long tourment de douleur.

Elle expira dans un long soupire et se reconcentra sur la conversation. Elle entendit son amie répondre :

« C’est un plaisir de faire enfin votre connaissance, Roi Thérik. J’espère que votre voyage a été plaisant.

- Mon voyage était aussi agréable qu’intéressant. Tibesti est vraiment une région des plus remarquables, une merveille d’architecture et de richesse », acheva-t-il en se tournant vers Gaham. 

Évidemment que son voyage était intéressant, il était en train de faire un état des lieux avant de s’approprier ce dernier territoire, si longuement convoité.

Assassin, pensa-t-elle. Meurtrier.

Cet homme aurait dû finir sur la potence. Il avait tué d’innombrables personnes, et des innocents désarmés qui plus est. Il n’y avait aucune limite à son avidité et à sa cruauté. Et elle ne pouvait abandonner son amie en la laissant partir seule pour l’antre de ce monstre.

Erryn se redressa brusquement et sortie de la pièce aussi vite que ses jambes le lui permirent, sans plus prêter attention à la suite de l’entretien.

Elle devait absolument parler à Vivian.

*

* *

Elle la trouva dans le réfectoire réservé aux domestiques, en train de se restaurer en compagnie des autres prêtresses. Déterminée à obtenir ce qu’elle était venue chercher elle força deux de ses camarades à lui faire de la place sur le banc, en face de le Grande Prêtresse. Cette dernière interrompit sa conversation avec sa voisine, pour lui adresser un coup d’œil contrarié.

Dans l'ombre des flammesWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu