The Lunacy

37 - Se tromper

Plus tard, on sonna à la porte, un domestique alla ouvrir et Séléné écouta par hasard de qui il s'agissait.

— Bonjour, je suis bien à la demeure des Renneslayer ? Je suis un camarade de classe de Séléné, je viens lui rendre un livre d'exercices.

Séléné bondit de là où elle était en reconnaissant la voix qui parlait, elle dit à l'homme à l'accueil qu'elle allait s'en occuper.

— Salut Dai ! Merci beaucoup. Viens suis-moi, on va passer par l'extérieur. Annonça-t-elle en le tirant par la main.

— Sely je...

Sans l'écouter elle le tira jusqu'à la porte vitrée de sa chambre et le fit entrer.

— Voilà c'est ma chambre !

— Pourquoi tu m'amènes ici ? Demanda Dai en évitant de croiser son regard.

— Fais pas genre ! Dès le moment où je t'ai vue j'ai senti que tu avais quelque chose sur le cœur, alors dis-moi tout de suite ! S'exclama Séléné en le poussant doucement sur son lit pour qu'il s'assoie.

À certains moments précis, elle pouvait ressentir les sentiments des personnes se trouvant face à elle, rien qu'à leur voix elle était capable de percevoir des faiblesses dissimulées. Cette fois, elle savait que Dai n'allait pas bien, elle pensait peut-être avoir décelé une potentielle séparation entre lui et Euphemia.

— Non, absolument pas, tout va bien tu te trompes. Jugea-t-il, contrarié.

— Tu t'es disputé avec quelqu'un peut-être ?

— Pourquoi tu cherches à savoir ça tout à coup ?! Tu n'en as pourtant rien à faire de moi !

Séléné pensa alors mettre la main sur le fond de sa pensée ; il était en réalité amoureux d'elle et c'est ce qui expliquait pourquoi depuis quelques temps il évitait son regard. Mais il finit par avouer :

— Si tu tiens vraiment à le savoir, tu m'as blessé.

— Quoi ?

Tous les scénarios qu'elle était en train de se faire dans sa tête s'effondrèrent à ce moment précis.

— Arrête de faire semblant, ton cousin m'a tout dit, tu me détestes mais tu joues l'hypocrite avec moi !

— Mais ! Mais pas du tout !

Visiblement Séléné avait fait une belle erreur de jugement ! Elle n'en revenait pas d'entendre une telle chose, comment avait-il pu penser ça ? Et surtout pourquoi Calixte avait-il sous-entendu un tel mensonge ? Par ailleurs, celui-ci était en route pour la demeure des Renneslayer après avoir vu le signal de géolocalisation de Dai s'en rapprocher.

— J'aurais dû m'en douter depuis le début... Tes soi-disant « taquineries », tes « conseils »... C'était pour te moquer de moi tout ça ! Tu as dû me trouver bien stupide pendant que je te disais ce que je pensais de toi !

— Mais je t'assure que je suis sincère ! Je ne te déteste pas du tout ! Ne pense pas que je ne te prends pas au sérieux...

— Ah ouais ? Je ne vois pas comment tu pourrais me le prouver maintenant ! Tu ne t'es même pas inquiété plus que ça quand tu ne m'as plus vu, tu n'as jamais pris de mes nouvelles !

Séléné l'attrapa par le col et versa des larmes en voyant à quel point elle l'avait mis dans l'erreur. Elle aurait voulu lui mettre une claque mais en même temps le prendre dans ses bras pour s'excuser de la personne qu'elle était.

— Je suis désolée ! Se lamenta-t-elle.

Elle le regarda avec amertume et tristesse.

— Mais je rêve ou tu vas chialer ?! Je comprends rien à...

Avant qu'il ne finisse sa phrase, Séléné se pencha sur lui et l'embrassa langoureusement pendant plusieurs secondes.

— Est-ce que tu comprends mieux maintenant ? Haleta-t-elle.

— Je... Je suis en couple, et toi tu es fiancée je te rappelle... Fit-il complètement étourdi, sans être capable de réfléchir.

— Hein ? Fiancée ?!

Au même moment, Calixte ouvrit la baie vitrée d'un coup sec et foudroya Dai du regard. Dans un excès de colère, il lui donna un coup de poing.

— À quoi vous jouez ?! Ragea-t-il.

— Mais qu'est-ce qui te prend Calixte ?!!? Tu me dois des explications !! Fustigea Séléné.

Il l'attrapa par le poignet et hésita à la gifler. L'homme à l'accueil se précipita dans la chambre en entendant les cris.

— Il y a un intrus dans cette maison ! S'écria Calixte en pointant Dai du doigt.

— Il n'y a qu'un seul intrus ici et c'est toi !!! Cria Séléné à Calixte.

— C'est comme ça que tu parles à ton fiancé ?

— « Fiancé » ?!! S'exclamèrent toutes les personnes présentes dans la pièce.

— Oui. Je voulais t'en faire la demande solennelle pour la forme, mais tu ne m'en laisse pas le choix. Je t'annonce ici et maintenant que notre mariage est déjà programmé, j'ai demandé ta main à Livius la semaine dernière et il me l'a accordée !

Skeward, alerté, entra dans la chambre pour l'interrompre. Avant même qu'il ne prononce la moindre parole, tout le monde se tourna vers lui.

— Je ne t'ai jamais donné la main de ma fille, j'ai simplement dit que je n'y voyais pas d'inconvénients uniquement si nous trouvions un compromis, hors, ce n'est nullement le cas. De plus, vu la manière dont tu surveilles soi-disant Séléné et cette puérilité qui t'étouffe, tu n'es certainement pas digne de ma fille ni d'aucune autre !! Alors sors immédiatement d'ici Calixte !!! S'indigna-t-il avec autorité.

Calixte s'exécuta sans broncher, la rage au ventre et noyé par la honte.

— Merci papa, murmura Séléné en se rapprochant de lui.

— Séléné, je t'interdis de faire rentrer des étrangers chez nous, et encore moins dans ta chambre !! Et ne m'appelle pas "papa" devant les autres ! Dit-il avant de claquer la porte derrière lui.

Séléné appela une infirmière de la demeure pour venir s'occuper de Dai. Elle le regarda se faire soigner, il avait un énorme bleu autour de l'œil et il saignait au-dessus de l'arcade sourcilière à cause de la bague que portait Calixte.

— Ton père a l'air sévère, mais il s'inquiète pour toi, c'est sûr.

— C'est vrai. Toi, que vont dire tes parents quand ils vont te voir dans cet état ?

— Oh rien. Je raconterai que je me suis pris un ballon de basket en pleine face, ha ha !

— Dis... Pour tout à l'heure... Tu sais...

— Oui, ne t'en fais pas, on oublie. J'ai compris que tu faisais ça parce que je t'avais accusé injustement. Ne t'en fais pas, je ne dirai pas à Euphemia que tu m'as embrassé, c'est moi qui t'ai poussé à bout après tout.

— Ah.. Euh.. D'accord. Merci. Marmonna-t-elle en baissant la tête.

"Ce n'était pas vraiment ça le problème, je pensais qu'on allait..."