Libéré, Délivré...

Chapitre 32

Le reste de la soirée avait été calme. Silencieuse, même. La peine que ressentait Sylvain pour son ami était bien trop grande pour se réjouir du baiser qu'ils avaient échangé. Celui-ci avait été puissant et presque désespéré. Ce n'était pas le moment d'en parler. Pas encore. Pierre avait besoin de sa présence et rien de plus. Juste son corps contre le sien. Son odeur. Sa chaleur. Lui. Sylvain.

La fatigue les avait rapidement emportés dans un sommeil profond mais pourtant peu réparateur. Le soleil s'était tout juste levé quand Pierre ouvrit les yeux. La place à côté de lui était vide mais encore chaude. Le patineur se trouvait un peu plus loin, accroupi devant sa valise. Aujourd'hui c'était samedi et Sylvain avait deux chorégraphies sur trois à réaliser. La dernière se fera le lendemain avant le classement général du Championnat. Le stress montait doucement en lui même si la confiance prenait encore le dessus.

Le sac comprenant tout ce dont il avait besoin aujourd'hui était prêt. Costumes, patins, accessoires, eau, crème, mouchoirs et pleins d'autres nécessités. Après avoir vérifié une énième fois, le jeune homme se redressa pour retirer ses vêtements et se changer. Une tenue plus confortable pour l'entraînement matinal. Pierre qui était réveillé ne s'était pas privé de laisser ses yeux glisser sur le corps à demi nu de Sylvain.

"J'ai le droit à un stip-tease pour le réveil. Plutôt sympathique.

-Désolé de t'avoir réveillé. Tu peux rester encore au lit, tu sais.

-Non, je veux venir avec toi."

Sylvain s'était rapproché du lit en enfilant son haut afin de rejoindre Pierre. Il s'assit à ses côtés en même temps que celui-ci se redressa. Les deux garçons échangèrent un regard timide ainsi qu'un bref baiser avant de s'enlacer. Ce n'était pas nécessaire de parler. Ils se comprenaient. Pierre avait besoin de sa présence autant que possible. Alors Sylvain incita son ami à se dépêcher pour le rejoindre au petit-déjeuner.

Le début de matinée était rythmé et presque chronométré. Petit-déjeuner à l'hôtel puis rendez-vous à la patinoire. Échauffement puis entraînement. Tout était installé pour le début du championnat qui débutait officiellement à 10h. D'ailleurs Pierre avait reçu un passe "Accompagnant" pour pouvoir circuler plus aisément pendant l'événement. Tant qu'il le pouvait, il restait au plus proche de son patineur. Le but n'étant pas de le déranger non plus dans sa préparation.

Le lieu avait ouvert ses portes. Doucement, la foule avait envahi les tribunes et la piste avait été libérée. Sylvain n'était pas dans les premiers à passer ce matin. Il avait donc le temps de se changer et de se préparer mentalement. Pierre restait de côté et observait le programme des autres patineurs. Il ne pouvait pourtant pas s'empêcher de jeter des coups d'œil à son ami. Il commençait à être nerveux pour lui. C'était si impressionnant. La foule. Le jury. Sylvain l'impressionnait. Les yeux du hockeyeur étaient restés posés sur lui. Sans y faire attention, il l'avait suivi du regard jusqu'au bord de la piste. C'était à lui. C'était son tour. La patineur lui adressa un sourire au moment de se jeter sur la glace. Pierre s'était redressé, prêt à ne pas le lâcher pendant sa performance.

Et c'est ce qu'il fit. La lumière s'était modifiée. La musique aussi. L'ambiance également. Tout le monde se taisait et observait. Sylvain patinait. C'était beau, lent mais si dynamique. Le patineur était gracieux. Pierre le trouvait magnifique. Encore plus que d'habitude. S'il n'avait pas encore pris conscience de ses sentiments, ça serait sûrement arrivé à ce moment-là. Des fois leurs regards se rencontraient et Pierre ne pouvait se retenir de sourire. Il se sentait si privilégié.

La musique s'était arrêtée ainsi que Sylvain au milieu de la patinoire. Il venait de finir sa chorégraphie. Le silence fut rapidement brisé par les applaudissements de la foule. Un bref salut de la part du patineur et il rejoignit son coach au bord de la piste. Pierre, interpellé par celui-ci, marcha jusqu'à eux. Le score du patineur s'afficha à l'écran et après un énième salut, celui-ci disparut dans les loges, suivi de Pierre qui ne put s'empêcher de demander.