Chapitre 5

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Le week-end du match arriva. Les Narvals de Saint-Louis affrontaient aujourd'hui Les Phénix de Reims, toujours pour se qualifier dans les huit premières équipes de la Phase 1. L'ambiance était folle, Sylvain avait du mal à se faufiler dans les tribunes pour trouver une place. Il était finalement venu, mais pas tout seul. Un·e ami·e était venu·e de loin pour passer le week-end dans la ville où iel venait en vacance depuis son enfance. Ça faisait longtemps que Sylvain ne l'avait pas vu·e et il était ravi d'aller à un match de hockey avec ellui. Il avait réussi à dénicher de bonnes places pour bien voir le match.

Le match était presque à sa fin quand les équipes se battaient encore pour se départager. C'était très serré niveau score. Sylvain se surprenait à encourager l'équipe de sa ville pour les dernières minutes de match. Il se sentirait très déçu pour Pierre qu'il ne soit pas qualifié pour continuer la compétition. Finalement, Les Narvals avaient fait une superbe remontée et furent déclarés vainqueurs. Alors que les tribunes hurlaient à la victoire, un début de bagarre éclata au milieu de la patinoire. Quelques joueurs des deux équipes étaient en train de s'engueuler très fort et commençaient à se taper dessus. Bien évidemment, ils furent rapidement séparés.

Plus tard après le match, tout le monde s'était rejoint dans le parc derrière la patinoire pour boire un coup tous ensemble. Comme à chaque match, une grande buvette était installée. Sylvain s'y promenait avec son ami·e et il repéra Pierre parmi la foule. Il semblait seul à boire son verre, alors iels s'approchèrent de lui.

"Salut !

-Oh, tu es venu. Et pas tout seul. Ta copine ?

-Non c'est Clem, un·e ami·e d'enfance.

-Pierre, enchanté. Alors, vous avez aimé le match ?

-C'était sympa niveau ambiance faut reconnaître. Sauf le début de bagarre.

-Mais non, je t'ai déjà dit que ça faisait tout le charme du sport.

-On n'a pas du tout le même point de vue !"

Pierre rigola et les trois personnes échangèrent un peu sur le match. Sylvain était content de présenter le hockeyeur à son ami·e. Mais la discussion ne dura pas bien longtemps car il repéra rapidement des coéquipiers de Pierre se diriger vers eux. Alors sans même le saluer, il attrapa la main de Clem pour l'emmener un peu plus loin. Pierre qui comprit instantanément ne fit aucun commentaire. Il le suivait juste des yeux, reconnaissant de ce qu'il venait de faire. Cette action lui évitera bien des ennuis, à lui comme à Sylvain.

La semaine suivante s'annonçait mouvementée pour le patineur qui prit l'avion en compagnie de son coach afin de se rendre aux États-Unis pour le Grand Prix. Ils étaient partis le mercredi pour les épreuves du samedi et du dimanche. Cela permettait à Sylvain de s'adapter aux nouveaux horaires et de ne pas être trop fatigué pour ses programmes. Il était très excité de participer avec ses nouveaux costumes. Même si l'une de ses tenues l'avait un peu déçu à la réception mais c'était bien trop tard pour la retoucher. Peut-être que pour les Championnats il s'en occupera.

Sylvain aimait beaucoup l'ambiance que le Grand Prix proposait. Ils étaient accueillis comme des rois et il était au milieu de personnes tout aussi passionnées que lui. Il avait même croisé quelques patineurs connus comme Yuzuru Hanyu venu en Guest pour l'ouverture du Grand Prix, il s'inspirait beaucoup de lui pour ses chorégraphies. Le japonais était doté d'une grâce que Sylvain jalousait fort. Peut-être qu'un jour il arriverait à son niveau.

Le week-end de la première épreuve du Grand Prix s'était merveilleusement bien passée pour Sylvain, il avait fini premier sur le podium ! Il avait un peu de mal à y croire même avec la médaille autour du cou remise par son idole. Tout semblait hors du temps et irréel. Il avait l'impression d'être dans une autre dimension et même lors de son retour à Saint-Louis le lendemain.

Ses ami·es et camarades du club l'attendaient devant la patinoire pour célébrer avec lui son podium. Il réalisait petit à petit ce qui s'était passé ce weekend. Il avait très hâte de le dire à Pierre. Cette soudaine excitation de vouloir tenir Pierre au courant le perturba un instant. Pourquoi Pierre voudrait savoir ça ? Il n'en avait sûrement rien à faire de son podium. Ils avaient certes partagé des entraînements mais ça ne voulait pas dire que ça l'intéressait. Sylvain reprit ses esprits et reporta son attention sur ses ami·es.

Le patineur avait bien profité de sa soirée mais rien n'était encore joué. Dans deux semaines avait lieu la deuxième épreuve qui serait décisive sur sa qualification ou non à la finale. Il ne voulait pas se reposer sur ses lauriers et laisser cette première place lui monter à la tête. Il s'était accordé une journée de repos pour récupérer du jet-lag mais dès le lendemain, il retourna à son entraînement.

La nuit était tombée et heureusement les lampes étaient encore allumées quand Sylvain quitta la patinoire. Il s'était défoulé ce soir et ça lui avait fait beaucoup de bien d'extérioriser. Sur sa route il remarqua que la librairie était allumée et bien trop curieux, il s'approcha de la boutique. Pierre était assis sur le comptoir avec un livre dans les mains. D'ailleurs ils avaient décoré le magasin avec des décorations d'Halloween, c'était demain ! Le patineur frappa à la vitrine, sortant le hockeyeur de sa lecture. Il lui ouvrit la porte avant de refermer derrière lui.

"De retour parmi nous.

-Je suis rentré avant-hier soir, oui.

-Alors ce podium ?

-Comment tu sais ?

-J'en ai entendu parler. Sylvain le magnifique qui finit premier au Grand Prix !

-Ah ça va... Et non je ne suis pas premier du Grand Prix, juste d'une épreuve sur six.

-Faudrait pas que ça te monte à la tête. Oh d'ailleurs, peut-être que je devrais pas traîner avec toi. Tu imagines si on voit le minable hockeyeur à côté de la fée clochette ?

-C'est déjà le cas qu'on ne doit pas nous voir ensemble !

-Ah c'est vrai, j'avais oublié !

-Et tu n'es pas minable."

Sylvain lui avait lancé un stylo en même temps et Pierre rigola à sa réaction. Les deux garçons continuaient de parler pendant un long moment. Du livre que Pierre lisait, du week-end qu'avait passé Sylvain aux Etats-Unis et de la fête d'Halloween qui allait avoir lieu le lendemain soir à la patinoire. Il y avait l'après-midi pour les enfants et la soirée pour les adultes. D'un coup, Sylvain se retourna en constatant que les lumières extérieures venaient de s'éteindre. Merde. Pierre se souvenait très bien de l'autre soir où c'était la même situation, eux deux au moment de rentrer et les lumières éteintes. Alors tout naturellement, il proposa de le raccompagner. Le patineur semblait hésitant mais en fixant l'obscurité, il ne put refuser.

"La fée clochette a peur du noir.

-Ouais..."

Pierre voulait rire mais la réponse de Sylvain, qui avouait sa peur, l'en dissuada. Il ne voulait pas se moquer de lui alors qu'il lui confiait avoir peur du noir. C'était même plutôt courageux de l'avouer. Pierre, lui, avait bien des peurs qu'il n'oserait déballer. Alors le hockeyeur s'occupa d'éteindre les lumières et de fermer la boutique avant de raccompagner Sylvain. Ils parlaient peu pendant le trajet. Le patineur était encore une fois sur ses gardes au moindre bruit et Pierre essayait plus ou moins de le rassurer. La route semblait bien trop longue mais ils arrivèrent finalement chez Sylvain. Il remercia Pierre avant de le laisser et de rentrer à son appartement.

Libéré, Délivré...Where stories live. Discover now