Libéré, Délivré...

Chapitre 7

Le lendemain, Sylvain ne put s'empêcher d'aller à la librairie pour avoir des nouvelles de Pierre. Il ne savait même pas s'il était capable de travailler aujourd'hui. Le patineur pénétra dans la boutique en cherchant le blessé des yeux mais il ne croisa qu'Eva, sa collègue. Il s'approcha d'elle pour lui demander poliment si Pierre était ici et elle lui indiqua une porte réservée aux employés. Il hésita un instant mais Eva l'invita à y aller. Alors Sylvain frappa à la porte avant de l'ouvrir et de rentrer dans la petite salle de pause. Pierre était assis sur un large fauteuil, les jambes croisées, avec un livre entre les mains. Le même que la dernière fois. En entendant la porte, il leva le nez et son expression surprise laissa deviner qu'il ne s'attendait pas à voir Sylvain.

"Que fait la fée clochette ici ?

-Elle vient voir comment tu vas.

-J'ai pas besoin d'avoir un suivi médical.

-Ça tombe bien, je ne suis pas ton infirmière. Comment tu te sens ?

-Je vais bien. Tu voulais autre chose ?

-Non, juste... Je te dérange tant que ça ?

-Non. C'est pas ce que je voulais sous-entendre. C'est juste que si j'ai la gueule éclatée c'est mon problème donc j'ai pas besoin qu'on s'inquiète pour moi.

-Bah évite de te pointer à la patinoire quand j'y suis après t'être fait casser la gueule alors.

-C'est entendu. Tu veux un thé ? Un café ?

-Un café."

Pierre se leva de son fauteuil en posant son livre à sa place. Il lança la machine à café sous les yeux attentifs de Sylvain qui baladait ses yeux sur ses mains et son visage, constatant les dégâts à la lumière du jour. Essayant de relancer la discussion, le patineur aborda le sujet du prochain match de hockey mais aussi des compétitions que Pierre ne lui avait toujours pas expliquées. Il lui promit un cours dessus bientôt mais pas aujourd'hui, il ne voulait pas penser au hockey. Ses coéquipiers n'étaient apparemment pas très ravis de son état, sachant qu'ils avaient un nouveau match ce week-end justement. Pierre allait très certainement en être dispensé et ça ne lui faisait pas plaisir. Leurs boissons chaudes prêtes, ils s'installèrent côte à côte à la petite table de la pièce. Sylvain s'assit en tailleur sur sa chaise et cette position amusa le hockeyeur. Impossible pour lui de se mettre ainsi avec ses grandes guibolles. Les deux garçons papotaient un peu de tout et de rien jusqu'à ce qu'Eva frappa à la porte pour les interrompre. Elle sourit en les voyant ainsi mais elle s'excusa auprès d'eux en demandant à Pierre de passer devant pour aider un client exigeant. Sylvain s'enfila le reste de sa tasse et accompagna Pierre de l'autre côté.

Pendant que le vendeur s'occupait du client, Eva ne put s'empêcher de faire la conversation à Sylvain. Elle était curieuse. C'était rare de voir Pierre s'entendre aussi bien avec un garçon autre que de son équipe et c'était chouette. Pierre était très ouvert et sociable, surtout avec son métier. Mais dans sa vie un peu plus personnelle, il ne l'était pas tant que ça. Il avait du mal à avoir des personnes proches de lui. Sylvain l'écoutait en jetant des coups d'œil au niveau du comptoir où Pierre se trouvait. Il ne put s'empêcher de lui parler de son état et Eva poussa un long soupir. Il a toujours été comme ça, il revenait de temps en temps dans cet état mais il n'en parlait jamais. Il aimait peut-être juste se bagarrer. En tout cas, il détestait qu'on s'en mêle et ça Sylvain l'avait bien compris.

Une bonne dizaine de minutes avec le client, Pierre avait enfin fini. Sylvain salua Eva avant de retrouver Pierre au comptoir pour lui dire qu'il allait partir. Ils échangèrent un peu en rigolant et le patineur quitta la boutique. La jeune femme s'approcha de Pierre en lui lançant des petits regards.