VIVRE C'EST POUR LES IDIOTS - 𝘢 𝘩𝘢𝘯 𝘫𝘪𝘴𝘶𝘯𝘨 𝘧𝘢𝘯𝘧𝘪𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯

CHAPITRE 29 • JISUNG

    Une tasse de café entre les mains, Mila est adossée contre la tête de son lit pendant que je lis le comic qu'elle m'a prêté. Je peux sentir ses yeux me fixer, mais je n'en ai pas grand-chose à faire.

   Habituellement, je serais mal à l'aise qu'on me regarde mais Mila n'est pas n'importe qui. Lorsque Mila me regarde, c'est comme si j'étais la seule personne qui comptait sur cette Terre. Elle oppresse mon coeur et tord mon ventre, mais ce n'est pas de la peur, je sais la reconnaître à force. Non, c'est une sensation plus agréable, plus addictive. J'aimerais qu'elle ne cesse jamais de me regarder, qu'elle m'observe pour le restant de sa vie avec ses yeux brillants.

   Elle pose sa tasse sur la table de chevet et prend son téléphone pour traîner dessus et faire passer le temps. Je fronce les sourcils et jette un coup d'oeil à mon livre avant de le fermer. Je le mets de côté et avance devant ma copine pour ensuite prendre place entre ses jambes. Elle baisse les yeux vers moi, surprise, avant de sourire et entourer le haut de mon corps, de ses bras. Elle dépose un baiser sur mon front et finit par jouer délicatement avec mes cheveux. Je souris et sens mon cœur fondre sous ses caresses.

   Comme un automatisme, elle continue de passer sa main dans mes cheveux pendant que nous regardons tous les deux des vidéos Internet stupides. Si seulement on pouvait rester comme ça pour toujours. C'est tellement agréable et apaisant d'être dans ses bras, je me sens vraiment bien, vraiment heureux.

   — Mila ?

   — Oui Sungie ?

   — On peut aller faire un tour dehors ?

   — Oh je sais pas si c'est une bonne idée, tu sais on pourrait se faire attraper et j'ai pas envie de me faire gronder par ma maman.

   Elle lève les yeux au ciel et je fais de même en remarquant le sourire moqueur sur ses lèvres. Je croise mes bras contre mon torse et fronce les sourcils.

   — C'est bon, Ji, je rigole. Évidemment qu'on peut aller dehors.

   Elle rit avant de m'embrasser la joue. Je me redresse et sors de ses bras pour mettre mes chaussures. Elle se prépare aussi et nous passons par sa fenêtre. J'escalade d'abord et l'observe commencer à passer une jambe par-dessus le rebord. Alors qu'elle soulève sa deuxième jambe, elle glisse et se retrouve par terre. J'explose de rire en la voyant sur le sol, la tête dans l'herbe et les fesses en l'air. Je me tiens le ventre avant de me prendre un coup dans l'épaule et me taire.

   Mila passe ses mains sur ses vêtements pour enlever la terre et elle me foudroie du regard. Je pince mes lèvres pour me retenir de rire une nouvelle fois. Elle finit par me faire face et me tape à l'arrière du crâne.

   — Arrête de ricaner comme une hyène. 

   J'esquisse un sourire avant d'acquiescer. Elle avance sur le trottoir et se tourne vers moi en me faisant signe de la suivre. J'accoure pour prendre place à côté d'elle et nos mains se frôlent avant que je ne fasse le premier pas et que j'entrelace nos doigts ensemble. Mon cœur s'emballe tandis que nous avançons en direction de la plage. 

   Contrairement à nos escapades nocturnes habituelles, il n'est pas si tard que ça. Les lampadaires sont encore allumés et les gens se baladent toujours près de la mer, une glace dans la main. Il doit être vingt-et-une heures tout au plus, et le ciel prend une couleur sombre fascinante.

   Cette fois-ci, nous n'allons pas nous installer sur le sable, nous nous asseyons sur les remparts près du trottoir. La plage n'est pas encore assez vide pour que nous puissions nous relaxer tous les deux.