CHAPITRE 3 • MILA

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 << And I'd rather die than live my father's life and pretend like I'm satisfied >>
line it up — palaye royale feat. lp


   Retour à la case départ.

   Mes cartons sont encore dans mon coffre mais je sais que c'est trop tard pour faire marche arrière. Je coupe le contact de ma voiture une fois que je suis garée dans l'allée
de ma maison et j'ouvre ma portière, la gorge serrée. Je vis le retour à la maison comme un échec dans ma vie. Je n'ai pas réussi à tenir le coup dans la cour des grands alors me voilà de nouveau dans l'entre-deux. Cette partie de la vie où nous ne sommes pas complètement adolescent, mais où nous ne sommes pas complètement adultes non plus.

   Je pensais qu'avoir mon propre logement et faire des études me propulserait dans la vie d'adulte mais il faut croire que je me suis trompée. Je ne suis pas encore prête à devenir une grande personne. Mais jamais je n'avouerai ça à voix haute, ce serait trop dur pour mon égo.

   Je sonne à la porte et enfonce mes mains dans mes poches pour éviter que quelqu'un ne puisse voir celles-ci trembler. Je me retrouve finalement face à mon frère, un
gigantesque sourire aux lèvres. Je ne lui dirais jamais en face mais il est probablement ma personne préférée sur cette Terre, avec Felix bien évidemment. Mon petit frère de cinq minutes, bien que j'aimerais qu'il ne grandisse plus, doit pencher sa tête pour pouvoir croiser mon regard. Il n'attend pas plus et se précipite vers moi pour me serrer dans ses bras.

   J'étouffe presque dans son étreinte et ses petites bouclettes viennent chatouiller mes joues.

   — Bon sang, Chan, arrête la muscu, je vais crever si tu continues.
   — Jamais, je dois garder la forme pour le rugby.

   Il rit avant de se détacher de moi. Mon frère est un électron libre, il a tellement d'énergie depuis tout petit que Amelia a dû l'inscrire à deux activités sportives alors qu'il n'avait que six ans. C'est pourquoi désormais, je me retrouve avec un grand gamin baraqué qui s'amuse avec une planche à roulettes dans les skateparks et qui plaque aussi
ses adversaires sur un terrain de rugby. Même avec ses activités, Chan finit toujours par nous emmerder avec l'énergie qui lui reste. Cet enfant est inépuisable.

   — Puisque tu as la forme, tu vas pouvoir m'aider à sortir tous les cartons dans mon coffre, lui dis-je en lui donnant une tape sur l'épaule.
   — Ah je pense pas pouvoir, tu viens de me déboîter l'épaule, quel dommage.

   Il fait une moue d'enfant qui, auparavant pourrait m'avoir parce que je suis trop gentille avec lui, mais il ne m'aura pas cette fois. Je fronce les sourcils et lui attrape le
tissu de sa manche pour l'entraîner avec moi jusqu'à ma voiture.

   — Non, je ne crois pas que tu vas pouvoir t'en sortir avec cette excuse.
   — Oh mais Mila, tu viens juste d'arriver tu veux pas plutôt t'asseoir sur le canapé et regarder la télé avec moi ?

— C'est tentant, je l'admets. Mais si je ne décharge pas maintenant, je ne le ferais jamais.

Je l'entends râler tandis que je commence à prendre un carton dans mes mains. Je l'observe intensément, attendant qu'il bouge pour m'aider et il finit par souffler
bruyamment avant de prendre deux cartons d'un coup. J'esquisse un sourire, amusée. Je dois garder en tête que mon frère est très utile pour soulever des charges lourdes, ça pourrait m'aider à l'avenir.

   Nous faisons trois allers-retours avant de se poser lourdement sur le canapé. J'halète bruyamment tandis que je peux entendre les battements de mon cœur dans mes oreilles.

   Je ne suis pas vraiment la plus forte pour ce qui est des activités physiques.

   Chan, quant à lui, a déjà la télécommande entre les mains et il fait défiler les différents films du menu. Il finit par cliquer sur un film mais je ne peux pas savoir de quoi il
s'agit, puisque j'ai déjà fermé les yeux pour calmer le reste de mes sens qui sont en alerte.

VIVRE C'EST POUR LES IDIOTS - 𝘢 𝘩𝘢𝘯 𝘫𝘪𝘴𝘶𝘯𝘨 𝘧𝘢𝘯𝘧𝘪𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯Where stories live. Discover now