CHAPITRE 20 • JISUNG

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   Les rues sont bruyantes depuis ce matin. Les gens déambulent tous dans les rues depuis huit heures et ils parlent beaucoup trop fort alors qu'ils passent devant les maisons. Ils oublient qu'ils ne sont pas seuls au monde et que des gens aimeraient dormir tranquillement. Je souffle en m'asseyant sur le canapé, encore à moitié endormi.

   — Jiji, tu n'oublies pas que ce soir on va voir le feu d'artifice sur la plage.

   — Pourquoi il y a un feu d'artifice déjà ?

   — La Saint-Valentin mon chéri, c'est le quatorze février aujourd'hui. On célèbre l'amour.

   — Oh d'accord, il y aura beaucoup de monde ?

   Ma mère se tourne vers moi et souffle légèrement. Elle sait que c'est dur pour moi de me montrer aux autres, cela fait des années qu'elle supporte ça avec moi. Elle vient me caresser la joue pour me rassurer et je penche ma tête pour profiter de son contact.

   — J'aimerais qu'il n'y ait pas grand monde mais c'est un jour de fête, les gens vont forcément sortir.

   J'acquiesce en fermant les yeux et me rapproche de ma mère qui est assise à l'autre bout du canapé. Je pose ma tête contre son épaule pendant que son bras entoure mes épaules pour me coller contre elle. Elle commence à jouer avec des mèches de mes cheveux et nous restons ainsi pendant quelque temps. Ma respiration en accord avec la sienne, sa peau douce contre la mienne et ses caresses qui m'apaisent depuis toujours, je me sens bien en ce moment. Mais je sais que ça ne va pas durer, que le calme va laisser place à la tempête, que je vais devoir faire face au monde dehors et toutes les choses qui me font peur.

   J'aimerais rester dans les bras de ma mère pour toujours, mais même elle finira par partir un jour. J'ai encore du mal à me dire que ma mère n'est pas immortelle, après tout ce qu'elle a traversé, elle ne peut pas mourir. Je ne peux pas m'imaginer sans elle, elle m'a mise au monde, elle m'a appris tellement de choses et je devrais ensuite faire ma vie sans elle à mes côtés ? Non, je refuse de croire qu'il y a un après. Je vais me retrouver seul à devoir affronter mes craintes, à fuir mes doutes alors qu'elle m'accompagne depuis ma naissance dans ces épreuves.

   — Ne commence pas à te triturer l'esprit, tu ne seras pas seul Jiji. Il y aura Amelia et ses enfants. Tu t'entends bien avec eux, pas vrai ?

   Je relève la tête et souris à ma mère qui m'ébouriffe les cheveux. Je grogne et essaye de me recoiffer alors qu'elle ricane. Elle se penche et vient déposer un baiser sur mon front. Je mords ma lèvre et retiens mes larmes de couler. J'aime ma mère plus que tout au monde. Qu'est-ce que je vais devenir sans elle ?

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   Les enfants jouent ensemble et remplissent le parc de leurs rires. La musique sort des enceintes qui sont de chaque côté de la scène devant nous et les gens parlent et rigolent, un verre à la main. C'est la première fois que j'assiste à ce genre d'événement, tout est grand ; l'espace, les gens, la nourriture, vraiment tout. Je me sens assez perdu, alors que tout le monde semble savoir pourquoi il est là.

   — Diane, ici ! s'écrit une voix aiguë au loin.

   Je tourne la tête vers la voisine qui lève son bras pour faire signe à ma mère et moi de venir. Ma main agrippée au manteau de ma mère, je la suis sans rien dire, trop intimidé par l'atmosphère de l'endroit.

   Nous arrivons devant elle, et la saluons. Mes yeux cherchent mon acolyte musicale, mais je ne parviens pas à la trouver. Je commence à stresser, la boule dans ma gorge devenant de plus en plus présente. Et si elle n'était pas venue finalement ? Peut-être qu'elle est malade ? Ou alors elle ne veut plus passer du temps avec moi ? Après s'être confié à moi à la plage, peut-être qu'elle s'en veut et qu'elle ne veut plus me voir ? Oh non, je vais devoir passer la soirée seul et je n'aime pas ça.

VIVRE C'EST POUR LES IDIOTS - 𝘢 𝘩𝘢𝘯 𝘫𝘪𝘴𝘶𝘯𝘨 𝘧𝘢𝘯𝘧𝘪𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin