CHAPITRE 16 • MILA

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<< We got nothing to lose, we are damn cool >>
damn cool — skip the use

   Pour la première fois depuis que je suis revenue de La Rochelle, j'ai la maison pour moi toute seule. Ma mère est partie en virée shopping avec deux autres mères du quartier, Mercedes bosse dans un petit café près de la plage et comme on est mercredi après-midi, Chan a son entraînement de rugby. Je ne sais pas ce que je vais faire pour l'instant, mais j'improviserai, il y a forcément quelque chose à faire dans le salon ou dans ma chambre.

   Cela fait quatre jours que je bosse sans arrêt sur mon piano. Quatre jours que Jisung m'a fait la proposition de devenir un duo musical. Je l'ai pris pour un fou au début, mais c'est son rêve, alors si je peux l'aider à le réaliser, je le ferai. Je veux voir ses yeux briller et son sourire s'agrandir quand il se rendra compte de ce qu'il a accompli. Alors pour être à la hauteur et ne pas le décevoir, je me suis acharnée sur les notes de mon clavier. Ne pas en avoir joué pendant un an m'a fait perdre quelques notions mais avec de la pratique, je vais m'en sortir et tout retrouver.

   Mes doigts se posent délicatement sur les touches de mon instrument. Je fais abstraction de tout ce qui se passe autour de moi. Je tente de ne plus penser, d'oublier le passé et mes doutes envers le présent et le futur. J'écoute juste la mélodie que je crée. Le temps passe jusqu'à ce que l'on sonne à la porte. Je m'arrête de jouer et jette un coup d'œil à l'heure. Qui viendrait me gêner à trois heures de l'après-midi ?

   — Mila ! Mila ! Mila ! Ouvre la porte !

   Oh pas de panique, c'est juste Jisung. Je lève les yeux au ciel en me levant sous les coups incessants et rapides de mon voisin sur ma porte d'entrée. Je perds rapidement mon sourire en coin lorsque je vois le garçon en face de moi, un chaton noir dans les bras. Je fronce les sourcils et interroge Jisung du regard. Il me sourit de toutes ses dents et me pousse légèrement pour entrer dans le salon. J'écarquille les yeux et ferme la porte pour le rejoindre sur le canapé. Il caresse délicatement l'animal qui se repose sur ses genoux. Je me stoppe devant lui et croise mes bras en attente d'explication de sa part. Je racle ma gorge et il lève enfin son regard sur moi.

   — Tu comptes m'expliquer ce que tu fais là ou je dois encore attendre longtemps ?
   — Hum, tu promets que tu vas pas t'énerver ?

   — Évidemment, je vois pas pourquoi je serais en colère, je suis pas ta mère.
   — Je suis allé faire des courses pendant que ma mère est partie retrouver d'anciennes amies à elle et j'ai...
   — Attends, t'y es allé tout seul ? Sans personne ?
   — Oui, je sais, ça paraît impossible mais après avoir pleuré une bonne dizaine de minutes dans ma salle de bain, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai fait les courses par moi-même sans paniquer.
   — Mais c'est super ça, Ji. T'as réussi à affronter tes peurs !
   — Je me suis ridiculisé devant la caissière mais je préfère ne pas en parler. Enfin bref, le plus important c'est qu'en rentrant, il y avait un carton sur le trottoir avec un bébé chat adorable et il me regardait avec des yeux qui me suppliaient de le prendre avec moi. Alors c'est ce que j'ai fait. Mais j'ai peur que ma mère ne soit pas d'accord pour le garder.
   — Attends, attends, attends. T'as pris un chaton qui traînait dans la rue sans même te demander s'il appartenait à quelqu'un ni si tu pouvais toi-même t'en occuper ?
   — Mila, il était dans une boîte, ça veut dire que quelqu'un l'a abandonné et n'en voulait pas. C'est horrible, je pouvais pas passer devant sans l'emmener, je suis sûr qu'il sera bien mieux avec moi, hein Johnny ?

   Il se penche vers le chat noir qui miaule lorsque mon voisin lui caresse derrière les oreilles. L'animal frotte sa tête contre la main d'Han, à la recherche de plus de contact. J'observe la scène, surprise avant de m'exclamer :

VIVRE C'EST POUR LES IDIOTS - 𝘢 𝘩𝘢𝘯 𝘫𝘪𝘴𝘶𝘯𝘨 𝘧𝘢𝘯𝘧𝘪𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯Where stories live. Discover now