CHAPITRE 18 • JISUNG

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   Un sourire sur le visage et ma guitare entre les mains, je joue sans vraiment m'en rendre compte. Le son des accords parvient à mes oreilles et laisse en moi une sensation de bien être pendant que mon esprit est ailleurs. Je pense à elle, à son sourire, au son de sa voix, à la sensation de sa main contre la mienne. Elle renferme tellement de secrets, j'aimerais tous les apprendre. Je lui ai parlé des miens et désormais, je n'ai plus peur. Je sais qu'elle est là pour moi. Mais parfois, j'ai des doutes sur ce qu'elle ressent quand elle est avec moi. Est-ce qu'elle se sent en confiance ?

   En tout cas, elle l'est assez, je pense, pour jouer de nouveau avec moi. Savoir qu'elle a réappris à aimer la musique grâce à moi me rend fier.

   Je me suis habitué aux moments que l'on passe ensemble. Sa présence apaise la tristesse et les pensées dérangeantes qui font surface dans ma tête. J'aimerais savoir si c'est pareil de son côté lorsque nous sommes ensemble.

   — Jiji, n'oublie pas ton maillot de bain !

   Je sursaute et arrête de jouer en entendant ma mère. Je prends mon téléphone pour regarder l'heure et me dépêche de ranger mes affaires pour me préparer. Aujourd'hui est une énième visite de la ville et nous allons à la piscine. Je ne suis pas très emballé par l'idée de me mettre en maillot de bain devant des centaines de gens, surtout alors que nous sommes fin janvier, mais je ne veux pas déranger ma mère en restant à la maison et puis qui sait, peut-être que Mila sera là elle aussi.

   Le trajet se fait comme d'habitude jusqu'à ce que j'entende le son des cris et des rires des enfants. J'observe avec attention le bâtiment qui ne m'est pas familier.

   — Oh trop bien c'est Jisung ! Eh Ji ici !

   Je fronce les sourcils. J'ai déjà entendu cette voix quelque part. Je me retourne et fais face à trois jeunes de mon âge que je connais plutôt bien, après tout ce sont les seules personnes que je connaisse ici. Le blond décoloré me fait de grands gestes en sautant sur place pour que je le remarque, le brun à côté de lui me fait un simple signe de la main avec un grand sourire aux lèvres tandis que la brune a ses bras croisés sous sa poitrine et m'observe avec un petit rictus sur le visage.

   Elle a de nouveau cet air hautain et fier sur le visage. Elle a remis son masque, comme si nous n'avions pas passé du temps ensemble il y a deux jours. Je remarque quand même qu'elle est moins fermée qu'elle ne l'était au tout début de notre rencontre, un signe encourageant pour moi. Mes efforts à créer un lien entre nous ne sont peut-être pas si vain que je ne le pensais.

   Pourtant malgré les instants de complicité que je ressens entre nous, malgré cette force invisible qui me pousse vers elle comme si nous étions reliés par un fil, malgré tout ce que j'ai l'impression qu'elle tient à me tenir à distance, qu'elle ne voudrait pas trop s'approcher de moi non plus. Chaque fois que l'on se revoit, j'ai l'impression que nous redevenons des inconnus, que nous devons prendre un peu de temps avant de s'habituer à nouveau à l'autre, comme si tout reprenait à zéro. Elle est cette fille au regard puissant et à la flamme ardente tandis que je suis l'étranger perdu qui ne rêve que de me brûler dans ce feu si attirant.

   Je l'observe de loin, intimidé par sa présence et elle s'amuse à me pousser dans ses filets, me prenant au piège dans son emprise envoûtante.

   — Alex, Jade, je vous présente mon fils Jisung.

   La voix de ma mère me ramène à la réalité et je lève la tête en direction des deux adultes face à nous. Ils m'offrent un grand sourire auquel je réponds en m'inclinant légèrement, intimidé. Même si la femme est plus petite que moi et a l'air très gentille, son mari fait ma taille et ses bras musclés dans son manteau presque trop petit me rappelle que je ne fais pas le poids avec mon corps frêle et ma force presque inexistante.

VIVRE C'EST POUR LES IDIOTS - 𝘢 𝘩𝘢𝘯 𝘫𝘪𝘴𝘶𝘯𝘨 𝘧𝘢𝘯𝘧𝘪𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯Where stories live. Discover now