CHAPITRE 26 • JISUNG

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   Il fait chaud, très chaud. Je ne pensais pas qu'il puisse faire aussi chaud dans ce coin, surtout pour le début du mois d'avril et pourtant, il faut croire que j'avais tort. Je ne sais pas quoi faire, la chaleur est trop pesante pour bouger.

   Les fenêtres sont fermés, les volets aussi, et nous avons sorti les vieux ventilateurs qui étaient dans le placard. Je ne comprenais pas pourquoi ma mère les avait pris dans le déménagement mais finalement, je ne regrette pas qu'elle l'ait fait.

   — Vraiment ? Oh mais avec plaisir Amelia ! Je préviens mon Jiji et on arrive.

   Je grimace en entendant ma mère encore utilisé ce surnom enfantin au téléphone. Cela ne me dérange pas qu'elle l'utilise en famille mais pas en public, je n'ai plus cinq ans.

   Mes cheveux volent avec l'air du ventilateur et je lève les yeux vers ma mère qui me sourit. Je pourrais lui dire que ce surnom me gêne et qu'elle doit arrêter de l'utiliser, mais en la voyant aussi radieuse, je ne fais rien. Ce n'est pas tout le monde qui peut prétendre avoir une relation aussi parfaite avec sa mère, ni la voir aussi souriante tous les jours juste parce qu'elle voit son fils adoré.

   Ma mère est tout ce que j'ai, du moins si on enlève Mila de l'équation, alors je compte bien chérir chaque moment avec elle. Je vais la rendre fière, je veux revoir son regard briller lorsqu'elle me voit sur scène.

   — Jiji, va mettre ton maillot de bain, on va se baigner.

   — À la piscine de la ville ?

   Je fronce les sourcils, craintif. Je ne veux pas aller à la piscine. C'est une catastrophe il y a quelques mois, je me souviens encore de notre dernière virée là-bas. La piscine est tout simplement un enfer. Les enfants hurlent sans faire attention aux autres, les parents surveillent à la limite de la crise cardiaque et on ne peut pas faire dix mètres sans devoir éviter quelqu'un. Non, plus jamais je ne veux remettre un pied dans cet endroit.

   — Non mon chéri. Les voisins ont une piscine.

   Mon visage s'illumine et je souffle de soulagement. Je n'avais vraiment pas envie d'aller à la piscine municipale.

   Je me lève du parquet sur lequel j'étais assis, et me dépêche de mettre mon bermuda.

   Je vais pouvoir revoir Mila !

———————

   Il fait presque nuit et la lourdeur dehors est enfin tombée, laissant place à la fraîcheur du soir. Amelia a proposé que l'on reste manger et bien évidemment, ma mère n'a pas pu résister. Le repas était parfait, je dois avouer que la nourriture française est incroyable, je n'avais jamais rien goûté d'aussi bon !

   Alors que le repas s'éternisait avec les ragots que Amelia raconte à ma mère, Mila et moi nous sommes réfugiés dans sa chambre pour passer du temps ensemble.

   Je ne sais pas pourquoi, mais Mila refuse de parler à sa mère. Que ce soit à propos de sa journée ou de l'ampleur que commence à prendre notre duo musical, même notre relation est inconnue à Amelia. Personnellement, j'ai couru le dire à ma mère parce que je savais qu'elle serait heureuse de me voir aussi content. Mais Mila n'a rien fait, elle n'a jamais rien dit à sa mère, elle a toujours tout gardé pour elle, ou alors elle le raconte à Felix.

   — C'est pour ça que je considère Radiohead comme un des plus grands groupes de l'industrie musicale parce que...

   Elle ne finit pas sa phrase, interrompue par la sonnerie de son téléphone. Elle se redresse et fronce les sourcils avant de décrocher, hésitante.

VIVRE C'EST POUR LES IDIOTS - 𝘢 𝘩𝘢𝘯 𝘫𝘪𝘴𝘶𝘯𝘨 𝘧𝘢𝘯𝘧𝘪𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯Où les histoires vivent. Découvrez maintenant