CHAPITRE 22 • JISUNG

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   Oh mon dieu. Qu'est-ce que j'ai fait ?

   J'ai l'impression que mon crâne va exploser et les médicaments ne font toujours pas effet. Je n'avais jamais bu d'alcool avant et je ne compte pas en reprendre de si tôt.

   Certes j'ai dû m'amuser hier soir, mais je ne me souviens presque plus de rien et je regrette désormais d'avoir voulu boire autant alors que je savais pertinemment que Mila m'avait prévenu de faire attention. Mais il a fallu que j'essaye de faire comme elle en buvant des verres rapidement et maintenant mon estomac fait des siennes.

   Ma tête au-dessus des toilettes et mes mains autour de mon ventre, je prends de grandes inspirations dans l'espoir de faire disparaître la sensation désagréable dans mon
estomac. Malheureusement, après avoir vomi deux fois, il faut croire que j'en ai encore à revendre. Je souffle en posant mon dos et ma tête contre le mur, mon regard concentré sur le plafond. Je me mets à penser à la soirée et la façon dont Mila m'a fait sortir de chez elle à toute allure quand elle a reçu un message de sa mère qui la prévenait de son arrivée. J'étais encore endormi lorsqu'elle m'a mise dehors, ma veste et mes chaussures
dans les bras. Je n'ai même pas eu le temps de réaliser ce qu'il se passait, je suis revenu chez moi par automatisme.

   Ma mère était toujours avec Madame Bailey quand je suis rentré, ce qui m'a rassuré. Je ne veux pas que ma mère me voit dans cet état. Même si je sais qu'elle est  gentille et que ce sont des choses que font la plupart des jeunes de mon âge, elle a besoin de moi et ce n'est pas le moment de s'éparpiller. Je dois être présent aux côtés de ma mère.

   Je me souviens avoir composé une chanson pour que Mila puisse s'exprimer hier soir, je me souviens m'être servi plusieurs verres sans qu'elle ne s'en aperçoive, je me  souviens avoir dansé avec elle mais après, le reste est un peu flou. La construction de la cabane en couverture, Mila qui s'installe dedans, moi qui la suit, nous deux allongés et...

Oh non ! Non, non, non, je refuse de croire que... C'est impossible, je n'ai pas pu faire ça !

   Je grogne et essaye de me lever du sol pour me diriger dans la salle de bain. Ma tête me fait mal et je passe ma main dans mes cheveux avant de me tenir le front. J'arrive devant le miroir et m'arrête pour observer mon reflet. Je fronce les sourcils et plisse les yeux à cause de la douleur mais je parviens tout de même à distinguer des marques le long de mon cou et sur ma clavicule gauche. Je tente de me rapprocher du miroir et écarte mon t-shirt pour avoir mieux accès à ma peau. Je ne peux ignorer la couleur rouge voire violette pour certaines des marques, je ne suis pas stupide, je sais exactement ce que c'est. Malgré les évidences devant mes yeux, je ne peux m'empêcher de douter. Je mords ma lèvre et commence à repenser à mes actions hier soir. Je n'aurais jamais pu faire ça, moi qui ai toujours peur de la réaction des gens par rapport à mes actes, moi qui bégaye le moindre mot que je dois prononcer devant des gens, moi qui nesuis rien qu'un idiot rempli de peur dès que je dois sortir de ma chambre. Je n'ai pas pu  initier tout ça, je me suis simplement fait piquer par des moustiques. Oui ça doit être ça,
c'est l'hiver certes, mais ça reste tout de même possible, pas vrai ?

   Et pourtant je le sais, je m'en souviens. Je me souviens de la chaleur de ses lèvres contre les miennes, de ses doigts agiles qui parcourent ma peau, de nos respirations irrégulières et notre envie de toujours avoir plus. Je me souviens de notre proximité, de
notre besoin de l'autre. Mes sens étaient multipliés par mille à ce moment-là et je pouvais entendre mon cœur battre dans mes propres oreilles. Je ne veux pas y croire et
pourtant, les papillons reviennent dès que mon esprit se rappelle de cette nuit.

   — Jiji, je suis de retour !

   Je reviens à moi et mes doigts qui étaient posés sur mes lèvres se retrouvent de nouveau dans mes cheveux pendant que je réponds :

VIVRE C'EST POUR LES IDIOTS - 𝘢 𝘩𝘢𝘯 𝘫𝘪𝘴𝘶𝘯𝘨 𝘧𝘢𝘯𝘧𝘪𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯Où les histoires vivent. Découvrez maintenant