Chapitre 25

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Je ne réalisais pas que j'étais revenue au cœur de la Chambre tant les battements du mien étaient assourdissants. Le choc m'empêchait d'assimiler tout ce que je venais d'apprendre. Une partie de mes pouvoirs me manquait toujours. Je n'étais pas une Mage Suprême mais la magie incarnée. Lissa avait bloqué lesdits pouvoirs avec une potion quand j'étais enfant. Ces informations tournaient en boucle dans ma tête et je m'effondrais au sol, un rire hystérique s'échappant de mes lèvres.

Encore un mensonge, encore un sale coup envers l'enfant que j'étais. Qu'avais-je bien pu leur faire, à part naître avec un pouvoir trop grand pour moi ? Un pouvoir que je ne comprenais même pas. Des sanglots de rage remplacèrent mon rire dément. Si puissante, hein. J'avais le sentiment que ma courte vie ressemblait à une vaste blague, que je n'avais fait que pleurer en attendant que l'on m'apporte les réponses. En ce moment même, d'autres se battaient à ma place, risquant leur vie pour moi. C'était à mon tour de faire quelque chose pour eux.

J'essuyais mes larmes et me redressait, envoyant une vague de magie éclairer les lieux. Cette fois-ci, elle chassa l'obscurité, révélant une pièce circulaire avec, en son centre, un pentagramme encerclé, accompagné de millions de symboles. Un cercle d'alchimie digne d'Edward Elric. Je me secouais mentalement et m'installais au centre de l'œuvre. J'ignorais comment, mais je savais que c'était la chose à faire. Je pris une profonde inspiration et fermais les yeux. Jusqu'ici, la Chambre des Cauchemars m'avait toujours apporté des réponses que j'ignorais chercher. Il était temps de demander celles dont j'avais besoin, et de récupérer la partie de mes dons qui me manquait.

Quand je rouvris les yeux, je su tout de suite que quelque chose n'allait pas. La Chambre était baignée de lumière alors qu'elle était encore relativement obscure quelques instants auparavant, malgré ma magie. Mon corps me semblant plus léger, je baissais les yeux sur mes mains, qui s'écarquillèrent quand je compris qu'elles étaient transparentes. J'observais mon environnement et parvins à la conclusion que je n'étais plus dans la Chambre. Je me trouvais au milieu d'une route qui se divisait en trois branches devant moi. Le passé, le présent, le futur. Cette certitude s'imposa à moi de la même façon que j'avais su où m'installer pour arriver ici. Je fis quelques pas en direction du passé lorsqu'une main se posa sur mon épaule. Je fis volte-face pour me retrouver nez à nez avec mon père. Jasper. Il me sourit d'un air triste et je sus que, cette fois, c'était son véritable esprit qui me faisait face.

- Summer, ma fille. Bienvenue dans la mémoire collective.

Je fronçais les sourcils à ses mots, qui me rappelaient quelque chose.

- La mémoire collective, marmonnais-je. Mon grand-père m'en a parlé.

- En effet, acquiesça Jasper. C'est ici que les mémoires de tous les êtres magiques d'Ecosse se retrouvent à leur mort.

- Qu'est-ce que je fais ici alors ? Je ne suis pourtant pas morte.

- Non, rit il, tu n'es pas mort. Mais tu es l'incarnation de la magie, de l'équilibre. Et tes dons héréditaires te donnent accès à l'esprit des gens, et donc à leur mémoire. Tu peux venir ici aussi facilement que tu peux te téléporter. Je t'attends depuis longtemps.

- Je sais, soupirais-je. Je ne fais que décevoir ceux qui m'entourent en étant incapable d'user correctement de mes dons.

- Ne te méprends pas sur mes paroles ma chérie. Je ne te critiquais pas. Comment pourrais-tu connaître ou maîtriser tes dons, quand ils ont été bloqués et que personne ne t'a guidée pour les comprendre ?

- Merci de le reconnaître, marmonnais-je.

- J'ai peu de temps Summer, alors je vais faire vite. Le fait que tu sois ici indique que tu as retrouvé toute ta puissance. La mémoire collective peut t'aider à comprendre leur histoire, ton histoire, comment user de tes dons et ce qu'ils impliquent. Mais prends garde. Il est facile de se perdre dans les souvenirs des uns et dans les visions des autres. Quand tu voudras revenir, il te faudra simplement prendre le chemin du présent. Tu as bien compris ? Alors il est temps pour moi de te faire mes adieux, dit-il tandis que je hochais la tête.

- Merci, murmurais-je. Tu n'étais pas le meilleur des pères, mais je comprends que tu as voulu me protéger. Merci à tous les deux, d'avoir donné votre vie pour la mienne.

- Merci à toi de ne pas avoir abandonné, d'avoir vu la beauté de ce que la vie a à offrir.

- Tu peux remercier Hayden pour ça, pouffais-je.

- Ce garçon t'était destiné. Vous êtes appelés à faire de grandes choses ensemble. Ne laisse pas Lissa te le prendre. Je t'aime ma fille, conclut-il en me serrant contre lui .

- Je t'aime aussi.

Il déposa un baiser sur mon front et disparut. Je pris quelques secondes pour me reprendre et me retournais d'un pas décidé sur le chemin du passé.

L'Héritière PerdueKde žijí příběhy. Začni objevovat