Simone 😨

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En me couchant je cogite. Malgré ce qui s'est passé, j'aimerai savoir comment va Nate, mais je suis bien trop fière pour l'appeler.

Je tente un message à Jo;

« Hello. Comment va la lèvre de Nate ? »
« Coucou, je ne sais pas. Une fois dehors il a pris sa voiture et est parti sans dire un mot. »
« Tu n'as plus eu de ses nouvelles depuis ? »
« Non. Tu devrais peut-être l'appeler Divy »
« Mouais »
« Mis à part ça, la soirée était sympa, merci pour l'invitation »
« Merci à toi pour tout ! Et si tu as des nouvelles, redis-moi, s'il te plait »

Je retourne mon téléphone dans mes mains, je ne sais pas quoi faire. Devrais-je appeler Nate pour prendre de ses nouvelles ? Etonnement il n'a pas essayé de me joindre. La nuit porte conseil, je verrai demain.

La nuit fu courte, je n'ai quasiment pas fermé l'œil. Je ne vais pas appeler Nate. Après son aventure avec la blonde dans son bureau, puis l'agression de Tom dans mon appartement, je pense qu'il est préférable que je prenne définitivement mes distances avec lui. Tom n'a pas voulu de visite, toutefois j'ai pu lui parler au téléphone et lui présenter mes excuses. Il a une fracture sévère du nez avec déviation de la cloison nasal et s'est fait opérer le jour-même. C'est injuste, cette violence ne peut être justifié.

Dimanche soir je m'isole dans ma chambre, faisant un feedback des événements de ces dernières semaines. Depuis que des hommes sont entrés dans ma vie, en particulier un, il n'y règne que complication et KO. Plusieurs incidents, menace sur ma personne, dispute, agression, problème au travail et j'en passe. Sincèrement est ce que tout cela en valait réellement la peine ? Ne devrais-je pas retrouver ma routine, ma vie paisible d'avant, sans attache, sans sentiments. Je me sens tellement blessée par les actes de Nate, qu'il faut impérativement que je me barricade de tous sentiments. J'avais déjà ressenti cela après l'abandon de ma mère et je me suis jurée de ne plus jamais souffrir à cause d'autrui.

Lundi ma décision est prise, je vais consacrer toute mon énergie sur mon travail. C'est ainsi que ça doit être. Mon travail me passionne et je dois m'y investir à 200%. J'ai un objectif à atteindre et personne ne pourra me mettre de bâtons dans les roues.

Au bureau, je suis déchainée, ce lundi j'abats un travail considérable. Je n'ai jamais été aussi productive. J'ai plus de trois semaines d'avance sur ce que je dois faire pour Blanchard. À ce rythme tout sera boucler à temps et je pourrai envoyer la maquette en avance pour la validation. Si cela se passe bien, je n'aurai pas besoin de décaler mes vacances d'été.

Simone me convoque dans son bureau.

- Divy c'est important. Fermez la porte s'il vous plait.
- Bien sûr. Que se passe-t-il ?
- Je vais devoir m'absenter un certain temps. Vous devez reprendre les reines, il n'y a qu'en vous que je puisse avoir confiance.
- Votre demande m'honneur. Mais je suis inquiète, que se passe-t-il ?
- Je ne souhaite pas en parler pour le moment. Je compte sur votre discrétion, tout ce que je peux vous dire pour l'instant c'est que c'est une question de semaines.
- Et à partir de quand ?
- Immédiatement.
- Quoi ? Là tout de suite ?
- Exactement. Je suis consciente du poids qui va peser sur vos épaules. En particulier en cette période. Cependant, je ne peux faire autrement.
- Simone, vous pouvez compter sur moi. Je vous enverrai un compte rendu tous les vendredis.
- C'est parfait. Vous pouvez disposer.

Bon, finalement mes plans risquent d'être un peu bousculé. Je vois Simone quitter le bureau sans dire un mot à personne. Steven court immédiatement dans mon bureau.

- Divy, que ce passe-t-il ? Simone m'a informé qu'elle s'absente et que dorénavant je dois m'adresser à toi.
- Steven, convoque immédiatement tout le personnel dans la salle d'exposition, s'il te plait. Réunion d'urgence. Après la réunion, retrouve-moi dans mon bureau et nous en discuterons.

À peine 10 minutes plus tard, tout le personnel est réuni comme je l'ai exigé. J'ai immédiatement su que Steven est l'homme de la situation.

- Bonjour à tous, et merci d'être venu si rapidement. Merci Steven !
Je vous informe que Simone doit s'absenter un certain temps. Inutile de fabuler, on ne sait pas pour combien de temps, ni pourquoi. Cependant, je vous demande votre aide pour tenir le bateau à flot pendant son absence.
Rien ne doit être validé ni envoyé sans que je ne l'aie supervisé. Toutes transactions, demandes, validations et j'en passe, passe uniquement par moi. Un compte-rendu hebdomadaire sera transmis à Simone les vendredis.
Je ne veux aucune rumeur, bruit de couloir ou information à des tiers à ce sujet. Tout non-respect sera immédiatement sanctionné.
Steven vous fera parvenir certaines informations par courriel et bien évidemment dès que j'aurais plus d'informations concernant l'absence de Simone, je vous en informerais. Maintenant je vous laisse retourner à vos tâches. Merci beaucoup pour votre attention.

Je reviens dans mon bureau ou Steven m'y attend déjà.
- Tu vas me dire ce qui se passe Divy ?
- J'aimerai bien, mais j'en ai aucune idée, je te le jure. Elle m'a demandé de reprendre les reines un certain temps, c'est tout ce que je sais.
- Juré ?
- Je te le jure ! Dorénavant, tu es mon bras droit. Pas un secrétaire, mais mon bras droit Steven, j'ai besoin de toi.
- Tu peux compter sur moi Divy ! Et au fait, comment va ton prince charment ? Il pourra enfin venir au bureau sans que tu n'aies de problème...
- Je ne pense pas. C'est terminé et c'est mieux ainsi.
- Mais non, pourquoi ?
- Je te raconterai une prochaine fois, là nous avons des choses prioritaires à mettre en place.
- Ça marche, patronne.

Je lève les yeux au ciel.

- Je ne suis pas ta patronne.

Me voilà temporairement à la tête d'une des sociétés les plus prestigieuses de la ville. Je dois l'avouer, j'en suis très fière. Je suis jeune et cette expérience pèsera dans mon CV, c'est indéniable. Je compte en tiré un maximum de profit. Simone aurait pu le demander à des personnes plus expérimentées ou avec plus d'ancienneté, mais non, c'est à moi qu'elle s'est adressée. Cependant, ma curiosité me pèse, pourquoi s'absente-elle aussi soudainement.

Ma première journée consiste à comprendre quelles sont les tâches de Simone, hors de ses projets que je connais déjà par cœur.
La liste est longue et beaucoup d'employés à superviser. Je n'ai pas la même méthodologie que Simone, des changements seront nécessaires. Je vais devoir déléguer et responsabiliser les employés. Simone ne délègue que très peu de taches, je préfère me baser sur une relation de confiance avec les employés et leur demander un investissement personnel. Je ne souhaite pas brusquer mes collègues par ces changements, devenir leur responsable temporaire doit se passer en douceur.

C'est ainsi que les jours s'enchaînent. Au début, je me suis sentie complétement submergée, puis au fur et à mesure, mes stratégies se mettent en place, je peux enfin voir le bout du tunnel. Les semaines passent et j'ai enfin l'honneur d'envoyer mon dossier Blanchard pour le concours.
Steven est formidable, sans lui, les choses seraient bien plus compliquées. Je remercie intérieurement Simone d'avoir dénicher un employé si précieux, ce qui est rare de nos jours. Cette situation nous rapproche avec Steven, nous avancons main dans la main et une belle amitié se crée.

Que dire sur le plan privé, je n'ai plus eu de nouvelles de Nate depuis que je l'ai ouvertement repoussé et lui ai dit que je ne voulais plus jamais le revoir. Maintenant les choses sont telle qu'elles sont, je me dis que c'est ainsi que ça doit être. Toutefois, je ressens un vide intérieur, il me manque terriblement, je n'arrive toujours pas à me sortir les images de cette femme dans son bureau, ces images m'obsèdent et me blessent encore à ce jour.
Les filles sont de plus en plus chez leurs copains respectifs, je les sens épanouies et mon cœur est comblé de les voir heureuses.
Elie cartonne avec sa société, son investissement paye, c'est formidable.
Frany a des rêves et des projets fous, Ed lui apporte tant dans son épanouissement. Il l'épaule et la pousse à donner le meilleur d'elle-même.
Tom est parti au Canada. Je n'ai plus eu de ses nouvelles. J'aurai aimé le voir, pour m'excuser une dernière fois de vive-voix. Je n'ai simplement pas trouvé le temps avec la charge de travail qui m'incombe. J'ai involontairement pris mes distances avec Jo, je pense que sa proximité avec Nate y est pour quelque chose. J'aurai aimé passer plus de temps avec elle, approfondir cette amitié naissante, car il y avait une réelle connexion entre nous deux. Mais elle est beaucoup trop proche de Nathanaël. Du côté de mon père, il est toujours très présent dans ma vie et suis mes aventures comme si nous étions dans un feuilleton télévisé, il s'inquiète pour moi, comme tout bon papa.

Ce mercredi matin, je reçois enfin un appel de Simone, le premier depuis son absence. Nous avons jusqu'à présent principalement communiqué par courriel ou messages.

- Bonjour ma chérie.
- Simone, je suis si heureuse de vous entendre. Comment allez-vous ? Vous revenez prochainement ?
- Divy j'aurai besoin de vous rencontrer pour reprendre certains points avec vous. Auriez-vous la possibilité de passer chez moi ce soir ?
- Bien évidement. A quelle heure ?
- 18:00 sera parfait.

Je suis très heureuse de l'avoir au téléphone et j'ai plein d'informations à lui transmettre. J'ai préparé tout un dossier pour lui expliquer comment j'avais fait tourner la société pendant son absence. Je pense que ça lui sera utile pour la reprise.

En fin d'après-midi, je prends ma Tesla et me rends chez Simone, tout excitée de lui montrer le travail que j'ai accompli.
Je sonne à la porte, Luca m'ouvre et m'enlace en guise de bonjour.
Comme à chaque fois que je me rends dans cette maison, je suis subjuguée par sa beauté, c'est un paradis et il y a de quoi s'émerveiller. Avançant dans ces lieux que je connais très bien, j'admire encore une fois l'architecture des lieux, mais mes jambes sont littéralement sciées sur place, je m'effondre comme si une voiture m'avait fauchée. Je suis à-même le sol, impossible de reprendre la force de me relever, les larmes ruisselant sur mes joues, peinant à calmer ma respiration. Luca vint m'aider à me relever, il m'escorte jusqu'à ce petit bout de femme, frêle, pâle, allongée sur un lit médicalisé avec des appareils branchés de part et d'autre. Mon monde s'effondre. Je ne suis plus capable articuler et ne sais pas quoi dire face à cette situation choquante et inattendue.

- Ma chérie, je suis désolée de ne pas vous l'avoir dit avant. Je ne m'en sentais pas la force. Aujourd'hui, je n'ai plus le choix, la situation est ainsi et vous devez être mise au courant.

Je sanglote comme une enfant dans les bras de sa mère. La douleur de voir Simone ainsi alité, me donne la nausée.

- Divy, ne pleurez pas. J'aimerai que vous écoutiez attentivement ce que je vais vous dire. Les choses ne se passe pas comme prévu. Si le soir du Gala je vous ai demandé de me remplacer, c'est parce que j'avais fait des examens médicaux et avais un rendez-vous à Washington. On m'a diagnostiqué un cancer. Puis les semaines ont passé et la situation s'est dégradée. Divy ma chérie, vous devrez me remplacer plus longtemps que prévu.
- Simone, Simone, je vous remplacerai le temps qu'il faudra, je donnerai tout ce que j'ai pour que ça se passe bien et qu'à votre retour vous puissiez reprendre les rênes dans les meilleures conditions.
- Divy, je ne vais pas revenir.
- Comment ça ? Pourquoi ?
- J'ai un cancer généralisé, foudroyant. Je suis revenue à la maison pour profiter de mes derniers jours avec l'homme de ma vie.

Derrière nous Luca pleure à chaude larme. Et moi je ne peux plus sortir aucun son, étouffée par une boule dans la gorge.

- Divy, ma chérie, séchez vos larmes. J'ai eu une magnifique vie, j'ai été entouré d'amour et de personnes précieuses. Dieu donne et reprend, nous ne choisissons pas notre destin. Je n'ai plus beaucoup de force, prenez un stylo et notez ce que je vais vous dire :

Demain vous convoquerez tout le personnel dès votre arrivée au bureau. Vous informerez les collaborateurs de la situation. Je ne souhaite pas que la presse en parle et il me semble que vous avez des connaissances dans ce milieu qui pourrait limiter les fuites.
Derrière vous se trouve des documents que mon avocat a préparé à ma demande. Vous les signerez et lui retournerez ceci dès demain également. Ma famille n'est pas au courant de la situation. Ils en seront informés après votre départ. Ma Divy, vous êtes la fille que je n'ai jamais pu avoir et vous me rendez fière. Merci pour toute la joie que vous m'avez apporté.
Et bon sang, séchez-moi ces larmes jeune fille !

Des torrents coulent de mes yeux, impossible de me maitriser. Je ne peux ni cesser de pleurer, ni parler. J'essaie tant bien que mal de noter les informations qu'elle me transmet.

- Luca donne lui l'enveloppe.
Divy je me permets d'insister, vous devez signer ces documents et les renvoyez impérativement demain. Vous les signez et les renvoyez, compris ?
- Je ferai tout ce que vous me demanderez.

Elle écarte ses bras et je m'effondre dans sa faible étreinte. Je n'arrive pas à réaliser ce que je viens d'entendre. Mon cerveau refuse d'assimiler tout cela.
Luca met sa main sur mon épaule pour me faire comprendre qu'il faut que je parte.
Je prends l'enveloppe et embrasse Simone sur le front. Elle pose sa main sur ma joue et me remercie pour ce que je fais pour elle.
Avant que je ne quitte la maison elle m'appelle une dernière fois :

- Divy encore une chose ?
- Oui ?
- Nathanaël.
- Oui ?
- Vous savez très bien.

Je n'ai rien répondu et non, je ne sais pas où elle veut en venir.
Assise dans ma voiture, je ne peux démarrer, je pleure à chaudes larmes, je n'arrive tout simplement pas à me reprendre. J'envoie un message aux filles pour leur demander d'être présentes à mon retour au loft.
Nous arrivons toutes les trois au même moment et elles m'aident à avancer. Mes jambes sont en guimauves et mon cœur une nouvelle fois brisé. Elles pleurent avec moi, car elles savent ce que cette femme représente pour moi.

- (Elie) Combien de temps ?
- C'est une question de jour.
- (Elie) Et ses documents ?
- Je ne sais pas, mais ça doit être important, elle a beaucoup insisté.
- (Elie) Frany passe-moi l'enveloppe s'il te plait.
...
- (Elie) Oh Divy, mon Dieu. Ces documents, tu dois les lires. Maintenant !
- Qui a-t-il ?
- (Elie) Je te laisse voir par toi-même.

L'enveloppe contient des documents juridiques. Simone transfère tous ses avoir à mon nom, ainsi que la société. Ceci encore de son vivant, avec effet immédiat. Je n'en reviens pas.

- Je suis beaucoup trop jeune pour assumer cette responsabilité, je ne peux accepter. Et tout cet argent, c'est complètement démesuré.
- (Frany) As-tu le choix ? En qui d'autre a-t-elle confiance ?

Il est beaucoup trop tard pour rappeler Simone ou Luca. Je dois leur parler de ces documents dès demain matin.
Evidement nous n'avons pas dormi de la nuit. Elie s'occupera de surveiller les éventuelles fuites et Frany me promet d'être plus présente à la maison pour m'épauler.

Je au bureau à 06:30. Steven est arrivé peu de temps après moi, comme s'il avait pressenti que j'avais besoin de lui.
Dès qu'il me voit, il comprends que quelque chose se trame.

- Divy, qui a-t-il ?
- Steven, les nouvelles sont très mauvaises. J'ai vu Simone hier soir. Elle ne reviendra pas au bureau.
- Comment ça, elle ne reviendra pas ?

Je lui raconte tout en détail. Il ne prononce pas un mot, reste effondré sur une des chaises de mon bureau à me regarder béat.
Encore une fois, il organise la séance d'urgence et rassemble tout le personnel.

Avant de m'y rendre j'appelle Luca.

- Divy, Bonjour, votre appel ne m'étonne guère.
- Luca je ne peux accepter.
- Divy, elle n'a que vous. Nous avons déjà une fortune commune, son argent et sa société vous reviennent de droit, vous ne pouvez lui refuser cela.
- Je lui offre mon silence en guise de réponse.
- Merci Divy.

Tout le monde attend que je prenne la parole. Ces dernières semaines j'ai été professionnelle et j'ai géré d'une main de fer tout ce petit monde. Aujourd'hui je suis effondrée devant eux, les larmes aux yeux et le visage bouffi.

- Je vous remercie infiniment pour votre disponibilité. Votre présence est indispensable. Malheureusement, les nouvelles que je vais vous transmettre ne sont pas bonnes. Avant tout, je vous demande de garder ceci pour vous. Je vous en prie n'ébruiter rien, c'est le souhait de Simone.
Après avoir rencontré Simone hier soir, elle m'a informé que pour des raisons de santé, elle ne pourra plus revenir au travail. Et ceci à titre définitif. Simone est atteinte d'un cancer foudroyant, elle ne va pas bien.
Elle m'a donné une lettre que je vais vous lire en son nom.

« Mes chers collaborateurs et collaboratrices, ma famille professionnelle.
Je tiens à vous remercier pour toutes ces années de dévouement. Ma réussite vous est entièrement due. Vous m'avez apporté un soutien sans nom, vous avez fait prospérer cette entreprise et nous en sommes là, aujourd'hui, uniquement grâce à vous.
Voici venu pour moi le temps de quitter le navire. Je n'avais pu imaginer que cela se finirai ainsi, mais quel beau cadeau m'offre le destin de pouvoir achever mon œuvre comme moi je l'entends. J'aimerai que les rires et la bonne humeur continuent à effleurer les murs de ce lieu qui m'est tant cher. Faites vibrer les bonnes énergies et donner vous cœur et âme à ce qui vous passionne le plus. Profitez de la vie, elle est courte et peu nous surprendre. Accepter l'amour qui toc à votre porte, ne reprocher rien à personne, mais remettez-vous en question. Ne craignez pas l'échec, croyez en vous comme moi je crois en vous. Je vous ai tous choisi, poussé à avancer et à sortir le meilleur de vous. Je sais que je n'ai pas toujours fait les bons choix et que j'ai été dure avec vous à certain moment. Je ne le regrette pas. Cela faisait partie de l'électrochoc qu'il vous fallait pour vous forcer à vous surpasser.
Le bateau continuera à naviguer, j'en suis convaincue. Il ne coulera pas, car je laisse derrière moi une équipe en or et les valeurs que je vous ai transmises doivent être votre principale motivation. Mademoiselle Prestone reprendra le flambeau. Vous êtes désormais ceux qui doivent l'aider à avancer, ceux sur qui elle pourra se reposer, ceux qui l'encouragerons lorsque les vagues s'abattrons sur elle. Elle vous le rendra en retour. Elle a les capacités de le faire ! Mais c'est un combat en équipe, aucun bateau ne navigue sans un équipage soudé.
Je vous ai aimé et vous aimerai à jamais.

​​​​​​​​Simone Romano »

Tout le monde pleure, sans exception. Je ne sais pas quoi ajouter de plus, les larmes ruissellent sur mes joues. Nous restons ainsi un long moment, dans un silence pesant, prenant conscience des difficultés et épreuves qui nous attendent.

Steven se lève et vient vers moi.
- Divy, je pense que le personnel devrait prendre du temps pour digérer cela.
- Peux-tu t'en occuper ?

Steven prends la parole :
- Chère équipe, cette journée fait partie d'un tourment et nous en sommes tous bouleversés. En accord avec Mademoiselle Prestone, vous êtes libre de rester sur votre lieu de travail, ou de rentrer. Sachez que Mademoiselle Prestone et moi, serons présent ici afin de dialoguer avec ceux qui ont en besoin et vous apporter tout notre soutien. J'aimerai rendre réponse à cette lettre, et vous encourage d'en faire de même. Simone Romano est notre pilier, nous nous devons de lui manifester notre dévouement, notre soutien et notre amour.

Steven m'épate, il a un tel sang-froid. Jamais je n'aurai pu imaginer pouvoir me reposer sur lui de la sorte.
Ce jour-là, personne n'est parti. Nous sommes restés tous uni, nous avons dialogué, partagé et chacun a rédigé sa lettre.
En fin de journée, j'ai rassemblé les courriers et les ai pris pour les déposer chez Simone. J'ai averti Luca qui m'a donné son feu vert pour passer.
À mon arrivée, il m'étreint encore une fois. Ce n'est qu'aujourd'hui que je réalise à quel point il est affaibli et amaigri également. Je n'ai pu échanger avec Simone, elle est épuisée et dort. Je n'ai pas voulu les déranger plus longtemps et suis partie.

Je n'aurai pensé vivre une telle situation, je me sens épuisée mentalement. Sur le départ, assise dans ma Tesla, le regard dans le vide, comme inconsciente, je fixe un point au loin. Les vibrations d'une voiture qui ne m'est que trop familière me font sortir de mon état végétatif. Je dois partir, mais mon corps ne réagit pas. La portière passagère de ma voiture s'ouvre, Nate s'assoit sur le siège passager sans dire un mot. Mon estomac se noue davantage en inhalent son parfum qui a entièrement envouté mon espace. Je ne peux le regarder dans les yeux. Mon cœur a envie qu'il me prenne dans ses bras et pourtant mon corps réagit d'une toute autre manière. Dans un silence pesant, il me prend la main, mais d'un reflex incontrôlé je la retire immédiatement. Toujours la tête droite, les yeux remplis de larmes, je mets le contact. Il soupire et sort de mon véhicule pour se diriger vers la Villa de Simone.

Il ne s'est pas retourné et j'ai su que cette fois c'est définitivement terminé.

Plongée dans son regard Where stories live. Discover now