Trahison et désastre

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J'entends le rire de femme, le genre de rire bien aguicheur, le rire d'une garce. Je reste dans l'obscurité de l'étage et m'approche des voix. La porte étant entrouverte, je peux apercevoir Nate debout, appuyé contre son bureau, les jambes croisées, un verre d'un alcool ambré dans les mains et sa cravate desserrée.
Face à lui, une femme aux long cheveux blond lisse, vêtue d'une robe BCBG très suggestive. Assise sur une chaise de bureau en cuire, d'une main elle joue avec une mèche de ses cheveux et de l'autre touche la jambe de Nate.
Je suis écœurée, il lui raconte la même histoire qu'à moi concernant son voyage à Sacramento. Voir cette femme rire pour lui, l'aguicher, le toucher ouvertement et surtout, le fait qu'il y prenne partie me fais perdre tous mes moyens, je suis blessée et en colère.
Genre, il doit « finaliser » des choses après ça réunion, il a omis de préciser qu'il finaliserait sa soirée en compagnie d'une femme.
Je pense que je n'ai plus rien à faire ici. Dégoutée et déçue de la tournure que prennent les choses, je me dirige vers la sortie. En marchant dans les couloirs sombres, j'accroche mon talon aiguille et trébuche, jurant intérieurement, maudite maladresse. J'entends des pas se rapprocher, ce qui me met une pression supplémentaire, il faut que je parte immédiatement, je ne veux pas le voir, je dois prendre cet ascenseur tout de suite. Au moment où les portes vont se refermer, mes yeux remplis de larmes croisent le regard ténébreux de Nate. Il reste cloué sur place, affichant une expression indescriptible.
Immédiatement mon téléphone sonne. Comme si j'allais lui répondre, je n'ai plus rien à lui dire, je n'ai jamais été aussi profondément humiliée et blessée.

Par conscience professionnel, j'ai tout de même rejoint Al, Juan et Josh, pour m'excuser de ne pouvoir rester, j'invente un problème familial.

Mon téléphone continue à vibrer dans ma pochette, il est hors de question que je réponde. Il ne mérite pas que je l'écoute, tout est terminé.
J'arrive en larme au Loft, Frany et Ed installés sur le canapé sont surpris de me voir dans cet état. Frany se précipite immédiatement dans ma direction. Cependant, la seule chose que je réussi à lui dire, c'est que si Nate se pointe au loft, je refuse catégoriquement de le voir.

Allongée dans ma chambre et je déverse un torrent de larmes me remémorant les gestes de cette femme, son rire, puis l'expression du visage de Nate lorsque les portes de l'ascenseur se sont fermées.
J'entends la porte d'entrée sonner. J'étais certaine qu'il viendrait, il est si prévisible pour certaine chose, beaucoup moins pour d'autre. Je ne pensais pas qu'il irait voir ailleurs après ce que nous avons vécu, après notre connexion et nos discussions. Je le pensais honnête, mais ce n'est qu'un gros menteur, manipulateur, il me dégoute.

Frany furieuse tape des pieds pour aller ouvrir. L'oreille collée à la porte j'écoute ce qui se passe.

• Je t'avais dit de ne pas lui faire de mal. Dégage !!!!
• Frany laisse-moi rentrer s'il te plait, j'ai besoin de lui parler.
• Tu es chez moi ici et tu ne passeras pas le seuil de cette porte ! Nate je t'avais averti, tu sais très bien ce qui t'attend si tu insistes.
• Laisse-moi passer ou je défonce la porte !

J'entends Ed marcher puis intervenir avec un peu plus de diplomatie.

• Ecoute mec, en arrivant elle a été claire. Elle ne veut pas te voir. Laisse la se calmer et tu l'a rappelle demain, ok ? On ne va pas en faire tout un cirque ce soir, il se fait tard.
• Laissez-moi lui parler !! C'est vraiment important !
• mec, tu as l'air cool et tu as tout mon respect, mais Divy ne veut pas te voir. Laisse la tranquille, vous réglerez cela, une fois la tête reposée.
• PUTAIN !!!! MERDE !!!!

J'entends un violent coup de poings contre le cadre de la porte, puis la porte se refermer. Ed et Frany chuchotent entre eux. Mon téléphone se remets à vibrer, mais j'active le mode avion pour cesser ce harcèlement. J'hésite à passer la tête par la fenêtre pour le voir partir, mais hors de question que je croise son regard.

Je m'endors les larmes ruisselant sur mon visage, un horrible sentiment de trahison me ronge de l'intérieur, car même si nous étions au début d'une relation, je n'avais jamais ressenti une telle connexion avec un homme. Au réveille, j'observe les dégâts dans mon miroir, le visage complètement bouffie, les yeux rouges, j'ai une allure pitoyable. En réactivant mon téléphone, je vois des dizaines d'appels en absence, ainsi que de nombreux messages. Sans les lire, je les supprimes, je ne veux pas de ses explications, je ne veux plus jamais le voir.

Elie toque à ma porte et entre, elle se jette sur mon lit et me prend dans ses bras.

• Que s'est-il passé hier soir ma belle ?
• Après mon rendez-vous pro, je suis passée à l'improviste au bureau de Nate et... et il était avec une autre femme.
• Oh... et ils... enfin qu'est-ce que tu as vu exactement.
• Elle flirtait avec lui... le touchait... lui se laissait faire
• Mais tu es certaine de ce que tu as vu.
• Elie ! Oui, je sais très bien ce que j'ai vu.
• Ecoute Divy, ce que je vais te dire est délicat. Je sais que tu es dégoûtée, mais tu devrais lui parler, même si c'est pour lui dire de dégager, tu dois discuter avec lui.
• Je n'ai pas envie de lui parler, je ne veux plus le voir.
• Divy, lorsque je suis rentrée à 3h avec Jackson, sa voiture était devant la maison.
• Est-ce qu'il est encore là ?
• ... Oui.
• Elie, j'aimerai que tu descendes et que tu lui dises de partir, s'il te plaît.
• Je veux bien le faire, mais es-tu sûre de toi ?
• Dis-lui de partir.
• Très bien.

Elie fait ce que je lui demande. D'après le bruit de la porte d'entrée, elle a passé une bonne demi-heure hors du loft. Si j'avais envoyé Frany, je pense qu'elle lui aurait démonté sa voiture et serait revenue en 3 minutes. Elie est une valeur sûre, moins compulsive, ceci-dit, je suis curieuse de savoir pourquoi elle a mis tant de temps à remonter. Je n'ai pas voulu regarder par la fenêtre. Le bruit puissant de sa Mustang m'a confirmé que Nate est parti. J'ai envie de pouvoir sortir de chez moi librement sans qu'il me happe au passage. Je me prépare à sortir, mets des lunettes de soleil pour camoufler mes yeux rouges et mon visage bouffi, je croise mes deux couples préférés au salon, mais leurs regards de pitié me met un haut le cœur.

• C'est bon, ne me regardez pas comme ça. Je vais bien.
• (Ed) écoute, ça ne me regarde pas, mais hier soir il n'avait pas l'air dans son assiette.
• Merci Ed, mais moi non plus je n'étais pas dans mon assiette.
• (Frany) Divy, je pense qu'Ed veut simplement te dire...
Je la coupe
• Je m'en fiche de ce qu'il ou vous avez à me dire si cela concerne Nathanaël. Merci ! Maintenant j'aimerai passer à autre chose. Je m'absente un moment, je viendrai vous aider pour préparer la fête plus tard

Les quatre me regardent sans dire un mot.

J'ai couru jusqu'à la piscine, c'est ma manière d'évacuer mes mauvaises pensées, puis j'enchaîne les traversées du bassin, le sport est censé me vider la tête, cependant j'ai sans cesse des flash-backs de la main de cette femme sur la cuisse de Nathanaël, cette image me hante, je ressens du dégout. Toujours le nœud à l'estomac, je repars de la piscine au pas de course, à peine 10 mètres plus loin, dans le virage du bâtiment, je me prends un homme de plein fouet !

• Hey, Divy, ça va ?
• Tom, pardon, j'étais sur ma lancée et la tête ailleurs.
• Tu vas bien ?
• Oui, oui, désolé de t'avoir percuté, il faut que j'y aille.
• Attend ! Tu as le temps pour un verre ?

J'allais repartir, mais finalement pourquoi pas prendre un verre avec Tom, cela pourrait me changer les idées.

• Tu sais quoi ? On va le prendre ce verre.
• Super ! Suis-moi, y a une terrasse sympa pas très loin.

J'envoie un message aux filles pour les avertir que j'aurais du retard pour la préparation de la fête. D'après leur retour, elles n'ont pas besoin de moi, à quatre ils sont déjà assez. Parfait.
On se pose sur la terrasse, mais le temps se couvre.

• Divy, tu sembles préoccupée. Tu vas bien ?
• Soirée compliquée, mais ça va.
• Tu as envie d'en parler ?
• Hmmm, on est en froid avec Nate. Mais rien d'important.
• Ah vous êtes ensemble alors ?
• Je pense qu'on peut plutôt dire, qu'on était ensemble.
• Ok, désolé pour toi dans ce cas.
• Ce n'est rien Tom. Parlons d'autre chose. Tu pars bientôt au Canada ?
• Oui, je suis loin dans quelques semaines, je vais sous-louer mon appartement à ma sœur et espère le retrouver dans le même état et non pas avec des murs lila.

La conversation est légère, on en a profité pour manger des tapas et boire un cocktail. Tom est si pétillant, une bouffée d'oxygène, il a su cibler mes besoins, de la distraction et de l'humour, ce qui nous a permis de passer un très bon moment. Le temps s'assombrit et le ciel devient de plus en plus menaçant.

• Tom je suis à pied, il faut que je rentre avant qu'il n'y ait des averses. On se voit ce soir ?
• Je t'aurais ramené, mais je suis à pied aussi. A ce soir ma précieuse.

Je lui souris au surnom que je reconnais

Il pleut si fort que je ne peux courir pour rentrer, j'y vais au pas, profitant de la pluie torrentielle pour laisser mes larmes ruisseler sur mon visage.

Au loft ;
• Tout va bien, ne vous inquiétez pas pour moi, ce n'est que de l'eau de pluie ! Je vais me sécher pour vous aider à finir les préparatifs.
• (Jackson) tranquille, n'y a plus rien à faire. Ed et Frany vont arriver avec les boissons. Tout est prêt.
• (Elie) oui, va prendre une douche et te préparer tranquillement
• Très bien, appelez-moi si besoin d'un coup de main

Je prends une douche bouillante, l'eau me pique la peau, la chaleur anesthésiant la douleur dans mon cœur. Ce soir, j'ai besoin de me sentir belle est désirable. Je prends du temps pour me préparer. Je sèche et boucle mes cheveux, puis fait une demi-queue de cheval haute pour donner du volume à ma coiffures. Volontairement je défais les boucles avec mes doigts. Côté maquillage, j'opte pour un dégradé charbonneux, bien plus chargé qu'à mon habitude, un peu comme le reflet de mon humeur actuelle. J'enfile une combi-short jaune, élégante, sophistiquée et sexy, avec des manches asymétriques. Etant donné que nous serons à la maison, je reste à pied nu pour être plus confortable. J'applique mon huile pailleté Nuxe sur les jambes, ça leur donne un effet glamour et le bronzage de ma peau est ainsi mis en valeur. Je ne suis pas très branché bijoux, je ne porte rien de plus qu'un collier qui ne me quitte jamais. Un cadeau de ma mère, la seule chose que j'ai gardé d'elle. Mais je l'ai gardé uniquement car il lui venait lui-même de ma grand-mère. J'applique mon gloss et mets du parfum, puis sorts de la chambre à 20;00.

Ed et Jackson me fixent l'air béat.

• (Frany) C'est bon les gars, refermez la bouche, c'est notre pote, ok ?

Ils éclatent de rire me tendant un verre de Rosé. Porte de Novembre, mon vin préféré. La soirée peut commencer, je me sens bien, je me sens dans mon élément, entourée des bonnes personnes. Le amis des garçons arrivent, puis suivent 4 amies à nous et pour finir Jo nous rejoignit vers 22:30. Le loft est très animé, les boissons coulent à flot, la nourriture ne manque pas. Elie a assuré, je m'en veux de ne pas avoir aidé plus au préparatif.

Comme prévu, Jo s'intègre parfaitement au groupe et les filles l'apprécient. Mais je sens son regard insistant lorsque je suis avec Tom ou lorsque je dialogue avec d'autres garçons. Je dois prendre le temps de lui parler.

• Jo, on peut se parler deux minutes dans ma chambre.
• Bien sûre j'arrive.
• Écoute, je voulais te dire qu'avec Nate c'est terminé.
• QUOI ? Mais pourquoi ? Que s'est-il passé ?

Je lui raconte les évènements dans les grandes lignes. Elle m'écoute attentivement.

• Divy, tu devrais lui parler.
• Non.
• Je le connais par cœur et ce que tu me décris-là ne lui ressemble pas.
• Et pourtant, j'étais là, je les ai vu.
• Divy, il t'a présenté à ses parents. C'est incohérent. Je ne l'ai jamais vu aussi heureux que lorsqu'il est avec toi. Je l'ai senti tellement bien le week-end dernier, c'est bizarre.
• Jo, pour le moment j'ai besoin de digérer toute cette histoire.
• Ok, je comprends. Bon on y retourne ?
• Oui, j'ai besoin de m'amuser et de décompresser.

La soirée bat son plein, je me sens dans l'ambiance. Verre après verre, je danse et rigole, le nœud que j'avais ressenti toute la journée s'est dissipé, mon cœur allégé. Je sors avec Tom fumer une cigarette. Je vois clair dans son jeu, il tente à nouveau un rapprochement. Au fond de moi, bien que je passe une excellente soirée en sa compagnie, je ne pense pas désirer la même chose que lui. Il cherche constamment à attirer mon attention et est très tactile. Je sais que je ne veux rien avec lui, mais l'idée de plaire me fait beaucoup de bien. Nous rigolons sur la terrasse, Tom fait le clown, et à vrai dire, au vu de tout ce que j'ai bu, c'est probablement l'alcool qui me fait rire.
En revenant à l'intérieur, toujours aussi maladroite, je trébuche et fait voler mon verre qui éclate en mille morceaux, Tom me rattrape par la taille de justesse.
Ne pouvant retenir mes rires, accroupie à même le sol, je tente de ramasser les morceaux de verre. Mais en me relevant, je sens une douleur intense sous mon pied. Tom m'aide à me relever et m'allonge sur le canapé pour voir l'étendu de la blessure.
La douleur est supportable, mais la vision du morceau de verre planté sous mon pied est impressionnante. Elie amène la trousse de secours, alors que je continue à rire telle une idiote. Pendant ce temps, Jo finit de ramasser les verres restants.
Tom prend place sur le canapé, moi couchée sur le ventre, mes jambes sur lui, dans cette position il a une meilleure vue sur l'étendue de ma blessure. Rapidement, Tom enlève le bout de verre, mais il a de la peine à désinfecter ma plaie et à bander mon pied. Avec beaucoup de bonne volonté et de rire, il tente de finir le travail, mais je ne peux m'empêcher de bouger dès qu'il essaie de me toucher, la scène est hilarante pour grand nombre des invités.
Dans mon ivresse et l'euphorie, j'ai l'impression de sentir l'odeur de Nate. Est-ce que je rêve, est-ce l'alcool qui me fait ressentir ce que mon cœur désire le plus ? Soudain, je sens mes jambes se relever et Tom être soulevé du canapé, puis je le vois voler à travers la pièce. En me retournant et relevant la tête, je vois Nate, debout, noire de colère, il respire brusquement, tout le monde reporte son attention sur lui. Il se dirige dangereusement en direction de Tom, qui est à présent à nouveau debout.
Au moment où Nate va le saisir, Tom lui envoie une droite en plein visage. La tête de Nate bascule sur le côté et une giclée de sang éclabousse mes habits. Horrifiée par ce qui est en train de se passer, je tente de me remettre debout. Nate a la lèvre fendue et au vu de sa position corporelle, cela ne présage rien de bon. Jo hurle en fonçant sur Nate pour le calmer, mais il prend Tom par le col et lui envoie un coup de tête si violent qu'il lui brise le nez sous nos yeux. Le bruit de la fracture est effroyable. Tout le monde court pour les séparer. Nate adopte une attitude agressive et dangereuse. Affolée, j'essaie tant bien que mal de marcher dans leur direction. En arrivant devant Nate, je le gifles de toutes mes forces !

• Mais t'es complètement malade ! Tu réalises ce que tu viens de faire ? Dégage de chez moi !!!
• Divy...
• DÉGAGE, je ne veux plus jamais te voir !!!!!!!!

Jo le saisit par le bras et sort avec lui. Je suis bouleversée et je m'en veux terriblement. Je suis dégoûtée pour Tom qui n'a rien fait de mal et se retrouve le nez éclaté, sans parler de tout se sang déversé.

La soirée s'achève ainsi. Nos amis nous aident à ranger et à nettoyer, puis quitte le loft. Tom est conduit à l'hôpital par Ed et Jackson, alors que nous analysons la situation avec les filles.

• Mais qu'est ce qui lui a pris ?
• (Elie) Divy, peut-être a-t-il mal interprété la situation.
• (Frany) Peut être comme toi hier soir... ?
• Cette violence n'est pas justifiée !
• (Elie) Tom t'a fait du rentre dedans toute la soirée. Et tu ne l'as pas repoussé, même si tu ne voulais pas de lui. Qui te dit que la situation avec Nate n'était pas la même hier soir ?
• (Frany) Ne t'en fait pas pour Tom, il a aussi bien cherché. Il savait que tu étais avec Nate. Il t'a collé toute la soirée et en plus c'est lui qui a frappé en premier.
• Il a frappé en premier pour ne pas recevoir le premier coup Frany !
• (Frany) Deux mecs ultra canon, qui se battent pour ma meilleure amie. C'est sexy !

Cette phrase nous fait rire les trois.

• (Elie) Que comptes-tu faire Divy ?
• Demain j'irai voir Tom pour m'excuser. Concernant Nate, je ne veux plus le voir.

Plongée dans son regard Where stories live. Discover now