Chapitre 29

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Les gens dansaient et chantaient autour de moi. La fête battait son plein. Le feu de joie au centre éclairait les visages déjà illuminés par de grands sourires. Nous étions au refuge depuis un an déjà. Tous ces gens, heureux, étaient en sécurité et en bonne santé. Tous étaient vaccinés contre la Braise et ceux qui avaient souhaité récupérer leurs souvenirs les avaient retrouvés.

Je n'avais donc plus aucune raison de garder ce virus en moi. Je pouvais enfin me vacciner. Je pouvais enfin être une personne parmi d'autres. Je pouvais enfin me libérer. Alors pourquoi je ne le faisais pas ? Pourquoi est-ce que je restais là, sur ces marches, telle une tache noire dans ce paysage de lumière ? Pourquoi avais-je si peur ?

J'avais peur de me retrouver seule. Comme si souffrir me rappelait que j'étais vivante. Comme si, au fond, je ne pourrais jamais vraiment être libre, heureuse, comme les autres. J'avais peur de me perdre si jamais je supprimais ce mal de moi. Si il disparaissait, je ne serais plus que moi. Et ce moi n'était pas suffisant. Je n'étais pas suffisante.

J'avais fais tellement de mal dans ma vie. Je méritais de souffrir, de sentir la lame froide de la faux de la mort sur mon cou à chacun de mes gestes. J'avais beau avoir rendu les souvenirs et vacciné les gens, je n'avais toujours pas réparé mes fautes. Je n'étais qu'une tâche dans ce décor lumineux. Je n'y avais pas ma place. Ils devaient juste avoir pitié de moi.

Mon bras me lançait. Les veines noires ressortaient plus que d'habitude. J'avais pourtant pris ma dose de sérum une heure avant. Je ne pouvais pas en avoir déjà besoin. La petite voix continuait à me persifler des horreurs. J'y étais habituée.

Une silhouette se dressa devant moi et je levai les yeux pour voir son visage. Sonya me sourit et m'aida à me lever. Elle voulait m'emmener danser quand elle vit mon avant-bras. Ses sourcils se froncèrent et elle le tira vers elle pour l'examiner.

« C'est comme ça depuis longtemps ? C'est pas plus étendu que d'habitude ? »

Je ramenai brusquement mon membre à moi. Ce n'était rien. Les autres arrivèrent derrière elle et commencèrent à poser des questions sur la maladie qui parcourait mes veines. Ce n'était rien. J'allais bien.

« Pourquoi tu n'as toujours pas pris le vaccin ? Tu as fini avec les retours de mémoire depuis un moment et tout le monde est vacciné maintenant. Il ne reste plus que toi. »

Je regardais Gally en silence. Ses yeux me sondaient, une fois de plus. Ses sourcils se froncèrent brusquement.

« Tu comptes le prendre, hein ? Bientôt ?

— Laisse-moi tranquille, Gally », m'énervai-je.

Il leva un sourcil, m'attrapa le bras et tenta de me traîner vers l'infirmerie. Je me dégageai difficilement tout en l'insultant.

« Je peux prendre soin de moi-même ! Je suis une grande fille !

— Il faut croire que non, sinon tu ne serais pas encore malade !

— Je vais bien ! Fiche-moi la paix ! Arrête de toujours être sur mon dos ! Je n'ai pas besoin de toi !

— Arrête de mentir ! Tout le monde voit que tu vas pas bien ! Tu t'es vu dans un miroir ? Tu ressembles plus à rien ! On dirait que tu peux mourir à chaque seconde !

— Va te faire voir ! Je vais bien ! Je m'occupe de moi-même ! J'ai pas besoin de vous avoir toujours sur le dos ! »

Mes mots dépassaient mes pensées et je voyais que je blessais tout le monde. Mais pourquoi avaient-ils besoin d'être toujours derrière moi ? J'allais bien ! J'étais grande ! Je voulais juste qu'ils arrêtent de me prendre pour une gosse !

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