Chapitre 8

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La nuit était tombée et le froid nous mordait de toutes parts. Je resserrais les pans de ma veste contre moi en frissonnant. Je comatais depuis quelques temps, ne réussissant pas à m'endormir. Le coup de feu résonnait toujours à mes oreilles, trois jours après l'événement. Mon ventre me rappelait ma faim en se tordant constamment. Ma gorge était sèche et ma bouche, pâteuse au point de ne plus pouvoir parler. Il ne nous restait qu'une gourde pour la fin du voyage. C'était trop peu. Une nouvelle brise me fit me recroqueviller sur moi-même avant que la fatigue ne m'emporte dans des rêves agités.

« Hey, debout ! »

La voix rauque de Thomas me tira d'un énième cauchemar. Ce dernier nous forçait à nous lever alors que nous étions censé nous poser pour la nuit. Frénétique, il pointa du doigt un endroit à notre gauche.

« Regardez ! Là... Des lumières ! »

Des lumières. Cela signifiait des gens. Et des vivres. Je me retournai pour attraper mon sac quand je vis quelque chose qui me glaça immédiatement. Un éclair venait de déchirer le ciel en deux.

« On a réussi ! »

Un coup de tonnerre retentit, les faisant tous se retourner. De nouveau, un éclair tomba au sol, rapidement suivi par un grondement puissant. L'orage se rapprochait à vue d'œil. On devions partir, et vite. Chacun attrapa ses affaires et nous courûmes vers les bâtiments éclairés. Lorsque que nous n'étions plus très loin de ces derniers, la foudre arriva à notre niveau. Mon cœur battait à une allure folle, mes poumons brûlaient, mes muscles menaçaient de lâcher. Je voyais les éclairs tomber et j'entendais les bruits métalliques quand ils touchaient des tonneaux ou des voitures. Un morceau de taule me frôla et, de peur, je trébuchai et me retrouvai au sol sans savoir comment réagir. Je me relevai avec difficulté, totalement déboussolée. Une main m'attrapa brusquement le bras, me forçant à me redresser. Minho me poussa en avant en me hurlant de courir. Un geste qui me sauva probablement la vie. Au moment même où il me lâcha, un éclair nous envoya rouler à quelques mètres.

Le silence se fit. Un silence angoissant et irréel. Mes oreilles bourdonnaient, mon cœur battait furieusement, ma tête me lançait comme tout mon corps. Des tâches noires dansaient devant mes yeux. En tournant avec difficulté sur la droite, je vis le garçon que j'aimais complètement immobile. De la fumée s'élevait vers les nuages. Et là, je compris. Il avait pris la foudre. Il avait pris la foudre à cause de moi. Un sanglot angoissé quitta mes lèvres. Je fus redressée par Aris qui hurlait, mais je ne voyais que ses lèvres bouger continuellement. Je ne comprenais rien à son monologue silencieux. Ma tête tournait. J'étais fatiguée. J'avais peur. J'étais la cause de la mort de quelqu'un, une nouvelle fois.

Nous atteignîmes afin un bâtiment dans lequel nous nous engouffrâmes. Nous étions dans un noir presque complet. Mes oreilles sifflaient. Des larmes roulaient sur mes joues. Une odeur rance m'agressait les narines. Je voyais le plafond s'éclairer d'une faible lumière bleutée et sentais les murs trembler à chaque déflagration, augmentant mon angoisse.

Brusquement, une lampe de poche s'alluma et je pus distinguer Minho, toujours immobile. Thomas criait des choses qui ne parvenait pas encore à mes oreilles. C'était comme des chuchotement furieux et incompréhensibles. Je les distinguais avec plus de facilité à chaque seconde qui passait. Le garçon bougea enfin. Le soulagement de tout le groupe était palpable. Mes larmes étaient maintenant représentatives de ce dernier. Je saisissais enfin les mots.

« Il s'est passé quoi les mecs ?...

— Tu t'es pris la foudre mon pote.

— ... Ah. »

Les Blocards du Labyrinthe A furent pris d'un rire nerveux, avant de se redresser avec difficulté. Térésa et moi observions nos alentours, plongées dans le noir.

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