Chapitre 22

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Une idée avait germé dans mon esprit au cours de la nuit, dans mon sommeil. La veille, j'avais été amenée de force dans une des tentes collectives pour me reposer. Malgré mes protestations, j'avais sombré en moins de cinq minutes. Cela s'expliquait probablement par le fait que je n'avais presque pas quitté l'infirmerie depuis notre arrivée, il y avait cinq jours. Durant ces derniers, je n'avais dormis qu'à peine six heures au total, totalement obnubilée par mes recherches. Grâce au sang que Thomas avait gentiment accepté de me donner, j'avais fait un bond dans mes expériences. C'était incroyable de voir le virus se détruire dans les échantillons de fluides sanguins au lieu d'être juste retenu pour quelques instants. Je passais mes journées et mes nuits à observer ce phénomène sur différents échantillons. Mes camarades avaient été obligés de me traîner de force hors de la cahute pour que je mange au moins une fois par jour.

En tout cas, quand je m'étais réveillée, le soleil était déjà haut et j'étais sans tarder retournée dans mon laboratoire pour voir si mon idée était réalisable. Dans les faits, c'était possible. Les expériences dans les Labyrinthes nous l'avaient prouvé. Mais avais-je tous les produits nécessaires pour la réaliser ?

Plusieurs heures plus tard, après m'être injectée un des sérums volés par les garçons au laboratoire, je sortis pour manger et parler à Vince. Quand je lui expliquai mon projet, il sembla très dubitatif. Selon lui, il y avait un risque pour tout le refuge si jamais ça se passait mal. Je passai de nombreuses minutes à lui énumérer tout ce qui pouvait être réalisé pour le limiter au maximum. Il finit par accepter à la condition que je sois sûre qu'aucun des habitants ne risque quoi que ce soit. J'acceptai et il fut décidé que j'exposerai mon idée au moment du dîner, le lendemain, afin que tout le monde ait le temps d'être prévenu qu'une annonce serait faite. Je retournai dans l'infirmerie afin de continuer mes recherches et vérifier l'évolution de la guérison de ceux qui venaient me voir.

Le jour suivant, j'abandonnai mon poste environ une heure avant le début du repas pour aller regarder la baie. L'eau avançait et reculait doucement, me léchant les orteils. Après une quinzaine de minutes, je me déshabillai presque entièrement et entrai dans cette dernière. Quand elle m'arriva au niveau de la poitrine, je bloquai ma respiration et plongeai.

Il n'y avait plus aucun bruit. Mon corps ballottait tranquillement. Mes longs cheveux noirs et bouclés auréolaient mon visage qu'ils venaient parfois doucement caresser. Le monde semblait mis sur pause. Je restai comme cela, recroquevillée tel un enfant dans le ventre de sa mère, jusqu'à ce que mes poumons me brûlent et je retrouvai alors la surface. Comme lors d'une naissance, je quittais un liquide calme et rassurant pour être plongée de force dans la dure réalité sonore. Je me laissai flotter quelques minutes avant de rejoindre la rive. Je m'assis sur le sable chaud, laissant le soleil me sécher.

Quand il commença à décliner, je remis mes vêtements et me dirigeai vers le centre du camp. J'attrapai les instruments me permettant de graver la pierre et entrepris d'écrire un nom sur le rocher. Un nom que je voulais laisser derrière moi. Un nom que je ne voulais plus jamais utiliser. Un nom que je ne voulais plus être. Je le notais pour m'en séparer. Pour tourner la page. Pour commencer une nouvelle vie.

C'était ma renaissance.

Quand je me retournai, plusieurs personnes étaient déjà assises sur les marches, attendant le début de l'annonce. Je me rapprochai de Vince qui me prévint que je prendrais la parole environ un quart d'heure plus tard. Je patientai donc à ses côtés, le temps que tous les réfugiés s'installent. Je jouais nerveusement avec mon collier au pendentif en forme de soleil en ressassant ce que j'allais dire. Je vis mon petit groupe s'asseoir en plein milieu de l'assemblée. Certains m'interrogeaient du regard tandis que les autres me faisaient de petits signes en souriant. Quand tout le monde eut trouvé une place, l'homme nous fit avancer avant de prendre la parole.

« Merci d'être venus à cette réunion. Cette jeune fille ici présente a une proposition à faire à certains d'entre vous. Je vous demande donc de l'écouter avec attention. Merci d'avance pour cela. Je lui laisse la parole. »

Il se recula et m'encouragea d'un signe de tête. Je m'avançais d'un pas pour faire face à des centaines de regards. Je déglutis avec difficulté. Les mots se mélangeaient dans ma tête. Je ne savais plus ce que j'étais censée dire. Je me raccrochais aux sourires de mes amis afin de me pas me noyer dans ma panique. Je respirai profondément avant d'enfin me lancer.

« Bonsoir. Certains d'entre vous me connaissent déjà, et pour cause. Avant d'arriver ici, je travaillais dans les complexes de WICKED, sur l'élaboration d'un vaccin. Pour cela, j'ai fait des choses dont je ne suis pas fière. Rien de ce que je dirai ou de ce que je ferai ne pourra les effacer. Malgré ces dernières, il a été accepté que je reste ici, dans ce refuge. Il en est un, pour vous comme pour moi. Et je ne suis pas venue les mains vides. Je suis arrivée avec des connaissances. Ces dernières me permettront de guérir les possibles maladies qui se déclareront au cours des années afin que vous puissiez tous vivre au mieux. Et elles me permettent aujourd'hui de proposer quelque chose à ceux dont WICKED a effacé les souvenirs. Je vous propose de vous les rendre, ou du moins en partie. La solution est malheureusement ce que nous avons fui. Je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi, mais la Braise permet à des bribes de ces derniers de remonter à la surface. Vous ne vous souviendrez pas de tout et ça ne sera malheureusement pas sans douleur. C'est pourquoi je vous laisse le choix. Vous êtes libres de décider si vous souhaitez vous rappeler ou si vous préférez laissez cette page de votre histoire derrière vous. Vous n'avez pas à presser votre décision. Vince a accepté que je réalise ce projet seulement quand je serai persuadée qu'il sera sans danger pour qui que ce soit et, pour cela, j'aurais besoin d'un peu de temps. Il faudra que je sois sûre de l'efficacité du vaccin avant de vous injecter le virus. Je vous promets que je ne mettrai aucune vie en danger. Si vous voulez avoir plus d'informations sur la procédure ou apporter votre aide, vous pouvez venir me voir. Vous me trouverez dans l'infirmerie, le bâtiment en bois, un peu plus loin, à l'est du camp. Je suis la médecin, medjack, guérisseuse et scientifique du camp. Je m'appelle Nour. »

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