Chapitre 5

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Assise sur mon lit, je fixais un point blanc sur mon mur blanc.
Je n'avais pas mangé depuis le "sauvetage" du Labyrinthe A. Je n'avais pas dormi non plus, bien que ma supérieure, probablement par pitié, m'ait renvoyée dans ma chambre après avoir vu mon état. Le soleil était maintenant assez haut. Ça devait faire plus de quinze heures que j'étais là, à fixer le vide. Il fallait que je sorte de cette pièce. Mais j'aurais voulu y rester pour le restant de ma vie.

Mon indécision fut coupée court par l'apparition soudaine de mon père dans ma chambre. En deux secondes, je fus projetée au sol et ma tête cogna le mur toujours aussi blanc. Les bruits m'arrivaient avec difficulté et je n'entendais que des bribes de ce que l'homme qui me surplombait me hurlait. Il me disait de devenir plus forte, d'arrêter de considérer des "sujets" comme mes amis voire de ne pas les considérer du tout. Il me releva rudement par l'épaule et me poussa dans le couloir en me crachant de retourner travailler avant de partir dans le sens inverse en insultant quelqu'un dans son talkie-walkie.

Mon crâne me lançait et les néons me brûlaient les yeux. Je m'appuyai contre un mur quelques secondes avant de réaliser que mon poignet me tiraillait. Je me dirigeai donc vers l'infirmerie la plus proche.
Une fois à l'intérieur, je m'étalai de la crème apaisante sur les endroits douloureux en grimaçant légèrement.

« T'es qui ? »

Je me retournai brusquement. Aris. Merde. Il fallait que je parte. Mais c'était trop tard. Il m'avait vu. Cette fois, c'était sûr.

« Je t'ai déjà vue hier. Qui es-tu ? Pourquoi tu portes une blouse comme tous ces scientifiques alors que t'as l'air d'avoir notre âge ? Tu viens d'un Labyrinthe ? T'es qui ? »

Je reculai vers la porte, effrayée. J'allais avoir des problèmes. Il fallait que je parte. Et rapidement.

« Ne pars pas ! Si tu m'expliques, je ne dirais rien, je te le promets. Mais si tu pars, je demanderai qui tu es à l'autre femme dès qu'elle reviendra. »

Putain.

« Tu sais parler au moins ? »

Hochement positif de tête.

« Ok. Euh... Tu fais partie d'un Labyrinthe ? »

Hochement négatif.

« Pourquoi tu es là alors ? Tu travailles avec les gens ici ? »

Hochement positif à contrecœur après quelques secondes.

« Tu sais où ils ont emmené Rachel ? Et les autres nominés ? »

Quoi ? Rachel avait été désignée hier lors du repas ? Elle était morte ?

Des larmes menaçant de quitter mes yeux, j'ouvris la bouche pour lui dire qu'il fallait qu'il parte loin d'ici lorsque notre échange fut coupé par l'ouverture de la porte. Je croisai avec effroi les yeux du moulin à paroles, qui se précipita vers moi après avoir pris conscience de la situation. Elle commença à chuchoter sans interruption.

« Emmanuelle ? Qu'est-ce que tu fais là ? De la crème apaisante ? Pour quoi faire ? En tout cas, tu dois partir et vite ! Il y a un rescapé ici ! Heureusement qu'il dort ! Tu imagines ce qui aurait pu se passer s'il t'avait vue ! Dépêche-toi de sortir ! »

Je me retrouvai dans le couloir avec le tube de crème toujours dans les mains.
Heureusement qu'Aris avait eu la présence d'esprit de simuler son sommeil, sans quoi je ne m'en serais pas sortie aussi facilement.
Je partis sans tarder en direction de la salle de travail. Après avoir réalisé des tâches à l'importance moindre pendant quelques heures, les échantillons de sang des sujets A arrivèrent et j'étudiai donc l'évolution des anticorps chez ses derniers avant de retourner dans ma chambre et m'endormir, de nouveau épuisée par mes pleurs.

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