Chapitre 17

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À la cafétéria, j'appris par les discussions des autres scientifiques que les quarante sujets étaient arrivés dans la matinée et qu'ils étaient en train de passer les tests déterminant leur affectation. Je restais dans l'ignorance des résultats tout l'après-midi, tentant de camoufler mon angoisse grandissante en travaillant aussi efficacement qu'habituellement. Au dîner, j'entendis que vingt sujets avaient été affectés au niveau -3 avec les neufs déjà présents tandis que les vingts autres avaient été envoyés dans l'aile Nord.

C'est pour savoir où se trouvait mon ancien ami que j'attendis Térésa le soir même, au niveau de la sortie du bâtiment. Quand elle me vit, elle tenta de camoufler son empressement et dirigea à grand pas vers moi. Elle m'attrapa les épaules et je pus voir une lueur d'inquiétude au fond de ses pupilles.

« Emmanuelle ! Tu as repris ton travail sur la création du vaccin ? Nous serons peut-être amenées à travailler ensemble ! »

Des sentiments contradictoires se mélangeaient en moi. Je la haïssais pour avoir trahis la confiance de notre groupe et du Bras Droit entier, pour m'avoir arrachée à une fin heureuse loin de WIKED, et pour l'emprisonnement de Minho. Mais je ne pouvais pas lui retirer le fait que, par son mensonge, elle m'avait sauvée la vie. De plus, elle n'avait peut-être pas été considérée comme traîtresse par l'organisation, et si c'était le cas, elle avait accès à bien plus d'informations que moi.

« Minho ? »

Ma voix croassante la coupa net. Une profonde tristesse voila ses yeux un court instant.

« Il a été affecté au niveau -3. »

Un soupir de soulagement m'échappa. Il ne finirait pas pendu à des machines comme ceux qui avaient été envoyés dans l'aile. Leur destin était tout tracé et malgré mes nausées quand j'y pensais, je ne pouvais rien y faire. Ils seraient tous morts le lendemain.

« Nous avons découvert qu'il avait des anticorps hors du commun. Il va peut-être être capable de sauver énormément de malades ! Ava Paige et moi avons une réunion demain pour convaincre des personnes de nous financer afin de pouvoir commencer les tests sur des humains. C'est une avancée énorme ! »

Ces informations me gelèrent immédiatement. J'avais aperçu sur les écrans, la veille, ce qu'ils faisaient subir aux immuns afin d'obtenir le sérum. C'était de la torture pure et simple. Ou plutôt très élaborée. Ils créaient des scénarios virtuels basés sur traumatismes des sujets et les rejouaient en boucles dans leur esprit. Et Térésa paraissait tellement heureuse de cette information. Elle se voyait déjà participer à l'action permettant de sauver le monde d'un virus malgré le fait que cela tuerait probablement une personne qui lui avait antérieurement donné sa confiance. Répugnée, je la laissais seule au milieu du hall tout en réfléchissant à cent à l'heure.

Il fallait qu'il sorte de là. Seule, j'étais inutile. Mais connaissant Thomas et vu l'envergure de l'action qu'il avait réalisé la veille, le garçon allait revenir pour le sauver. Et, à ce moment-là, je serai prête à l'aider. Mais pour cela, il me fallait me rapprocher des scientifiques en charge du garçon. J'allais donc faire un petit détour par l'infirmerie.

Quand j'ouvris la porte de la pièce, comme prévu, je me retrouvais face à une des infirmières qui m'avaient aidée lors de ma remise en forme quelques mois auparavant. Cette dernière avait pris le même vol que moi lors de mon affectation à la Dernière Ville. Quand elle me vit, elle se précipita vers moi en me demandant ce qui m'amenait. Je lui expliquai que depuis mon arrivée, j'avais fait plusieurs baisses de tension qui m'embêtaient dans mon travail. Tout était évidemment faux mais j'avais besoin de lui faire baisser sa garde pour lui extorquer des informations et la pitié était la meilleure solution. Elle me fit m'asseoir immédiatement et me donna des compléments alimentaires en décidant que je devais mal manger à cause du stress que représentait travailler auprès des meilleurs. Je rebondis immédiatement sur cette idée.

« En parlant des meilleurs, j'ai entendu parler d'un sujet aux anticorps supérieurs à la moyenne. Ça doit être un scientifique de renom qui s'occupe de ce cas, non ?

— Oh, oui ! Le Docteur Williams. Un homme formidable ! Il a de très bons résultats tout en s'inquiétant un minimum de la santé des sujets. Je l'ai d'ailleurs entendu se rouspéter contre ses supérieurs au dîner car, selon lui, ils en demandent trop pour que ça soit viable sur le long terme pour le sujet. »

Je m'immobilisai. Minho allait mourir ? Et Térésa qui pensait réellement que cette action ne serait que synonyme de vie et de prospérité. J'espérai de tout mon être que Thomas se dépêcherait d'arriver. Moi, je devais me rapprocher de ce docteur afin de pouvoir accéder aux expériences sur le garçon quand je le voudrais.

Dès la première heure du lendemain, je parcourais les couloirs à la recherche de l'homme. Ma quête était d'autant plus compliquée que je ne savais absolument pas à quoi il pouvait ressembler. Enfin, au bout d'une heure environ, il fut apostrophé au détour d'un couloir. C'était un homme assez grand, brun, et qui devait avoir entre quarante et quarante-cinq ans. J'attendis que la femme s'éloigne avant de me diriger à mon tour vers lui. En entendant son nom, il se retourna et leva un sourcil à ma vue.

« Mademoiselle ?

— Janson. Oui, je suis sa fille, précisai-je en voyant sa tête.

— Et que me vaut l'honneur de cette rencontre ?

— J'ai beaucoup entendu parler de vous, en bien ne vous inquiétez pas, et je voulais savoir si la rumeur concernant un sujet pouvant créer un vaccin qui soignerait les victimes de la Braise était vraie.

— Eh bien, mademoiselle Janson, laissez-moi vous dire...

— Mademoiselle Janson ! Que faites-vous là ? Vous êtes attendue dans la salle 13 du niveau 2 pour les tests des sujets C6 et E3 ! Cela fait presque une heure que je vous cherche ! »

Sérieusement ? J'étais si proche du but ! Cette vieille chouette ne pouvait pas attendre quelques minutes de plus avant de me trouver ? Mon regard oscillait entre la femme et l'homme. Ce dernier me fit un sourire mi-amusé mi-soupçonneux.

« Eh bien, je vous laisse à votre devoir, mademoiselle. Nous nous recroiserons peut-être. »

Il ne croyais pas si bien dire car, quelques heures plus tard, je lui courais après dans un couloir en le hélant. Il ne se retourna pas une seule fois et quand j'arrivais à son niveau, il paraissait plutôt agacé.

« Bonjour ! Alors, à propos de ma question de tout à l'heure. C'est vrai ou non ?

— Mademoiselle, je ne suis pas sûre que vous aillez le droit d'avoir accès à ces informations. Selon vos dires, vous avez entendu parler de moi mais, moi aussi, j'ai entendu des choses sur vous et sur votre rétrogradation après votre fuite avec les sujets du Labyrinthe A. »

Aïe. En même temps, ça avait dû faire du bruit dans tous les complexes de WICKED.

« Je vous prierai donc de bien vouloir me laisser en paix avant que je ne sois associé avec vous et que je perde ma place si durement obtenue. »

Mais quelle arrogance ! Je le regardai froidement, tout en continuant de marcher à ses côtés. Il arriva devant une salle et je jetai un coup d'œil à l'intérieur. Minho ! Il était là, allongé sur une table d'auscultation. Le docteur s'arrêta devant une porte et tapa un code. 735619. Mémorisé. Il passa sa carte magnétique dans le boîtier. Elle était verte, contrairement à la mienne qui était bleue. Il se tourna vers moi.

« Je ne vous invite pas à rentrer. »

Puis il s'avança, me laissant derrière les portes qui se refermaient déjà. 735619. Je n'avais plus besoin de lui. J'avais le code ! Malgré cela, il me faudrait quand même une carte verte mais il n'était pas le seul à en posséder une. Je repartis immédiatement vers ma salle de travail pour avancer dans mes recherches et surtout éviter de nouvelles représailles de la part de ma supérieure.

WICKED is good....Where stories live. Discover now