Je coulerai avec toi

Épilogue

JULIETTE

Aujourd'hui

Maman,

Alors que j'entends Groot qui découvre les lieux, je me permets de prendre un instant pour t'écrire cette lettre. Nous arrivons à la fin de mon carnet et c'est ainsi que je me rends compte combien je t'ai écrit.

Tu es la dernière personne à qui je n'ai pas annoncé la bonne nouvelle. Et comme tu le vois, il n'était pas question de t'oublier.

J'ai réalisé un de mes nouveaux rêves. Quand j'ai entrepris l'écriture de ce roman, je ne pensais pas que j'y arriverai. Pas du tout. J'ai comme l'intime conviction que tu y es pour quelque chose mais je vais faire genre que je ne le sais pas. Mais voilà, mon roman va être édité. J'ai encore du mal à le réaliser.

Ces dernières années n'ont pas été simples, je crois même que ça n'a jamais été aussi compliqué pour moi. Quand je revois les choses avec du recul, je me dis qu'on en a fait des progrès.

J'ai pris des années à accepter que tu sois partie. Des années à accepter le fait que je n'aurais pas pu te sauver. Des années à me dire que c'était ainsi. Telle que la vie l'avait voulu. Je ne dis pas que je trouve ça juste. Disons simplement que j'ai réalisé que soit j'acceptais pour avancer, soit je refusais et je restais bloquée dans le passé.

Aujourd'hui, tout ça est bien derrière moi. Chaque année, j'essaye de célébrer ton jour. Et je ne pleure presque plus. Parce que j'ai guéri de cette blessure. Je pense qu'elle cicatrisera toute ma vie, mais je suis prête à attendre.

Pour tes anniversaires, je t'apporte des lys blancs et je te raconte mes dernières péripéties. Je te parle aussi des résultats de Léo et des garçons. Je te parle de papa. Chaque fois que je pense à toi, je me concentre sur le positif et j'essaye d'écrire les meilleurs souvenirs que j'ai.

Mon roman, il est pour toi. Il est pour tout ce que tu m'as donné et tout ce que tu m'as appris. Pour la douceur avec laquelle tu m'as éduquée et les valeurs que tu m'as transmises. J'essaye, jour après jour, de te rendre fière. Et j'espère que tu l'es. Je me permets de ne pas te dévoiler l'intrigue de mon roman et d'y revenir plus tard.

J'ai gardé le sujet de façon secrète. Seul Léo est au courant. Gaby et Ethan ont bien essayé de me soudoyer mais cela n'a pas fonctionné. C'est un projet qui me tient à cœur, comme à peu près tout ce que j'entreprends. Je dois avouer que j'ai un peu peur de l'avis des gens, aussi. Mais je suis tellement fière d'y être arrivée que je pense surpasser toutes les critiques que je pourrai recevoir à l'avenir.

Les choses ont bien changé, comme je te l'ai dit. Mais certaines choses n'ont pas bougé. Ma relation avec Léo est la même que le premier jour, et mes sentiments ne font qu'être renforcés par le temps qui passe. Je pense que j'ai trouvé la seule personne capable de prendre soin de mon cœur. Comme tous les couples, nous nous disputons parfois mais nous prenons soin de nous calmer et de discuter à chaque fois. La communication, cela fait tout. Quand je suis trop énervée, je pense à tout ce qu'il a fait pour moi. Son amour, son sourire, son rire, sa patience et sa bienveillance, cela me calme immédiatement.

Chaque matin, il part en m'embrassant sur le front. Chaque soir, je m'endors en sentant ses mains autour de ma taille. Il n'oublie jamais de me dire je t'aime. Jamais. Une fois par jour, j'y ai droit.

Je pense que c'est ça, l'amour sain. Faire confiance à l'autre sans avoir peur une seule seconde qu'il nous trahisse. Et tu sais que ça n'a pas été simple pour moi mais je pense que c'est ça aussi l'amour. Aimer inconditionnellement et ne pas craindre la suite. Je n'ai aucune appréhension pour le futur parce que je sais qu'il sera à mes côtés.

Ethan est devenu danseur. Genre, un vrai danseur. Nous allons le voir à une représentation de sa troupe de danse la semaine prochaine. Nous sommes tellement fiers de lui. C'est un truc de dingue.

Quant à Gaby, tu ne devineras jamais ! Elle va être mannequin pour le prochain défilé Jacquemus. Moi non plus, je n'en reviens pas. Et d'un autre côté, je n'ai jamais douté d'elle.

Je n'ai pas pris beaucoup de temps pour t'écrire ces dernières semaines et pourtant il s'est passé pas mal de choses. Je me rattrape maintenant et j'espère que tu ne m'en veux pas.

Je remercie Sylvie tous les jours de m'avoir proposé l'idée de t'écrire. Je crois que c'est la meilleure chose que j'ai pu faire.

En ce qui concerne la librairie, les travaux avancent. Ça prend du temps de reconstruire un bâtiment aussi important qui a pris feu. Mais avec Sylvie, nous laissons le temps faire les choses. Et nous sommes heureuses de voir que ça prend forme, petit à petit. D'ailleurs, nous allons changer toute la dynamique de la librairie quand ça sera fini. Mais ça, je t'en parlerai plus tard. Quand les choses seront concrètes.

J'entends Léo qui m'appelle donc je ne vais pas tarder à te laisser. Ce soir, nous avons prévu de regarder tous les Marvel depuis le début. Dans l'ordre chronologique, cela va de soi. Bref, du coup on a pas mal de films à regarder ! En plus, chaque nouvelle sortie déséquilibre le programme qu'on a fait. On devra peut-être recommencer à l'infini. Mais j'ai déjà hâte. On a toute la vie devant nous, après tout.

La maison ne ressemble pas à grand-chose et nous n'avons pas encore reçu le canapé. Figure toi qu'on va regarder la télé sur des poufs au sol. C'est un peu rudimentaire mais ça fait l'affaire. Et tant que je suis avec lui, c'est le principal, non ?

Je suis impatiente pour l'avenir. Pour toutes les bonnes choses qui vont arriver. Chaque jour, je pense à toi. Nous pensons aussi à Léna. On ne vous oublie pas. Parce que vous avez été si importantes dans nos vies. Vous l'êtes encore.

En parlant de vie, n'est-elle pas bien faite ?

Parfois je rigole toute seule quand j'y repense. Quand je repense à notre première rencontre avec Léo. J'arrive encore à me souvenir des moindres détails de cette journée. Et je dois admettre que j'y pense aussi très souvent dès que je suis un peu triste.

Le plus dingue, c'est qu'il ne m'a fallu que quelques mois pour l'aimer. Et ça me paraît tellement court ! Sauf qu'aujourd'hui, c'est encore comme au premier jour.

Et c'est quand même fou, non ?

Je te l'ai dit, tu m'en as appris des choses. Mais si tu m'avais dit que je trouverai l'amour sur les quais du métro...

Je ne t'aurais jamais cru.

Juliette

FIN.