Je coulerai avec toi

Chapitre 6

Aujourd'hui

JULIETTE

À peine ai-je ouvert les yeux que je sens mon téléphone vibrer. Je grogne et étire mon bras de sorte à attraper ce foutu téléphone sur ma table de nuit.

Je ne suis vraiment pas du matin.

Ethan : Salut beauté. :)

La soirée d'hier était vraiment sympa. J'ai appris à connaître Ethan, un gars super drôle. Et Léo, qui finalement est moins coincé que ce que j'imaginais. Ethan n'a pas arrêté de me draguer et nous avons échangé nos numéros respectifs. Je sais qu'il va me proposer un rendez-vous, parce que c'est ce qu'ils font tous. Ensuite, je lui expliquerai que nous pouvons nous voir mais que je ne m'investirai pas émotionnellement dans la relation. Il va essayer et sera blessé. Comme à chaque fois.

Au fond, j'espère qu'il n'y aura rien entre nous et que sa parade nuptiale n'aboutira pas. J'aimerai que l'on soit amis. J'ai besoin de plus d'amis dans mon entourage. À part Gaby, je n'ai personne. Et j'apprécie vraiment ce petit rayon de soleil qu'il est.

L'amitié est un concept dont je n'ai jamais eu toutes les clés. Les gens vous aiment et vous leur rendez bien. Seulement, lorsque la vie vous met à l'épreuve, les gens ne sont pas toujours là. Le Je serai toujours là pour toi, c'est du bullshit. Parce que les gens ont tout simplement d'autres préoccupations, et qu'on n'aime pas tous avec la même force. La personne pour qui vous donneriez votre vie ne vous donnera peut-être même pas une goutte de son sang en cas d'hémorragie. Et c'est comme ça.

J'ai fini par l'accepter.

Quand j'ai rencontré Gaby, c'était la première fois que je savais. Que je savais qu'elle me rendrait ce que je lui offrirai. Et depuis ce jour, à la sortie de ce bar, elle ne m'a jamais démontré le contraire. C'est le genre d'amie, rare, qui vous aime sans conditions. Dans toutes les situations. Le genre d'amies qui vous pousse vers le haut et qui n'essaye pas de briller en vous laissant dans la pénombre. Le genre d'amies qui n'est pas là que pour les bons moments. Une vraie amie. La seule que j'ai.

J'avais des amies à Bordeaux, du moins je le pensais. Mais lorsque j'ai eu besoin de partir pour me préserver, elles m'ont toutes oubliée. Heureusement que j'ai rencontré Gaby. Les années qui ont suivies n'auraient jamais été les mêmes sans elle.

Quand j'ai enfin émergé, je me dirige vers le salon. Gaby est dans le canapé en train de se mater un nouvel épisode de Grey's Anatomy.

— T'es sûre que tu n'aurais pas voulu faire médecine? lâché-je.

— Oula, non. À la télé c'est bien sympa mais en vrai, ils ne sont pas tous aussi sexy que Derek, dit-elle en commençant à rire.

— Ethan m'a écrit d'ailleurs, dis-je.

— Oh trop cool. Tu vas le revoir ?

— Peut-être, je ne sais pas. J'aimerai qu'on reste amis.

— Pfffff. Il est drôle, beau, musclé, intelligent, tu veux quoi de plus ?

— Pouvoir aimer.

Gaby tourne la tête vers moi et me regarde avec cet air désolé dont elle a l'habitude lorsque l'on arrive à ce sujet fâcheux. Je sais qu'elle veut me caser. Mais je n'en ai ni l'envie ni la force. Je me sens mieux seule. Je suis entourée d'elle, de mon père et le reste de ma famille. Je ne dis pas non à quelques amis de plus mais ça sera tout. J'ai une vision bien trop négative des histoires d'amour. Je ne les aime que dans les livres et les films, pas pour moi ni dans ma vie. J'en ai trop peur, voilà tout.