Chapitre 24

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Aujourd'hui

JULIETTE

On a encore couché ensemble. Non, pardon. Nous avons fait l'amour. Ça me tue de le dire mais ça n'avait rien à voir avec la première fois. C'était beaucoup plus intense, beaucoup plus passionnel, ce n'était pas un égarement. C'était nécessaire.

Quand j'ouvre les yeux, il n'est pas dans la chambre. Nous sommes rentrés hier soir sans dire un mot. Le silence planait.

Silence dans lequel nos gémissements résonnaient encore.

J'hésite à descendre immédiatement parce que je suis perdue. Nous sommes meilleurs amis mais des meilleurs amis ça ne couchent pas ensemble. La première fois c'était une erreur. La seconde fois, ça ne l'était plus.

Ce que je retiens également de la soirée d'hier, c'est son histoire avec Léna. Je n'aurais jamais pensé qu'il puisse souffrir autant à cause de la culpabilité. Mais je le comprends. Il a perdu celle qu'il aimait par suicide. Il l'a perdue et il n'aura jamais de réponse à ses questions. Je crois que cette culpabilité est un sentiment très fréquent dans ce genre de situation. Surtout quand la personne part avec ses secrets, ses raisons et sa souffrance.

Je me suis parfois demandée si mon père avait pensé au suicide. C'est terrible dit comme ça, mais c'est la vérité. Si je perdais l'amour de ma vie, n'aurais-je pas envie d'y penser ?

J'ai tellement de peine pour Léo. Je suis un peu gênée aussi. Je me demande si Léna m'apprécierait. Je me demande si elle approuve la situation d'aujourd'hui. En réalité, je ne sais même pas si Léo l'approuve lui-même.

Alors, ce matin, je crois que j'ai peur. J'ai peur qu'il parte. Qu'il se dise que ça été trop loin. Qu'il m'abandonne.

Et

ça

me

terrifie.

Comment une personne peut-elle devenir aussi importante en aussi peu de temps ? Comment son odeur peut-elle restée gravée sur votre peau ? Comment son sourire peut-il vous réchauffer autant ? Comment est-il possible de trouver quelqu'un qui vous comprenne à ce point ?

Je ne sais pas. Mais je ne supporterais pas qu'il parte.

Je descends les escaliers à tâtons car j'appréhende ce moment. Quand j'arrive dans la cuisine, je ne le vois pas. Il n'est pas dans le salon non plus. Ni dans le jardin. Un nœud au creux de mon estomac vient de se former.

— Léo ? crié-je.

Silence. M'a-t-il abandonnée ?

Sur la table près du canapé, j'aperçois un post-it. Je m'avance et découvre qu'il s'agit d'un mot.


Ne t'inquiète pas. Je suis juste parti courir.

Léo


J'ai la sensation de respirer à nouveau. Ça n'est que de courte durée quand je vois un appel de mon père. Je sais très bien pourquoi. Je viens de regarder mon téléphone. Et le jour qu'on est.

— Coucou ma puce. Bien dormi ?

— Je sais pourquoi tu m'appelles, papa.

— Est-ce que tu t'en sens capable, chérie ? De vivre ce moment avec nous. Tous réunis.

— Je...Je crois que je veux bien essayer.

— Je suis si fier de toi, ma Liette.

Aujourd'hui, nous sommes le jour officiel où nous avons dit au revoir à ma mère. Il y a cinq ans, jour pour jour, avait lieu son enterrement. Depuis, ma famille se réunit chaque année pour lui rendre hommage. C'est une façon pour eux de dire : On ne t'oublie pas.

Je coulerai avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant