Chapitre 31

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Aujourd'hui

JULIETTE

Le réveil sonne. J'ouvre les yeux et je suis crevée. Et pourtant, il n'est pas tôt. Avec Gaby, on a regardé des épisodes d'une nouvelle série jusqu'à tellement tard. On est vraiment accro aux séries, c'est une catastrophe. À l'origine, je souhaitais lire mais elle m'a eue à l'usure. Il était donc très tard. Bien trop tard pour quelqu'un qui est censé bosser le lendemain. Je me prépare la tête dans les vapes et je manque d'oublier mon téléphone.

Il faut vraiment que j'émerge.

Quand j'arrive devant la librairie, Sylvie est déjà à l'intérieur. Nous sommes déjà en début d'après-midi. Nous avons décidé d'organiser des séances de lecture pour les enfants.

Nous avions évoqué l'idée il y a quelques semaines mais c'est seulement à partir d'aujourd'hui que nous mettons tout en œuvre pour mener à bien ce projet. Cela nous demande pas mal d'organisation et la mise en place d'un dispatching différent de ce que nous faisions avant.

— Bonjour ! dis-je, joviale.

— Coucou ma chérie !

— Tu installes les fauteuils ? Besoin d'aide ?

— Je veux bien, c'est lourd ces trucs.

— Parfois je me demande dans quoi on s'est embarquées ! dis-je en rigolant.

— Moi aussi. Mais je pense que ça va être vraiment bien.

— Je pense aussi.

Nous installons les fauteuils en forme de cercle et disposons des petites lampes que nous avons achetées en guise de décoration. Le but est de rendre l'endroit chaleureux et propice à un moment de lecture. Nous avons également acheté des toiles et de la peinture à l'huile pour leur proposer de peindre pendant une autre activité.

Le but est vraiment de laisser la créativité et l'art s'exprimer dans une ambiance sereine et propice à ça.

Nous essayons de les allumer mais les ampoules explosent. Nous ne comprenons pas pourquoi cela fait ça et même les ordinateurs s'éteignent.

— Il doit y avoir un problème de courant, je vais voir le compteur électrique, dit Sylvie.

— D'accord, je t'attends ici.

Elle part dans la salle à l'arrière et je m'installe sur un des fauteuils de sorte à attendre que le problème se règle. Je jette un œil sur ma page Instagram et je like les nouvelles photos d'Ethan.

— Merde ! crie Sylvie.

— Tout va bien ? demandé-je, inquiète.

— Oh rien de grave, j'ai juste fait tomber le pot de peinture que j'avais en main, quand je suis rentrée dans la salle. On va devoir tout nettoyer.

— Je le ferai, ne t'en fais pas.

Sylvie m'annonce qu'elle a trouvé le compteur électrique mais qu'elle n'y comprend rien. Pour être franche, je ne vais pas vraiment savoir l'aider. C'est la réflexion que je me fais quand j'entends qu'elle crie. Sauf que cette fois, ça n'est pas du tout un cri de maladresse.

Elle crie. Et ça sent le brûlé.

Saviez-vous que la peinture à l'huile est un produit particulièrement inflammable ? Et qu'un court-circuit peut provoquer le feu dans l'instant qui suit ?

Je cours jusqu'à l'arrière de la librairie. J'essaye d'ouvrir la porte mais elle est bloquée. J'ignore ce qui la bloque, je me demande si ce n'est pas la poignée qui s'est encore cassée. Cela fait des semaines que je dis qu'il faut la remplacer avant que quelqu'un reste enfermé.

Putain.

J'entends Sylvie crier de partir. Si la peinture s'est propagée autour d'elle, elle ne s'en sortira pas. Et je ne peux pas la laisser là.

J'ai perdu ma mère. Je ne veux pas qu'Agathe perde la sienne.

Maman, je ne t'ai pas sauvée. Je la sauverai, elle.

— Juliette, va-t'en !

— Non ! Dis-moi comment je peux casser la porte !

— Je ne sais pas ! Le feu va beaucoup trop vite ! Pars, s'il te plaît.

Je pars chercher l'extincteur qui se trouve à l'autre bout. Quelle connerie de l'avoir mis là-bas. Je ne suis même pas certaine que ça soit réglementé. Je l'attrape et je repars pour enfoncer la porte avec et éteindre le feu.

Quelques minutes. Juste quelques minutes et le feu est partout.

J'utilise l'extincteur pour me frayer un passage jusqu'à elle et la porte s'est écroulée. Sylvie est au sol. J'essaye de la relever comme je peux et de la sortir d'ici le plus vite possible.

Il devient très difficile pour moi de respirer. Sylvie a le bras brûlé et semble à bout de forces.

— Je t'en prie, tiens bon, la supplié-je.

C'est un cauchemar. Les livres s'embrasent. Les tapis aussi. La peinture restante s'enflamme avec toujours plus d'intensité. On ne voit plus rien. Ma tête commence à tourner et j'ai du mal à respirer. J'ai l'impression de voir la sortie quand une des bibliothèques s'écroule devant moi. Et je ne peux plus avancer.

Je sens Sylvie qui s'évanouit et je n'ai plus suffisamment de force pour la maintenir debout. Nous nous écroulons toutes les deux.

Le temps semble être une éternité.

J'essaye de réveiller Sylvie. Je supplie tout ce que je peux pour qu'elle ouvre les yeux.

— Sylvie, je t'en prie...

Mais elle n'ouvre pas les yeux. J'ai la nausée. J'ai très mal aux bronches. J'ai mal à la tête. Je crois entendre des cris mais je suis confuse. Il fait noir et je me bats pour ne pas fermer les yeux alors qu'ils me piquent très fort.

— À l'aide ! crié-je.

Le problème, c'est que je ne pense pas qu'on m'entende. J'ai peur de mourir ici. J'ai peur et je n'ai plus de force. C'est long, trop long. Mes paupières deviennent lourdes et je ne parviens plus à tenir. Je ferme les yeux.

Et il fait noir. Tout noir.

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