Chapitre 119 bis

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En chemin, je n'adressai plus la parole à la concubine Hyo Myeong. J'avais besoin de réfléchir. Et ma principale réflexion tournait autour de ce qu'il convenait de faire pour protéger Ri Ah au mieux.

Oui, j'avais énormément d'affection pour elle. Mais à la vérité, ce n'était pas l'affection seule qui me poussait à autant vouloir la protéger. Le fait était que je me sentais responsable et coupable de son sort. Si j'avais tenu mon rôle et tout fait pour connaitre mieux mes dons, j'aurais été capable de mieux surveiller la Piri et de l'empêcher de l'arracher à sa vie par simple caprice. Ce n'était pas normal qu'un esprit enfermé, aussi puissant soit-il, ait encore le loisir d'agir sur le destin d'autres personnes. Encore plus sur le destin de personnes vivant même en dehors de notre monde. Cela dévoilait bien mes défauts. J'étais trop faible et trop inexpérimenté pour tenir correctement fermé la prison de la Piri. Pathétique.

Dans tous les cas, c'était mon devoir de réparer mes erreurs ou au moins de les amoindrir. Mais la situation était complexe à cause du destin créé par la Piri, façonné exprès pour semer le chaos et le désespoir.

Actuellement, Ri Ah ne connaissait pas les trois personnes auxquelles elle était liée. Seulement San. Et même s'il ne s'était agi que de San, le premier écueil était là. Parce qu'il n'y avait que trois cas de figure possible. Soit Ri Ah le faisait renoncer et il vivrait pour toujours en étant privé du véritable amour qu'il méritait sans doute, soit elle exauçait son vœu et repartait tout de même, le laissant dans le désespoir de sa perte, soit elle n'arrivait pas à repartir et c'était elle qui perdait sa famille et la liberté dont les femmes de son monde semblaient jouir. Dans tous les cas, une personne chère à mon cœur finissait par souffrir. Mais seules ces options s'offraient à nous. Quelle était donc la meilleure ?

La Piri avait dit qu'elle ne supportait pas sa famille alors... Serais ce égoïste de penser que le moindre mal serait qu'elle reste à Joseon ?

Auquel cas, un nouvel écueil se dressait. San et le premier ministre Choi voulaient la faire reine. Rôle qui pourrait à plus ou moins court terme la mettre en danger de mort. Les raisons pouvaient être nombreuses. Même si elle faisait partie de la famille Choi, elle restait marquée physiquement comme une étrangère. Le nombre de mécontents capable de passer à l'acte était difficile à déterminer mais il ne serait pas de zéro. La possibilité qu'elle fasse une erreur impardonnable n'était pas non plus négligeable étant donné son absence totale d'éducation en la matière. Et de ce que j'avais vu, elle n'avait aucun entrain à apprendre et ne le faisait donc pas bien vite. Et puis il y avait cette histoire d'héritier... Il fallait que Ri Ah ait absolument un enfant et que ce soit un fils. Mais même comme ça, le peuple accepterait il seulement un prince héritier aux traits étrangers ?

L'autre solution était de convaincre San de la laisser épouser Seong Hwa. En ce cas, la dangerosité de l'opinion publique serait moindre car elle n'aurait jamais aucune position prééminente au palais. Seong Hwa était déjà une sorte de paria et finalement, ils seraient un couple bien assorti aux yeux de tous car elle amoindrirait encore sa légitimité et ne poserait aucun problème à personne. Mais même si sa vie serait moins en danger, cette position n'était pas non plus enviable. Je doutais que Seong Hwa soit capable d'un réel sentiment et encore moins envers une étrangère. Pas avec cette haine qui lui rongeait le cœur depuis que nous étions enfants. Au mieux, il la délaisserait. Au pire, il pourrait lui faire vivre un enfer.

Il était vrai que je l'avais vu se déclarer à Ri Ah dans le secret de ses jardins mais je l'avais vu se déclarer à d'autres et ne jamais tenir aucun engagement. Peut-être voulait il la paix de son ménage imposé ou encore voulait il ravir son cœur à San qui semblait intéressé pour pouvoir le blesser. Peu importait ses raisons, elles n'étaient surement pas désintéressées. Ce qui voulait aussi dire qu'il y avait peu de chance qu'il lui offre la protection qu'un mari sincère lui aurait proposé. Et puisqu'elle aurait mécontenté le premier ministre Choi... Ce n'était pas une bonne solution.

Le souhait du roiWhere stories live. Discover now