Le souhait du roi

Chapitre 14

Le vocabulaire en bas de page, comme toujours ;)

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J'avais eu trois jours pour me préparer. Pas un de plus. Le père de Jong Ho comptait sérieusement me présenter au palais dans les plus brefs délais. Ça avait été un enfer. Bien heureusement pour moi, il n'était pas resté dans la maison familiale et avait chargé Jong Ho et sa mère de m'apprendre tout ce dont j'avais besoin pour y entrer. Résultat, Jong Ho m'avait acheté encore plus de vêtements et de bijoux parce que, d'après lui, il fallait des choses plus raffinées pour un endroit aussi prestigieux. Sa mère m'avait harcelée jusqu'à ce que je tienne mes baguettes à peu près correctement -dans la perspective d'un banquet- et que je maitrise un minimum les différentes formes de salutations, à commencer par celle destinée au monarque. Elle m'avait aussi donné un cours accéléré sur la démarche que je devais adopter, l'attitude que je devais avoir de préférence et les sujets de conversation qui étaient acceptables et ceux que je devais éviter. J'étais sure d'en oublier la moitié mais je n'avais pas le choix et faisais de mon mieux pour essayer de tout assimiler. J'aurais l'air bien maline si je me faisais exécuter pour avoir commis un impair impardonnable comme m'incliner à la mauvaise hauteur...

Maintenant, je me trouvais derrière les grandes portes d'entrée du palais, encore fermées, en attendant le début de la cérémonie. Avec moi, une floppée de servantes pour porter des présents destinés au roi. Jong Ho m'avait expliqué que puisque j'étais une étrangère -malgré ma situation toute particulière- notre rencontre était considérée comme diplomatique et il était donc de bon ton que je n'arrive pas les mains vides. Mais même si j'étais entourée de tant de personnes, je me sentais plus seule que jamais.

Jong Ho ne pouvait pas m'accompagner parce qu'il n'était pas invité au palais, même si c'était « mon frère » et même son premier ministre de père ne se tenait pas à mes côtés car il devait apparemment faire partie de mon comité d'accueil. Résultat, je devais attendre qu'on ouvre ces satanés portes, angoissée de ce que j'allais découvrir derrière. Je doutais de ne pas commettre un seul faux pas et, cette fois ci, c'était du sérieux. Je ne pouvais sans doute pas me permettre le moindre écart au sein d'une cour royale.

Enfin, deux gardes royaux s'apprêtèrent à ouvrir les portes et je me mis en position. Je devais avancer d'une manière spécifique, lentement, les mains posées l'une sur l'autre au niveau du bassin, le menton légèrement baissé. Je réprimai une grimace lorsque les portes grandes ouvertes laissèrent voir la distance que je devais parcourir entre mon point de départ et le trône royal, installé en haut d'un escalier, se trouvant lui-même au bout d'une allée qui me paraissait interminable.

Je commençai à marcher, sachant qu'à la lenteur d'escargot à laquelle j'étais censée me déplacer, j'en aurais pour un moment.

La cour que je devais traverser était vaste, pavée d'une espèce de pierre claire, presque blanche. De part et d'autre de la ligne droite que je devais parcourir, quantité de personnes étaient inclinées, placées en rang d'oignons. Il y avait d'abord des dames de cours, toutes habillées de la même façon, puis ce qui semblait être des officiels avec des robes de couleur verte, puis bleues, puis rouges. Je pensais me rappeler que la couleur dépendait de leur rang. D'ailleurs, le fait que le père de Jong Ho se trouve avec ces derniers semblait le corroborer. Derrière eux, je pouvais distinguer des soldats et, au fur et à mesure que je m'approchais, je pus même reconnaitre Min Gi, placé en bas des escaliers menant au trône, juste derrière un groupe de dames élégamment vêtues. Peut-être les concubines ? Je commençais aussi à distinguer les personnes qui entouraient le roi. Celui-ci était habillé d'un gonryeongpo rouge et coiffé d'un ikseongwan qui constituaient l'habit royal traditionnel, autant que je m'en rappelais. A ses côtés, une femme était assise sur son propre trône. Ce devait être la reine dont on m'avait parlé.