Le souhait du roi

Chapitre 106

Le lendemain matin, j'avais un plan d'action en tête, ou du moins une ébauche de plan d'action. Bon d'accord, j'étais surprise par le vœu du roi. Enfin... Pas vraiment en tant que tel. Ça correspondait bien à sa personnalité. Encore qu'au final, je n'étais pas sûre de l'avoir bien cerné avec ce qu'il m'avait révélé. Mais ce qui me surprenait, c'était que je doive -et que je puisse- y faire quelque chose. Mais bon... Apparemment, il n'était pas capable de réaliser son vœu lui-même et je devais bien avouer que ça avait du sens. Difficile de savoir si une personne voyait en vous la personne que vous étiez au-delà du roi quand vous étiez le roi. De là à ce qu'on lui envoie quelqu'un d'un autre monde et sans aucune compétence en rapport pour régler le problème, ça ne tenait qu'à la conception originale des choses des esprits. Cependant, puisque ça avait à voir avec les esprits, c'était quelque chose que j'étais censée être capable de faire. Donc si le roi avait besoin d'une marieuse, j'allais être sa marieuse. En tout cas, j'allais essayer. C'était pour mon bien.

Après y avoir réfléchi, les choses étaient peut-être plus simples qu'elles n'en avaient l'air. Après tout, le roi avait déjà douze femmes. C'était un monde s'il n'y en avait pas une parmi elles qui serait capable de l'aimer même s'il perdait son statut de roi ! Une fois que je l'aurais trouvée, restait toujours comment démontrer au roi que c'était le cas mais je devais traiter chaque chose en son temps. Le principal problème qui s'imposait à moi, c'était que je connaissais très mal les concubines alors si je voulais connaitre leurs véritables sentiments pour le roi... Il allait falloir que je prenne le temps de les rencontrer et de discuter avec elles ce qui, en premier lieu, ne m'intéressait pas des masses mais en plus, certaines avaient de l'animosité envers moi. Et on ne parlait même pas de la reine qui, pourtant, avait l'air d'être très jalouse. De toutes les femmes du roi, c'était plutôt dans mon intérêt que ce ne soit pas elle puisque le roi allait la répudier. Avec ma chance...

Dans tous les cas, lorsque Hyo Myeong et le prince Woo Young arrivèrent dans mes jardins pour inaugurer ma deuxième leçon sur les manières de la cour, je les attendais de pied ferme.

Après m'avoir saluée, Hyo Myeong se tourna vers le prince.

« Je pense qu'aujourd'hui, j'ai la préséance. » lui signifia-t-elle, un sourire mutin sur le visage.

Le prince inclina gracieusement la tête. Apparemment, il s'attendait à ce que Hyo Myeong réclame sa part de mon attention.

Comme je grimaçai, elle m'accorda un sourire lumineux.

« J'ai conscience que tu dois être aidée sur le plan spirituel. » convint elle, devinant sans doute mes objections. « Mais la raison officielle de notre présence, c'est que tu dois apprendre les usages de la cour. Ce serait suspect si tes manières s'avéraient mauvaises après que ton éducation ait été prise en charge par un prince. » fit elle valoir.

Elle avait raison alors je ne pouvais rien dire. Et puis, de toute façon, comme j'avais des choses à lui demander, il valait mieux que je la mette dans de bonnes dispositions. Me donner un cours particulier avait l'air de lui faire plaisir alors...

« Voulez vous tout de même vous joindre à moi ? » demanda-t-elle au prince Woo Young, l'air d'espérer un peu. « Vous êtes un prince, après tout, vous connaissez sans doute autant sur les usages de la cour que sur les esprits. » supposa-t-elle.

« J'ai une éducation en rapport. » ne put-il qu'acquiescer, l'air gêné. « Néanmoins, je ne suis pas des plus familier avec les évènements de société. » nuança-t-il. « Et j'ai amené de la lecture. » ajouta-t-il en sortant un livre de sa manche, comme dernier argument.

Je vis que Hyo Myeong s'empêchait d'éclater de rire complètement. Il n'y avait rien de moqueur mais l'embarras du prince était sans doute trop visible et trop incongru pour elle. Pour une raison inconnue, sa maladresse l'amusait beaucoup. La vie au palais devais être terriblement ennuyeuse...