Juliette

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Je me réveillai dans mon lit, ce qui m'étonnait. Je n'avais aucun souvenir de m'être couchée dedans. La dernière chose dont je me rappelais était que j'arrivais dans la grotte principale sous terre, et que les quatre esprits étaient réunis. Je ne savais même pas pourquoi. Peut-être qu'ils avaient l'habitude de se retrouver quand un apprenti passait une étape. Quoi qu'il en soit, je n'avais pas d'autres souvenirs depuis ce moment, à part quelques sons de voix incompréhensibles.

Je me levais avec difficultés. Je remarquai immédiatement que j'avais un bras en écharpe et que certaines parties de mon corps me faisaient souffrir, sûrement là où je m'étais pris des morceaux de pierre. Je m'habillais, grimaçant à chaque fois qu'un de mes muscles me faisait mal, tellement ils étaient endoloris pour la plupart. Une fois m'être entièrement habillée, je descendis au rez-de-chaussée pour prendre mon petit-déjeuner. En face de moi, se trouvait Norbert, le visage dur comme du marbre. C'était étrange, pensais-je. Il n'avait pas cette expression d'habitude. Il semblait plus réservé. Quand je lui demandai ce qu'il n'allait pas, il rétorqua en grognant que cela ne me regardait pas, ce dont je doutais fortement. Quoi d'autre pourrait l'inquiéter ici ? Ses inventions marchaient à merveilles, le potager continuait de donner des légumes d'hiver. Tout allait bien, exactement comme avant. Mais pourquoi ne voulait-il plus me parler ?

- Qu'allons-nous faire aujourd'hui ? demandais-je pour lancer la discussion.

- Tu vas répondre à mes questions sans me mentir, répondit-il d'une voix neutre.

Je sentis mes poils se hérisser le long de mon cou. Il prévoyait quelque chose qui n'allais sûrement pas me plaire, mais quoi ?

- D'accord, j'accepte de répondre à tes questions.

- Tout d'abord, est-ce que tu te sens bien chez moi ?

La question me surprit un peu, mais je répondis :

- Oui, pourquoi ?

- Juste pour savoir. Comment t'es-tu fait ça ? continua-t-il en montrant mon bras cassé. Ne me dis pas que tu es tombé du lit, je ne suis pas sot. De plus, tu n'étais pas à terre quand je t'ai trouvé. Alors dis-moi la vérité.

J'étais encore un peu fatiguée, et puis après tout ce qu'il avait fait pour moi, je pouvais bien expliquer à Norbert ce que je faisais de temps en temps. Je me mis alors à lui raconter les tunnels, ce que je faisais dedans, la rencontre avec Martin, et aussi le moment où j'étais censé aller chercher Michael chez lui. Je voyais de nouveau sur son visage ses expressions qui passaient de l'intrigue à l'amusement, puis à la compassion, et enfin à un regard assassin destiné au moment où je racontais comment Terre avait essayé de me tuer.

- Il t'est arrivé pas mal de chose sans que je ne sois au courant de rien, déclara-t-il après un certain temps. Moi qui croyais que je réussissais à te protéger des dangers extérieurs...

- Tu n'as pas à t'en vouloir. De toute façon, tu n'aurais pas pu m'empêcher d'y aller. Un autre serait venu me chercher, comme je l'ai fait avec eux.

- C'est vrai, mais j'aurais tout de même préféré que tu m'en parles avant, et sans que je t'y oblige.

J'étais un peu étonnée qu'il me croie tout de suite, comme si nous ne vivions pas dans un monde où tout le monde se méfiait de son voisin, mais plutôt dans un monde de Bisounours, où le mensonge n'existait pas. Mais cette fois, je disais la vérité.

- Je dois faire quelque chose pour t'aider dans ses... Tunnels, déclara mon ami un peu plus tard dans la journée, alors qu'on vérifiait que tout allait bien dans le champ.

- Je ne crois que tu pourras m'aider, je dois me débrouiller seule, rétorquai-je.

Norbert voulut protester, mais se ravisa.

Les quatre élémentsWhere stories live. Discover now