Juliette

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C'était encore une journée monotone, comme tous les jours dans la rue Marie Béret, la rue des travailleurs où je m'étais réfugié depuis qu'on avait voulu me mettre en orphelinat. Cela faisait maintenant quatre jours que j'étais allé dans les tunnels et deux semaines que j'avais élu comme domicile cette triste rue que j'avais vite regretté d'avoir connue. Mais aujourd'hui, je vis rapidement une autre couleur s'infiltrer dans le gris, c'était du marron. Il s'approchait de moi et je distinguai rapidement leurs uniformes. C'étaient des gens de l'orphelinat. À la manière dont ils jetaient des regards autour d'eux, je compris vite qu'ils cherchaient quelqu'un. Et ce quelqu'un, c'était forcément moi ! Je commençai à rassembler mes affaires, mais ils aperçurent mes mouvements paniqués qui faisaient contrastes à ceux uniformes des adultes, car je faisais de grands gestes et les passants me jetaient de drôles de regards. Ils s'approchaient rapidement et je prenais trop de temps à ranger ma couverture et le bol de fruit que j'avais trouvé hier soir en m'aventurant un peu au-delà de cette rue. Je pris donc seul le bol et les fruits avant de partir en courant. Ils me crièrent d'arrêter, mais je ne les écoutai pas. Certains adultes essayèrent de me stopper à leur tour, mais je leur passai à côté, juste hors de portée. J'étais presque arrivé au bout de la rue, mais un homme massif se mit devant moi et me bloqua le chemin. J'avais environ un quart de seconde pour décider ce que je devais faire. Je choisis de faire une feinte vers la droite avant de partir vers la gauche. L'homme en face s'en rendit vite compte et opéra un demi-tour sur lui-même, et me rata de peu. Je sentis le vent de sa main sur mon manteau, mais il ne réussit pas à m'attraper. Je continuais de courir même si je me fatiguais vite. Ils devaient sûrement être à mes trousses. Je ne me retournai pas, de peur de les voir juste à quelques pas derrière moi. Je continuai ainsi mon chemin, jusqu'à que je n'en puisse plus.

Je m'arrêtais, haletante, sur le pas d'une porte. Mais j'entendais le moteur d'un véhicule qui s'approchait. En me retournant, je vis que le conducteur était la même personne qui m'avait poursuivi dans la rue des adultes une demi-heure plus tôt. Je me levai avec difficulté, mais je n'avais pas assez de forces pour aller très loin. Ne pas manger autant que je le devais pendant plusieurs jours m'avait affaiblie. Soudain, une main me tira vers l'arrière. Je voulus me défendre, mais mes gestes étaient trop lents et mes agresseurs, car ils étaient plusieurs, me bloquèrent rapidement et je ne pus plus rien faire. Ils avaient fait en sorte que je ne les vois pas, c'était intelligent de leurs parts, je ne savais donc rien de mes ennemis à part qu'ils étaient plusieurs et qu'ils semblaient me vouloir du mal. L'un d'eux s'approcha et je pus enfin le voir. Ce n'était pas un adulte, contrairement à ce que j'avais pensé. C'était un garçon d'environ une vingtaine d'année, avec une bande d'environ le même âge. Ils étaient en tout sept individus, et le garçon qui se tenait devant moi semblait être leur chef vu les regards en attente d'ordre qu'ils lui jetaient sans cesse.

- Moi, c'est Jack. Et toi ? demanda celui que je pensais être leur dirigeant. C'est en effet moi qui commande cette bande, ajouta-t-il comme s'il lisait dans mes pensées.

- Pourquoi m'avoir sauvé de l'orphelinat ? Ces gens voulaient m'y envoyer, précisai-je.

- On a bien vu qu'ils te poursuivaient, je les ai reconnus. On sait bien comment c'est là-bas. C'est un enfer, personne ne voudrait y aller et je ne souhaiterais pas cela à mes pires ennemis.

Un avait toujours un sourire en coin, comme s'il était content de ce qu'il disait, où alors j'avais raté un épisode drôle. Je n'arrivais pas à me concentrer tellement la fatigue m'écrasait. Jack dut s'en rendre compte, car il se tourna vers les autres, ils échangèrent quelques mots puis il m'emmena dans une maison à moitié effondrée. Trois lits se trouvaient au centre de la pièce centrale de la maison.

Les quatre élémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant