Chapitre 18 : Vertige (Deuxième partie)

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Dans mon élan, je tirais involontairement sur le bras d'Arnaud qui me tenait toujours, attirant de nouveau son attention sur ma personne. Il relâcha sa mère, tournant sa tête vers moi. Dès qu'il croisa mon regard, je sus. Je sus qu'il savait précisément quel genre de pensées venaient de me traverser l'esprit. Je tirais un peu plus fort sur mon bras, essayant d'échapper discrètement à sa poigne mais il resserra son emprise, m'empêchant de m'éloigner. Je le suppliais du regard.

« Laisse-moi partir. »

Je déchiffrais sans mal la réponse à ma silencieuse supplique dans la lueur déterminée de son regard.

« Non. »

Il reporta son attention sur sa mère sans toutefois me lâcher. Avant qu'il se détourne, je pus toutefois lire sans mal l'inquiétude qui voilait son regard et le pli soucieux qui creusait une légère ride entre ses deux yeux. Et si ses indices n'avaient pas été suffisants pour me crier sa peur, il y avait toujours ses doigts qui encerclèrent encore plus fermement mon poignet qui commençait d'ailleurs à être sérieusement malmené. Au moins avait-il évité de saisir ma main bandée et douloureuse après ces nombreuses heures de route. Les antalgiques ne faisaient plus effet et je n'avais pas pensé à en prendre avec moi.

- Comment il va ? S'enquit Arnaud.

Le visage de sa mère se ferma aussitôt alors que ses yeux si semblables à ceux d'Arnaud se remplirent de larmes difficilement contenues.

- On ne sait pas encore. Il est toujours au bloc, les médecins l'opèrent encore. Ils nous donneront des nouvelles dès qu'ils auront finis.

Les sanglots nettement perceptibles dans sa voix me firent détourner les yeux. Je croisais alors ceux scrutateurs du frère d'Arnaud qui n'avait visiblement rien loupé de notre précédent échange silencieux et pourtant éloquent de regards ni même de notre lutte pourtant discrète puisque, voyant que j'avais son attention, il baissa les yeux sur la main d'Arnaud qui tenait toujours mon poignet, m'incitant à me débattre une nouvelle fois contre sa grippe. Visiblement agacé par mon manège, Arnaud me tira brusquement en avant, rompant mon équilibre. Je me rétablis tant bien que mal et en me redressant, je vis que par sa manœuvre, Arnaud m'avait placé bien malgré moi devant sa mère.

- Maman, je te présente Jérémy Ferrari. Jérémy, ma mère.

Sa mère me dévisagea un instant sans rien dire, visiblement prise de cours par ma présence aux côtés d'Arnaud, présence qu'elle n'avait pas remarqué plus tôt. Gêné, je me passais une main dans les cheveux avant de la laisser s'attarder derrière ma nuque, tirant sur les mèches plus courtes qui l'ornait.

- Madame Tsedri, la saluais-je après m'être raclé la gorge pour m'assurer de ma voix.

J'aurais bien ajouté un ravi de vous rencontrer mais ça aurait été mentir et ce n'était pas mon genre. Je n'étais pas ravi d'être là. En fait je ne rêvais que d'une chose : Fuir. Je voulais être partout ailleurs sauf ici. Comme s'il avait saisi mes pensées, la poigne d'Arnaud se resserra sur mon poignet.

- Jérémy bien sûr, finit-elle par s'exclamer après un temps. Je vous aurais facilement reconnu, je vous ai souvent vu à la télé avec Arnaud.

Elle sembla sur le point d'ajouter quelque chose tout comme Arnaud, mais son frère les devança tous les deux, me tendant la main.

- Thibault, le frère d'Arnaud, se présenta-t-il.

Je prenais sa main, la serrant brièvement avant de la relâcher tout aussi vite.

- Jérémy.

- J'avais cru comprendre oui, répliqua-t-il simplement d'une voix neutre ne laissant pas filtrer plus d'émotions que son visage impassible.

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