Chapitre 7 : Acculé

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Dérivant doucement entre les frontières du rêve et de l'éveil, je baignais dans une étrange atmosphère cotonneuse des plus agréables. Vous savez, ce curieux état lorsqu'on n'est ni complètement endormi, ni parfaitement réveillé et qu'on se sent si bien, si paisible et confortable, qu'on voudrait rester ainsi pour toujours. Tout s'arrêta brusquement lorsque mon portable, enfoui dans la poche de mon jean qui avait atterri au cours de la nuit sur le sol de la chambre juste à côté de ma tête, se mit toutefois à vibrer me faisant définitivement et trop prématurément à mon goût quitter cette léthargie quasiment salutaire. Je décidais de ne pas décrocher, ayant trop la flemme pour ça, quand une voix à mes côtés grogna doucement.

- Tu vas répondre oui.

En soupirant, je me résignais à émerger et me redressais sur un coude en grimaçant. La nuit d'hier avait été vraiment mouvementé. Je n'en avais plus connue de telle depuis bien longtemps et tout mon corps s'en trouvait courbaturé. Il protestait plutôt violemment contre mes activités nocturnes semblerait-il. Je passais une main dans le nid corbeau de cheveux désordonnés que j'avais sur la tête avant de fouiller les poches de mon jean à la recherche de cet appareil de torture. Je songeais sérieusement à m'en débarrasser d'ailleurs. J'en avais marre d'être constamment réveillé par cette chose bruyante et incommodante sauf que c'était aussi foutrement pratique et que j'en avais vraiment besoin, ne serait-ce que professionnellement parlant. Je décrochais sans même prendre la peine d'identifier le numéro.

- Allo, répondis-je d'une voix rauque rendue un peu pâteuse par le sommeil qui m'habitait encore. Je me raclais la gorge pour lui redonner son timbre habituel avant de poursuivre tout en laissant retomber ma tête sur l'oreiller. Qui que vous soyez, je vous hais déjà pour avoir osé réveiller Jérémy Ferrari alors que son sommeil est sacré.

- Tu parles de toi à la troisième personne maintenant ? Sinon moi aussi je suis ravi de t'entendre Jérémy. Et bonjour au fait, me dit une voix bien trop dynamique aussi tôt le matin.

Je fermais les paupières, une migraine commençant déjà à envahir progressivement ma tête qui me paraissait bien plus lourde que la normale. Tout comme ma langue et chacun de mes membres en fait. L'effet « je me réveille clean après un sacré trip et mon cerveau peine à redémarrer » que je connaissais que trop bien empiré par l'effet « j'ai un Arnaud bien trop énergique au bout du fil et il faut que je surveille le moindre mot sortant de ma bouche alors que le simple fait de penser est déjà excessivement compliqué et douloureux. »

- Qu'est-ce que tu veux ? Grommelais-je d'une voix à peine compréhensible.

- J'en connais un qui s'est levé du mauvais pied ce matin, chantonna la voix excessivement aiguë que pouvait parfois prendre Arnaud et qui me vrilla littéralement les oreilles et le cerveau.

- Je n'ai même pas encore mis un pied hors du lit Arnaud. Figure-toi que je dormais paisiblement avant qu'un imbécile décide de me réveiller parce que sa vie est tellement ennuyeuse qu'il ne peut pas se passer de moi une journée sans s'emmerder.

- Qu'est-ce que tu veux, je ne peux plus me passer de toi mon petit Jérém ! Et puis tu t'ennuierais si je n'étais pas là pour te faire chier, avoue-le.

- C'est ça ouais, fut ma seule réponse qui refléta pourtant tout mon scepticisme. Et je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler mon petit Jerem'. (*)

- Et oh c'est pas un peu fini oui ! Râla une voix à mes côtés. Si ton pote veut à tout prix discuter avec toi si tôt un samedi matin, c'est ton problème mais il y en a qui voudrait dormir.

Il y eut un grand silence au bout du fil et je fus sûr et certain qu'Arnaud l'avait entendu.

- Attend une minute tu veux.

Dépendance | ⚠️EN PAUSE⚠️Where stories live. Discover now