Épilogue

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August

Un an plus tard




April,

Te souviens-tu de cette soirée ? Nous étions l'un contre l'autre, seuls contre tous, seuls dans notre monde. Nous glissions ensemble dans cette patinoire où nous avons passé tant de bons et de mauvais moments.
Ce soir-là, il y a tellement de choses que j'aurais voulu te dire. Mais je n'avais pas les mots pour le faire.

Que penses-tu du mot « aimer » ? Fais-tu partie de ceux qui l'adulent ou de ceux qui l'exècrent ? Je n'ai personnellement pas d'avis sur la question. Mais à ce moment-là, « aimer » me semblait trop faible, dérisoire, et je n'ai rien trouvé pour le remplacer. Rien n'était suffisant. Alors je t'ai embrassée. Et avec ce geste j'ai espéré réussir à te transmettre tout ce que j'ai pu ressentir, tout ce que j'ai pu vouloir te dire. Aujourd'hui encore, je pense être incapable de coucher sur papier l'entièreté de ce que j'aimerais te faire parvenir. Tu m'as dit avoir appris à respirer à mes côtés. Et étrangement, cela a fait sens. Car lorsque mes yeux se sont posés sur toi pour la première fois, j'ai eu le souffle coupé. Et cet étrange phénomène s'est répété à chaque fois. Chaque partie de toi était époustouflante April Wilson. Tu m'as sorti de ma grotte et m'a ramené à la vie. C'est m'accorder trop d'estime que de dire que je t'ai appris à respirer. Mon hypothèse est que nous avons appris à le faire ensemble.

April : une fille étrange et motivée, qui veut que son existence compte.

August : un garçon tout aussi étrange et effrayé qui ne se rend pas compte que son existence compte.

Qui aurait cru que dans leur complexité ils pourraient apprendre à respirer en toute simplicité ?


Tu me manques chaque jour un peu plus tu sais ? Et savoir que tu ne liras jamais cette lettre devrait me rendre malade. Il y a plusieurs mois ça aurait été le cas. Mais aujourd'hui j'ai appris à accepter. Accepter que ton existence fait partie du passé, accepter que quoi qu'il arrive tu vas toujours me manquer, mais surtout accepter que ma vie ne s'est pas terminée le jour où tu m'as quitté. Que cela marquait la fin d'une aventure mais également le début d'une autre. Et que ces moments passés avec toi nourrirons mon futur à jamais.

Au revoir April. Merci d'être entrée dans ma vie et surtout, merci de m'avoir entraîné dans la tienne.
Je vivrais pour pouvoir un jour, me perdre une dernière fois dans tes yeux.

August.


Je mets le point final. Bleuenn m'a souvent encouragé à écrire ce que je ressens et finalement ce n'est peut-être pas une si mauvaise idée. Je plie la lettre et la range dans le tiroir de mon bureau. Mon sac m'attend près de la porte, il ne faut pas que je traîne.

« August ? »

« J'arrive ! »

Je dévale les marches des escaliers et arrive dans le café. Ce dernier est bondé.

« August, » m'appelle Bleu. « Dépêche-toi tu vas être en retard. Lise doit sûrement t'attendre ! »

« Désolé, j'avais un truc à finir. »

« Garde tes excuses. Elle va te mettre une raclée. » Bleuenn me lance un sourire espiègle.

« Tu vas t'en sortir ici sans moi ? »

« Il va bien falloir, étant donné que mon ingrat de petit frère a préféré le patin à aider sa super sœur. »

« C'est toi qui me bassinais pour que je reprenne ! » dis-je indigné.

« Je sais August, je sais, » dit-elle en passant sa main dans mes cheveux. « Tu m'as déjà suffisamment aidée comme ça. Tu as largement le droit de faire ce qui te plaît maintenant. »

Je la serre dans mes bras. Je ne lui montre jamais suffisamment à quel point je lui suis reconnaissant pour tout ce qu'elle a fait pour moi.

« Et puis j'ai engagé Oscar ! Avec un nouvel employé ça va aller. »

Je lui souris tendrement.

« A ce soir Bleu. »

« Quand est-ce que mon adorable petit frère est devenu un homme ? »

Je rigole et me dirige vers la sortie.

« August ! » m'appelle-t-elle une dernière fois. « Tu n'as pas oublié tes patins hein ? »

Je lui montre fièrement mon sac.

« Pour qui tu me prends ? »

Je passe la porte et fais sonner le carillon.
Enfin prêt à tout recommencer. Enfin prêt à aller de l'avant. Quand on y pense, la vie n'est qu'une succession de cycles, avec un nombre immense de débuts et de fins. Chaque fin nous blesse. A différentes échelles. Certaines nous permettent de grandir, d'autres de s'améliorer, mais ce qui est sûr c'est que chacune d'elle emporte une petite partie de nous en disparaissant. Le tout est de se dire que cette finalité est nécessaire, car elle marque le début d'un renouveau. L'avenir est là, et il n'attend pas. Alors à nous de nous y jeter et de l'embrasser.

August et AprilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant