Chapitre 18

18 2 1
                                    


August


« Où est-ce que j'ai bien pu mettre ce chiffon ? »

Bleuenn se gratte la tête, pensive.

« Tu parles du bleu ? Tu l'avais dans les mains il y a deux minutes, » lui dis-je en essorant la serpillière.

« Je sais, mais je ne l'ai plus et impossible de me rappeler où j'aie pu le poser. »

Je me redresse légèrement et balaye la pièce du regard. Mais ne le trouve pas pour autant. Mon regard s'attarde sur Bleuenn. Elle gesticule dans tous les sens pour mettre la main sur le bout de tissu, en vain. Ses cheveux sont en batailles et une goutte de sueur perle sur son front. Ses vêtements ont été froissé par l'exercice et son tablier est négligemment noué dans son dos. Un détail attire mon regard et j'aperçois un linge pendre de la poche de ce dernier. Le chiffon bleu est enfoncé dans la cavité et se balance au rythme des mouvements effrénés de ma sœur. Pas étonnant qu'elle ne l'aie pas vu plus tôt, sa couleur se mélange presque parfaitement avec celle de sa blouse.

« Tu as essayé de chercher dans la buanderie ? » lui conseillé-je avec un grand sourire.

« Pas bête ! Je vais voir. »

Je la suis du regard alors qu'elle sort de la pièce et me demande combien de temps elle mettra à s'en rendre compte. Je replonge mon attention sur la tâche que j'étais en train d'effectuer avant d'être interrompu par la sonnerie du carillon.

« Désolé, le café est fermé aujourd'hui. Nettoyage de printemps, » dis-je sur un ton professionnel.

« Nous sommes pourtant en hiver, » me fait remarquer une petite voix que je reconnaîtrai parmi tant d'autres.

J'adresse un regard surpris à April qui secoue son parapluie.

« Qu'est-ce que tu fais là ? »

« J'étais passée dire bonjour. Vous nettoyez l'entièreté du café ? »

« On en profite aussi pour faire du tri dans l'appart. »

« Très bien ! » s'exclame-t-elle en retroussant ses manches.

Elle s'approche d'un carton trop lourd pour elle et tente de le soulever.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

« J'aide. Je n'ai rien d'autre de prévu de toute façon. »

Je la détail de haut en bas.

« C'est quoi cet air que tu prends ? Tu doutes de mes capacités ? »

« Pas du tout, » m'empressé-je de répondre en levant les mains en l'air.

April tente une seconde fois de porter la boîte, puis une troisième et une quatrième. Toutes soldées par un échec.

« Besoin d'aide ? »

Elle m'adresse un regard gêné et s'approche de moi.

« Qu'est-ce que je peux faire ? »

Un rire m'échappe, mais je le réfrène vite devant sa mine contrariée.

« Prend le carton qu'il y a sur le comptoir. Je vais m'occuper de celui-là. »

« A vos ordres ! Je le pose où ? »

« On va les monter à l'étage. »

Je me relève en une impulsion et soulève le carton toujours à terre. April s'empare du sien et nous nous dirigeons d'un même pas vers les escaliers.

« Quelle force, je suis impressionnée, » me taquine-t-elle. « Qu'est-ce qu'il y a dans ces cartons ? »

« Pleins de choses. Des couverts, des robots de cuisine, parfois des livres que j'avais mis à disposition des clients. »

« Tu aimes lire ? »

L'escalier grince sous notre poids. Les marches sont anciennes et raides. J'essaye de me concentrer pour ne pas trébucher.

« De temps en temps oui. »

Nous trouvons la porte d'entrée grande ouverte, ce qui facilite la manœuvre.

« Tu peux le poser dans ma chambre. »

« Roger. »

La tête de Bleu apparaît soudainement au bout du couloir.

« C'est la voix d'April que j'ai cru entendre ? »

« De qui d'autre ? » dis-je sarcastique.

« Bonjour Bleu ! »

April l'ayant entendu depuis la pièce d'à côté lui répond en en criant un peu trop fort.

« Au fait August ! J'ai retrouvé mon chiffon, tu ne devineras jamais où il était ! »

« Dans la poche de ton tablier ? »

« Comment tu... »

Je lui lance un clin d'œil et part rejoindre April.

« Sale gosse ! »

Je la trouve debout au milieu de la pièce, en train de regarder dans tous les sens avec de grands yeux.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

« J'admire la déco. Je me suis rendu compte que c'est la première fois que j'entre dans ta chambre. »

« Et pourtant tu passes ta vie ici dernièrement. »

Elle se laisse tomber sur le lit en ricanant.

« Ça te ressemble bien je trouve. »

« Ah bon ? »

August et Aprilحيث تعيش القصص. اكتشف الآن