Chapitre 21

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August


Cela fait trois jours que le concours est passé et toujours aucune nouvelle d'April. Je m'inquiète de plus en plus quant à la raison de son absence. Si ces quelques mois passés en sa compagnie m'ont appris une chose, c'est qu'elle ne se défilerait jamais sans une bonne excuse. Il est onze heures passées et je fixe le plafond, allongé sur mon lit. Il faut que je me lève, je le sais. Pourtant, peu importe le nombre de fois que j'essaye, je n'y parviens pas. Je ne sais si c'est parce que le matelas et trop confortable, ou tout simplement si c'est mon corps est trop lourd. Cela faisait longtemps qu'elle n'était pas revenue. Cette sorte de léthargie qui s'empare de tout mon corps a l'idée d'affronter une nouvelle journée. J'ai beau tenter de me convaincre du contraire, je sais exactement d'où vient cette difficulté. Mais je ne pensais pas que me l'avouer serait si compliqué. J'avais saisi à quel point April avait gagné en importance dans ma vie, mais j'étais loin de me douter que j'étais devenu si dépendant. C'est un message de Lise qui parvient finalement à me dépêtrer de mes draps.

Lise
11h24

« J'ai eu des nouvelles »

Je me redresse aussitôt. Une anxiété redoutable s'empare de moi et essaye de me dissuader de lire la suite du message.


« Apparemment la grand-mère d'April aurait fait un malaise. Elle se serait précipitée en Belgique avec sa mère pour s'assurer que tout allait bien. Elle ne devrait pas tarder à rentrer.
Je te tiens au courant. »


Je relis le message plusieurs fois pour m'assurer de son contenu. Je devrais être rassuré. Étrangement, ce sentiment de malaise ne veut pas me quitter. J'éteins mon téléphone et me rend au café. Je trouve Bleu assise au comptoir avec une tasse de thé dans une main et un livre dans l'autre. Elle porte son attention sur moi au moment même où je descends les escaliers.

« Toujours pas de nouvelles ? » demande-t-elle avec appréhension.

« Tu as un sixième, sens c'est fou. »

« Alors ? »

« Je viens de recevoir un message de Lise. Elle va bien. Sa grand-mère a eu quelques problèmes de santé apparemment. »

Elle laisse échapper un énormément soupir de soulagement en entendant la nouvelle.

« Tant mieux alors. J'espère que Lise ne refusera pas de continuer à l'entraîner. »

« Ça m'étonnerait qu'elle le fasse. Quoi que. »

« Arrête. J'espère que si c'est le cas tu sauras l'en dissuader. »

« Je l'espère aussi. »


***




« Je sors prendre l'air ! »

« Vas-y ! Profite en il y a moins de monde à cette heure. »

Je marche un long moment sans but particulier. Décembre a pointé son nez et la température n'a jamais été aussi glaciale. Plus les années passent et plus j'ai l'impression qu'elle se refroidis. Il ne tardera pas à neiger.
Autrefois, par ce genre de températures, je m'enfermais à la patinoire et y passait des heures entières à retravailler certains sauts, faire des exercices d'assouplissement, ou tout simplement des tours de piste pour me changer les idées. Et depuis quelques temps ce besoin me revient. Il ne me laisse aucun répit et me pousse vers cet endroit où bons et mauvais souvenirs se mélangent et forment un tout. Je me concentre à nouveau sur ma destination. Juste à temps pour prendre conscience du chemin que j'emprunte inconsciemment. Parmi tous les endroits où j'aurais pu me rendre il a fallu que ce soit celui-ci.

« August ? »

Je me retourne à l'appel de mon nom. La personne que je vois alors, me ramène des années en arrière et je prends conscience que jamais je n'ai autant souhaité disparaître.

« Mon Dieu c'est vraiment toi ! Qu'est-ce ce que tu deviens ? »

« Salut Gab. »

« T'as vraiment pas changé d'un poil. Qu'est-ce que tu fais par ici ? Tu te rendais à la patinoire ? »

« Tu sais, ce chemin mène à pleins d'autres endroits. »

« Allez, ne fait pas le timide. J'y allais aussi justement ! Il faut que je m'entraîne. Malgré toutes ces heures de travail acharné je suis encore loin de t'égaler. »

« Toi non plus tu n'as pas changé. T'as toujours cette manie insupportable de pas écouter les gens quand ils te parlent. »

« Détends toi mon gars. Je rigolais. Bon alors tu viens ? »

« Où ça ? »

« A la patinoire, avec moi. »

Je pourrais refuser, je devrais refuser. Et pourtant j'ai envie d'accepter.

« Je ne patine plus tu sais ? »

« Oui, j'en ai entendu parler. Mais rien ne t'empêche de regarder. Et si l'envie t'en prends d'essayer d'enfiler des patins. »

Il se met en marche et ne me laisse pas le temps de refuser. Dans la panique, je le suis. Nous marchons en silence. Je n'ai pas envie de parler davantage et il doit s'en douter. Lorsque nous arrivons devant le bâtiment, une pensée me frappe d'un coup.

« Rassure moi Gab, aujourd'hui ce n'est pas jour d'entraînement général pour le club ? »

Ce dernier me regarde en souriant.

« Si je te dis oui, tu t'en vas ? »

Je commence à faire demi-tour lorsque ce dernier m'attrape par le poignet.

« T'inquiète. C'est entraînement privé pour moi. Et je t'autorise à être spectateur. En tant qu'ancien rival je te dois bien ça. »

Il m'entraîne à l'intérieur et je me rends compte que ce n'est pas aussi difficile que ce que j'aurais cru. Je me remémore la première fois qu'April m'a entraîné ici en se mettant à courir soudainement. Un sourire apparaît sur mon visage et je suis Gab discrètement.

August et AprilOnde histórias criam vida. Descubra agora