26. Chloroforme

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Waves- Dean Lewis

Lyana
Soirée, 21h17

Je rigolais avec Luca et Hugo, je rigolais à gorge déployée. Comme si c'était ce que ma trachée voulait, comme si sa seule envie n'était pas de brûler à cause mon suc gastrique. Comme si je ne voulais pas vomir de dégoût et de détresse.

Mes yeux me brûlaient, je voulais pleurer toutes les larmes de mon corps. J'en étais arrivée à pointer une arme à la personne à qui j'avais confiée toute ma vie, à celle à qui je pouvais déverser ma peine. J'avais tellement mais tellement besoin de le prendre dans mes bras, je voulais ressentir l'apaisement que j'avais avec lui il y a quelques années.

Le bloquer m'avait déjà détruite mais le voir ici, fous, fous de moi, et devoir le menacer de le tuer. Lui dire qu'il n'était rien pour moi alors qu'il avait été celui qui m'aidait quitte à se mettre la Terre à dos. Mon envie montait, j'avais besoin de mon Antony, celui que j'avais aimé comme un frère.

Un homme arrivait vers nous, il s'adressait aux garçons mais je n'entendais rien. Je ne faisais plus attention aux brouhahas autour de moi, je voulais juste m'en aller le plus loin possible. Et l'occasion était parfaite.

-Je vais aux toilettes. Je lâchais.

Les garçons ne pouvaient pas me suivre et c'était tout ce dont j'avais besoin. Je marchais précipitamment vers l'un des milles couloirs. Je m'engouffrais à l'intérieur, il était vide.

J'essayais quelques portes mais il n'y avait pas de toilettes, je marchais un peu plus loin pour trouver un énième couloir. Je me paralysais, Antony était là au fond tout seul un verre à la main.

J'avais mal tellement mal.

À l'époque mon premier réflexe aurait été de lui courir dessus pour lui faire un câlin. Aujourd'hui ce que je devais faire c'était de courir mais loin de lui, le fuir. Mais j'en étais incapable, je ne pouvais décrocher mon regard du sien. C'était peut-être une hallucination mais j'avais l'impression de retrouver les yeux remplis de protection qu'il m'avait toujours donné.

Peut-être était-ce mon cerveau qui me montrait ça pour protéger mon cœur déjà en lambeaux mais en face de moi j'avais l'Antony que j'avais toujours connu. Celui que j'avais aimé de tout mon cœur.

-Lya...

Sa voix, c'était la voix qui m'avait tant manqué, mon cœur ressentait un bonheur inexplicable. Ce sourire saint, ce sourire qui inspire la confiance. Mon arme l'avait peut-être guéri en fin de compte, voir ma colère l'avait peut-être soigné. Peut-être s'était-il rendu compte de son erreur.

Ma main se positionnait sur ma bouche et mon cœur laissait déverser toute la peine qu'il avait connu. Les larmes qui glissaient sur mes joues étaient abondantes mais surtout brûlantes. Ici même je retrouvais mon sauveur.

Il s'approchait de moi doucement pour ne pas me brusquer, il levait ses bras en ma direction et attendait mon accord, j'étais incapable d'articuler un seul mot alors j'hochais la tête. Il me prit dans ses bras.

Antony, mon Antony. J'avais tellement mal pour toutes les années perdues mais j'étais tellement heureuse de le retrouver. Ses bras, son amour, son odeur... son odeur ?

Je tiquais, il ne sentait absolument pas l'odeur que j'avais connu, il sentait fort, le chimique, une odeur à m'en brûler les yeux. C'était - c'était -

Je me détachais de lui pour le regarder dans les yeux et lui demander une explication. Mais là j'eu peur, j'étais terrifiée. Cette odeur avait suffit à mon cerveau pour me rendre compte de cette réalité, son sourire n'était pas bienveillant, ses yeux n'était pas rassurants, son visage était malsain.

NOSTRA / 1-2-3Where stories live. Discover now