Chapitre 27 - La lettre de l'enfant

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Trigger warning : suicide.


Rune


Je m'installai à côté de Ruka. Ce dernier était allongé dans les consanguines, à l'abri de tous les regards. Ce lieu dégageait la même chose que lui : la sérénité. J'inspirai profondément une fois à ses côtés. Il ne me regarda pas, ni même ne notifia qu'il savait pour ma présence, mais il n'en avait pas besoin. L'énergie qu'il dégageait était d'un tel apaisement que je savais qu'il me souhaitait la bienvenue à ses côtés.

— Selene n'est pas avec toi ?

Un sourire amusé fleurit sur ses lèvres et il secoua la tête.

— Cela fait plusieurs heures qu'il a regagné ses quartiers.

— Et tu as réussi à le laisser respirer ? me moquai-je.

— Tu sembles te tromper, petit frère. Ce que j'ai avec Selene est bien différent de ce que tu partages avec Anela. J'apprécie Selene parce qu'il est amusant, mais il ne viendra jamais à l'esprit de l'aimer et il en est de même pour lui.

Ce qu'avait Ruka avec Selene avait toujours été assez flou dans mon esprit, mais je le croyais. Même pour s'amuser, Ruka ne mentait jamais. Il n'y avait aucune utilité à cela. Il semblait considérer Selene comme un « ami » et c'était très bien comme cela, même si je n'appréciais pas vraiment ce Duc. Ruka ressemblait particulièrement à Luna dans sa façon de percevoir les choses et je me sentais aussi à l'aise avec l'un qu'avec l'autre, même si Ruka avait plus de plaisir à être seul.

— Et toi ? Tu ne sembles plus rôder autour du Vicaire Sanglant. Après avoir été sur le point de lui faire l'amour passionnément dans le champ, je te trouve bien distant.

Je me rembrunis face à ses mots. Fratera avait donc raison : ils avaient tous assisté à ça sans pudeur.

— Les refus font trop mal. Je suis épuisé de souffrir. Je préfère attendre.

— Tu es le premier dieu à tomber amoureux. Dans le monde de demain, je m'assurerais que l'on conte votre amour. Il serait triste d'oublier ce dernier ; le premier amour des dieux, raconta-t-il en levant une main.

— Le premier amour est si tragique. J'espère que personne ne prendra exemple sur ce côté désolant.

Ruka secoua la tête, jugeant le ridicule de mes paroles. Son visage me fit face avec un sourire apaisé aux lèvres.

— Le rêve de père me semblait inatteignable, mais depuis que les Ducs sont là, je me mets à y croire. Je crois en un demain où nous pourrions tous nous entendre.

— Luna est dubitative, soupirai-je. Mais moi aussi j'y crois de plus en plus. Bien sûr, les Ducs auront plus à perdre que nous puisque c'est leur peuple qui va être presque entièrement décimé, mais... s'ils pensent à l'avenir, je pense qu'ils pourraient y croire aussi.

Ruka se redressa et il inclina la tête vers moi.

— Des sacrifices sont nécessaires pour construire un nouveau monde.

Et j'en étais parfaitement conscient, mais les Ducs étaient profondément attachés à leur foyer. J'y aurais pensé à deux fois s'il avait été question de moi, alors je ne pouvais me montrer malhonnête face à la longue réflexion des Ducs.

— Rune !

Je me retournai vivement. J'avais reconnu la voix de Luna, mais pas la légère panique que j'avais perçue. Je me relevai plus vite que Ruka, mais nous courûmes tous les deux pour la rejoindre. Père, assit plus loin derrière, attendait lui aussi que Luna daigne parler. C'était la première fois que je voyais son visage aussi torturé.

LA LOI DU SANG - LES SANGUINAIRES (BL/TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant