18 : Connectées (2)

29 8 59
                                    

Une fois chez moi, je m'écroulai sur mon canapé. Les paroles de Bell me revinrent en tête. Mais j'avais le temps encore non ? Je n'étais pas obligée de tout abandonner si vite ? Tourner une dernière fois la clé de mon appartement, dire adieu à ma vie d'avant. Tout laisser derrière soi comme quand on part en vacances, avec l'insouciance et l'idée qu'on reviendra toujours chez soi. Et que rien n'aurait changé entre temps...

Et s'il devenait même trop risqué d'aller à l'hôpital ? Et si Benjamin se réveillait ? Je ne serais même pas à son chevet...

- Pour l'instant tu n'es pas en danger. Tu peux prendre ton temps avant d'aller vivre chez ton ami. Et de toute façon je te protège.

Je me retournai sur le ventre, et mordillai ma lèvre rose. Mon ventre me lança une petite piqûre de rappel. Je n'avais toujours pas cicatrisé.

- Tu veux que j'atténue la douleur ? proposa mon hôte.

Je l'imaginai baisser un levier imaginaire sur lequel était placé une petite étiquette : douleurs physiques.

- Il en existe un aussi pour les autres types de douleur.

Lara vivait dans ma tête. Je savais très bien de quoi elle voulait parler. Je posais ma tête contre l'accoudoir, exténuée.

- Je sais que tu penses à Benjamin. Mais je vais bien. Ça va. Et pour mon ventre aussi, ça va. Il faut bien que l'être humain connaisse la douleur, sinon il ne ferait que des erreurs.

- Athéna, tu ne vas pas bien. Je ressens tout ce qu'il se trame dans ta tête, dans ton cœur. Laisse moi apaiser quelques unes de tes souffrances.

- Je sais qu'on ne peut pas dire que je traverse une bonne passe. Mais ça va. Le seul fait de t'avoir avec moi me rassure. Je sais qu'on peut faire de grandes choses ensemble. Sans avoir besoin de cacher les problèmes sous le tapis.

Il y eut un silence. Lara était peut être en train de sonder le fin fond de mon âme pour y trouver de la douleur, mais je pensais tout ce que j'avais dit. Je ne voulais pas vivre dénuée de souffrance et de mémoire. Je devais toujours me rappeler. Toujours. Ce que ça fait d'être lâche.

- Ce n'était pas de ta faute...

- Revenons en au fait, la coupai-je dans mon propre esprit.

J'essayais moi même de me remémorer quels étaient les faits.

- Bellamy ? questionna innocemment Lara pour me mettre sur la voie.

Ah oui, Bellamy.

- Tu penses que c'est une bonne idée d'aller vivre chez lui ?

- Oui, c'est tout de même plus sûr.

Elle avait répondu du tac au tac. Je souris et me mis à parler à voix haute dans mon appartement :

- C'est surtout parce que tu vas pouvoir vivre avec Cyan à tes côtés.

- Ce...ce n'est pas la raison officielle.

Son hésitation me fit rire :

- Avoue !

- Et toi, c'est quoi cette histoire de Nuage d'Argent ?

Je me renfrognai, elle m'avait piégée.

- C'est juste un restaurant.

- Et tu as accepté d'y aller avec le gamin aux yeux de biche !

- Tu devrais plutôt me demander si c'est beaucoup fréquenté et me dissuader d'y aller au risque de me faire attraper, et toi avec.

L'ANTI-HÔTE [Partie 1] Where stories live. Discover now