Just teens InLove

- 13 - Penny

J'entre dans la grande, non, dans l'immense maison, accrochée au bras d'Alessio.

Si j'ai cédé? Totalement. Est-ce que cela fait de moi quelqu'un de faible?

Le changement d'ambiance avec l'extérieur est radical et j'ai l'impression de suffoquer sur le coup.

~

Je pousse la porte de la maison et tombe immédiatement sur un bain de foule. C'est la fête d'entrée en troisième et pourtant j'ai l'impression que tout le monde agit comme si c'était déjà la fin de l'année.

La musique est forte, beaucoup trop forte, et malgré la taille plus que considérable du bâtiment, le sol du salon n'est plus perceptible à cause de la densité de personnes agglutinées.

– Je vais à la cuisine! lance brusquement Dan qui m'avait talonné à l'intérieur.

– Non Dan!

Il ne m'écoute pas et se faufile à travers les corps, me laissant seule à quelques mètres de l'entrée.

Je reste immobile de nombreuses secondes, déçue de voir que celui que j'ai réussi à ramené à la soirée alors qu'il ne devrait pas y être en raison de son année de moins, venait de me lâcher salement.

Pourtant la déception n'est pas uniquement envers mon meilleur ami mais aussi dans la constatation que je n'ai strictement aucun repère lorsqu'il n'est pas là.

Je me décide finalement à faire quelque pas pour m'insérer dans la pièce devant moi et dans l'optique de peut-être trouver un siège libre. Et malgré l'assurance que j'essaye de donner à ma démarche, chacun de mes pas est plus pesant que le précédent.

La présence de Dan n'est pas un simple repère, elle m'aide aussi à me faire oublier qu'une partie des gens ne m'aiment pas sans même m'avoir adressé la parole.

– Pardon, je continue de m'excuser en jouant des coudes.

J'ai l'impression d'étouffer dans la foule mais le coin au calme dans mon champ de vision maintient ma motivation à avancer.

Alors que j'y suis presque je sens ma nuque se tordre et m'emmener violemment vers l'arrière. Je perds tout équilibre et m'écrase sur le sol sous des ricanements anormalement proches de mes oreilles. Une main empoigne ma tresse et malgré mes tentatives pour m'en débarrasser, je me fait tout de même traîner sur plusieurs mètres.

Mon premier réflexe est de me débattre mais ça ne sert qu'à empirer la douleur qui fuse dans mon échine. Les rires ne s'arrêtent pas et je sens plusieurs regards d'incompréhension ou moqueurs dans ma direction.

Lorsque l'on m'arrête enfin je me rends compte que j'avais oublié de respirer et manque de m'étouffer seule sous le regard des responsables de mon état. Tout en reprenant mon souffle, je lève les yeux et regrette immédiatement mon geste lorsqu'ils se posent sur les Jacks et Luka.

– Bon retour parmi nous, salope.

Les Jacks sont mon cauchemar éveillé depuis la grande section de maternelle et il m'arrive de me demander comment j'ai tenu jusqu'ici. Ces deux garçons inséparables et qui portent le même nom font de ma vie un enfer depuis l'enfance. Ils ne sont pas les seuls certes, mais ils ont été les premiers, sûrement les éléments déclencheurs de la vague de haine. Mais surtout ceux qui frappent le plus fort.

Jack Brian, le blond aux yeux verts, tend sa main vers Luka, le nouveau du groupe, pas plus intelligent et pas non plus plus emphatique. Celui-ci pousse un soupir en sortant un billet de cinq dollars qu'il plaque dans sa main.