38. Théâtre

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Cette histoire est pour Charles, écrivain et lecteur Wattpad... avec un clin d'œil amical !

Je retrouve le groupe de préparation d'un théâtre itinérant sur Charles de Foucauld. L'acteur, Jean Winiger, a écrit lui-même la pièce et est seul sur scène pendant une heure trente. C'est un grand défi ! Un percussionniste recrée l'ambiance du désert avec des bruitages et des sons étonnants : il arrive même à nous faire entendre la « musique » d'un cactus !

Charles de Foucauld s'est passionné pour le Maroc et l'Algérie. Voici ce qu'en dit Jean Winiger :

« Une aventure spirituelle et humaine fascinante... Le vicomte Charles de Foucauld, riche, jeune indiscipliné, athée, officier de cavalerie, explorateur, géographe, linguiste, puis moine cistercien, prêtre, ermite au Sahara, marabout chrétien des Touaregs, frère universel, toujours en quête de sens, de vérité, d'authenticité et d'absolu. Il voulait des compagnons, il mourra dans la solitude. Il a cru apporter l'Évangile aux Musulmans, il a été assassiné par l'un d'entre eux. Il pensait que la France apporterait les lumières de la civilisation au Maghreb, elle en sera expulsée. Mais frère universel il reste à jamais. Un précurseur silencieux, une voix dans le désert ? ''Il tient une place essentielle dans l'ordre du monde '' ».

Après la répétition générale, nous nous retrouvons pour échanger nos impressions. C'était un peu long, il y a des choses à améliorer bien sûr, mais ce qui est clair, la vie et le message de Charles de Foucauld ne laissent personne indifférent.

J'écoute Claude raconter ses impressions. Claude est un Père blanc (dit aussi « missionnaire d'Afrique ») qui a vécu autrefois en Algérie.

« Aux Touaregs, je leur dois tout. Je leur dois la vie. »

C'est cette phrase du spectacle qui m'a touché. En 1908. Charles de Foucauld a failli mourir. Il avait distribué toutes ses vivres aux pauvres autour de lui. Il n'avait plus rien à donner. Malade du scorbut, il était très affaibli et pensait qu'il allait mourir. En cette période de grave sécheresse, les chèvres elles-mêmes étaient très amaigries. Les Touaregs ont cherché partout un peu de lait de chèvre pour Charles. Ils lui ont sauvé la vie.

Et à moi aussi, ils m'ont sauvé la vie ! Quand j'étais en Algérie, j'ai été piqué à la main par un scorpion jaune. Ce sont les plus dangereux. On peut mourir en une demi-heure. Une fois, quand j'étais en Afrique noire, j'avais été piqué par une mouche tsé-tsé tout près de la carotide. C'était très dangereux aussi. Et ça fait vraiment mal. Mais alors, le scorpion jaune !!! Terrible ! Le chamelier n'a pas hésité. Il m'a fait un garrot, puis il a pris une vieille lame de rasoir toute rouillée... J'ai pensé : « Si je m'en sors, je vais avoir le tétanos ! » Il a entaillé mon pouce - j'ai encore des cicatrices -, le sang coulait... Il m'a dit : « Tu es sauvé. » Oui, il m'a sauvé la vie ! Il a emballé mon pouce et ma main dans un chiffon tout sale. Après, c'est une infirmière française qui a désinfecté la plaie : je n'ai pas eu le tétanos... mais avec son désinfectant, elle n'aurait rien pu faire contre le venin du scorpion !

Claude est tout bouleversé. Le théâtre a réveillé en lui ce souvenir d'autrefois. Le théâtre a ce pouvoir de faire surgir en nous souvenirs et émotions...

Je repense à ce moment où Charles de Foucauld a été sauvé par les Touaregs. C'est un grand tournant dans sa vie : il était habitué à donner, il apprend à recevoir. Ce n'est plus lui qui se montre frère, ce sont les Touaregs qui l'accueillent et le sauvent comme un frère, comme un des leurs. L'amitié devient plus vraie, une amitié faite d'égalité, car c'est lui qui a besoin des autres. C'est une vraie conversion.

Le pape François fait souvent référence à Charles de Foucauld qu'il a canonisé le 15 mai 2022. A la fin de son encyclique « Fratelli Tutti », il écrit :

« Je voudrais terminer en rappelant une autre personne à la foi profonde qui, grâce à son expérience intense de Dieu, a fait un cheminement de transformation jusqu'à se sentir le frère de tous les hommes et femmes. Il s'agit du bienheureux Charles de Foucauld.

Il a orienté le désir du don total de sa personne à Dieu vers l'identification avec les derniers, les abandonnés, au fond du désert africain. Il exprimait dans ce contexte son aspiration de sentir tout être humain comme un frère ou une sœur, et il demandait à un ami : « Priez Dieu pour que je sois vraiment le frère de toutes les âmes [...] ». Il voulait en définitive être « le frère universel ». Mais c'est seulement en s'identifiant avec les derniers qu'il est parvenu à devenir le frère de tous. Que Dieu inspire ce rêve à chacun d'entre nous. Amen ! »

 Amen ! »

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Petites histoires du quotidienWhere stories live. Discover now