Chap 63 : Jill & Gall

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    La tête contre la vitre de leur véhicule, Jill fixa avec tranquillité le ciel bleu azur qui filait jusqu'à l'horizon.

Elle n'avait plus ressenti cette sensation de liberté depuis bien longtemps. À force de fuir les autres, de se méfier de tout le monde, de suspecter chaque habitant, chaque passant croisant sa route, de vivre dans la suspicion et dans le doute, ils s'étaient reclus chez eux.

Cela avait été leur choix pour sortir la tête hors de l'eau, pour survivre à cette tornade dévastatrice qui avait saccagé leur vie. Certes, un choix de survie, mais un choix lourd de conséquences qui isole et qui sépare.

Maintenant, ils devaient réapprendre à vivre normalement. Ils espéraient retrouver de nouveaux repères pour se reconstruire et pour s'ouvrir aux autres.

À cet instant, ils s'éloignaient de la ville qui les avait rendus à la fois heureux et malheureux. Ils quittaient leurs souvenirs, leurs soupçons et leurs déceptions. La tristesse allait peut-être encore les suivre, mais ils espéraient la semer au plus vite.

Le cauchemar resterait là-bas, loin derrière eux, retenu par les branches crochues des arbres de leur jardin.

Jill se sentit soulagée de partir loin, de filer vers l'inconnu afin de laisser de côté ces années désastreuses.

Elle sentit la main apaisante de son mari serrer la sienne. Lui aussi voulait avancer, lui aussi voulait survivre.

Lorsqu'elle scruta le ciel, elle ne put s'empêcher de réaliser que la réponse à toutes leurs questions était certainement là-bas. La réponse avait peut-être toujours été sous leurs yeux. Celle-ci devait bien exister quelque part, mais où ?

-Ça va Jill ? finit par demander Gall.

-Je crois.

-À quoi penses-tu ?

Elle tourna les yeux vers lui, leurs regards s'accrochèrent.

-Tu crois qu'un jour on sera de nouveau heureux ?

-On va essayer.

-Je crois que j'ai enfin compris quelque chose d'important.

-Quoi donc ?

-J'ai compris qu'on ne doit plus ignorer l'évidence.

-Quelle évidence ?

Il lui jeta un rapide coup d'œil, interloqué.

-On ne saura jamais, Gall. On ne saura jamais.

On ne saura jamaisWhere stories live. Discover now