Chap 16 : pdv Chelsea (passé)

134 30 25
                                    

   J'attendais mon amie Hailie devant le bâtiment comme chaque mercredi. Étonnement, je me sentais anxieuse. Anxieuse de devoir sans cesse m'adapter à son comportement imprévisible. Je ne pensais pas qu'un jour je serais stressée de retrouver ma meilleure amie. Ce n'était pas logique de ressentir ça. Cette sensation désagréable de ne plus rien contrôler entre elle et moi me perturbait.

Pourtant, je savais que je devais être patiente avec elle, mais c'était compliqué pour moi. Elle était si différente d'avant.

J'espérais la voir sourire comme avant. Elle se serait jetée sur moi en riant, si heureuse de me retrouver. Si spontanée. 

Mais lorsque je l'aperçus sur le trottoir, je compris directement que ce ne serait pas pour aujourd'hui, les blagues et les fous rires. Son visage était grave et lorsqu'elle croisa mon regard, je sus directement qu'elle n'allait pas bien.

Encore.

Je savais que c'était moche de penser ça d'elle, mais depuis un moment, elle n'allait plus jamais bien. C'était sans répit. Elle déprimait vraiment et tout avait l'air d'aller de travers dans sa vie. Je ne la reconnaissais plus. En fait, ma meilleure pote me manquait. Je réalisais que c'était égoïste de penser ça, mais je préférais la Hailie d'avant plutôt que celle qu'elle était devenue.

-Tout va bien ? demandai-je à contrecœur. 

Je n'avais pas vraiment envie qu'elle me raconte ce qui n'allait pas, mais ne pas lui demander était impossible. J'avais conscience qu'elle allait mal et qu'elle avait envie de se confier à moi. Parfois, j'avais l'impression qu'il n'y avait plus qu'elle qui parlait. Certes, elle vivait des moments difficiles, mais j'avais aussi une vie et j'avais aussi envie de partager des confidences avec elle.

-Non, ça ne va pas.

-Qu'est-ce qui se passe ?

-Je devais parler à ma mère, mais je ne l'ai pas fait.

-C'est si grave que ça ? De quoi devais-tu lui parler ?

Elle leva les yeux au ciel.

-Tu le sais très bien. Tu écoutes quand je te parle ou quoi ?

-Toujours ces mêmes histoires, c'est ça ?

-Chelsea, tu pourrais un peu me soutenir.

Je soufflai pour ne pas m'énerver contre elle. Je n'arrêtais pas de l'écouter depuis des mois au sujet de sa mère et de son grand-père. Je fulminai intérieurement.

-Je ne fais que ça depuis des mois, mais désolée Hailie, j'ai seize ans et j'ai aussi envie de m'amuser et de rire avec ma meilleure amie.

Hailie me dévisagea sans répondre.

-Pas toi ? insistai-je.

-Non pas vraiment.

-Pourquoi tu dramatises tout ? Est-ce que ta mère est si horrible que ça avec toi ?

-Tu sais très bien que c'est plus compliqué ça.

-Tout est toujours compliqué avec toi, justement.

Je savais que je l'avais blessée en étant honnête avec elle, mais tant pis, je ne savais plus faire semblant. J'avais envie qu'on profite de la vie ensemble, qu'on s'amuse comme avant.

Elle eut soudain envie de pleurer. Ses yeux humides la trahirent. Alors, j'essayai de me calmer. Je devais rester patiente avec elle. Elle irait sûrement mieux demain ou un autre jour.

-Tu lui parleras plus tard à ta mère, pas vrai ?

-Je pensais le faire samedi.

-Et bien voilà, tu ne dois plus t'inquiéter.

-Mais j'avais promis à Birdie de le faire plus tôt.

-Birdie ne va pas t'en vouloir pour quelques jours de retard.

-Tu penses qu'elle ne me trouvera pas lâche ?

-Mais non. Pourquoi penserait-elle ça de toi ?

Hailie haussa les épaules.

-Je suis sûre que lorsque j'aurai avoué à ma mère ce que j'ai sur le cœur, j'irai mieux. Désolée d'être aussi pénible parfois.

-Bien sûr que tu iras mieux et l'on ira fêter ça au centre commercial. Ça te plairait ?

-D'accord.

-Allez, va danser ! Cela te fera du bien !

-Merci Chelsea de me supporter.

Hailie se mit à rire, timidement. J'étais contente d'avoir su lui remonter le moral, mais pour combien de temps irait-elle mieux ? Elle voyait tout en noir alors que sa vie n'était pas si mal que ça. 

-Tu m'attends après le cours, comme d'habitude ? demanda-t-elle en tournant les talons.

-Bien sûr, m'écriai-je en me rendant à mon cours de solfège.

Je faillis la rappeler pour m'excuser pour mon mauvais caractère. Je savais que ces derniers temps, je n'étais pas toujours tendre avec elle mais je ne le fis pas. Peut-être que la bousculer comme je le faisais la ferait réagir ?

Hailie me fit un dernier signe puis disparut dans le bâtiment, son sac violet sur le dos.




********

Si vous aimez cette histoire, n'hésitez pas à vous abonner à mon compte. Merci à ceux qui le sont déjà. 

Anne Emilie.

On ne saura jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant